Les vieilles et les vieux doivent descendre dans la rue.

À 96 ans, quand Janette Bertrand prend la parole, c’est pour mobiliser les vieux. Elle veut les voir prendre la rue. Imaginez. Que dire des États généraux des vieux qu’elle propose afin de savoir et faire savoir ce qu’ils veulent. Il ne faut pas laisser aux élus et leurs gouvernements ainsi qu’aux fonctionnaires devant leurs bureaux le soin de décider du sort des vieux.

Que les vieux prennent leurs vieilles casseroles tout usées et les tambourinent dans la rue comme le font tant d’autres, je pense aux Acadiens, pour faire connaître leurs attentes et leurs besoins ! C’est là une image qui porte à sourire ! Pourtant qui mieux que les personnes âgées peuvent le mieux comprendre et connaître ces besoins ?  Outre le 10 % des vieux qui subissent le sort de la démence, ils sont beaucoup plus nombreux, que dis-je une armée, de vieux intelligents et bien articulés qui peuvent exprimer leurs besoins.

Comme l’affirme Janette Bertrand, il n’y a personne autant que les vieux eux-mêmes pour décrire les services gouvernementaux et sociétaux qui leur siéent. Ces vieux vaquent, pour ce faire, à leurs occupations quotidiennes, souvent malgré les maux qui les affligent tellement, dans leurs maisons ou appartements.

Socialement, on y recrute  un régiment de milliers de bénévoles dans toutes les sphères de la société. Combien d’organismes communautaires, qui se vouent aux plus démunis, n’existeraient tout simplement pas sans le vrai bénévolat de ces vieux qui en ont connu toutes les facettes durant une longue vie.

Et pourtant, ce sont ceux-là qui sont les laissés pour compte des citoyens.

Un certain nombre d’entre eux, soit une parcelle importante de ce segment de la société, réussit à s’organiser d’une façon autonome, envers et contre tous.

D’autre part, il ne faut pas oublier l’autre parcelle qui se déplace quotidiennement avec une canne, une marchette, un fauteuil roulant ou autres instruments et qui peinent à circuler sur la voie publique, à atteindre nos édifices et à se mouvoir dans les minuscules logements qu’ils habitent. Et ceux qui périssent dans les CHSLD. Peut-on imaginer leur sort.

Heureusement que certains peuvent profiter de la grandeur d’âme d’un proche aidant, qui sacrifie une partie de son « bien-être », au service de ceux qui sont les moins choyés.

Comment être indifférent à ces êtres humains de ma génération qui ont bâti par de durs labeurs cette société actuelle si prospère dont on profite allégrement. Et qui, par leurs sacrifices permanents, ont éduqué tous ces citoyens qui ont appris à s’y développer pour accéder à leur bonheur personnel.  Quel sort réserve-t-on à ces généreux vieux ?

Parce qu’ils ont vécu le cycle des années moins prospères, les économies sont presque absentes, sinon vraiment absentes. Les émoluments de sécurité de la vieillesse que verse le gouvernement fédéral les maintient dans la pauvreté abjecte.

Cette pension fédérale est aussi versée aux plus riches de notre société qui ne savent qu’en faire et qui en retournent la moitié par leur impôt au gouvernement. La fameuse pension fédérale veut être égale à tous, mais elle est injuste. Que penser d’un versement ajusté selon les revenus ? Évidemment, les plus riches qui n’en ont pas besoin n’en recevrait pas. Ce qui permettrait aux plus pauvres de recevoir des émoluments plus généreux.

Bien sûr, ce serait aller à l’encontre de la théorie de l’universalité, mais en instaurant une justice à l’égard des vieux qui sont pauvres. Une méthode qui ne coûtera aucun sou supplémentaire au gouvernement. Une vieillesse plus confortable grâce cette formule. Les plus riches ne pourront que l’approuver !

Et cette vieillesse commence à 65 ans, quand commence la pension fédérale, et, non à 75 ans. Les fonctionnaires et les élus du Fédéral privilégient la nouvelle norme de 75 ans pour réduire les sommes allouées au budget. Alors que les vrais besoins commencent même avant 65 ans.

N’est-il pas juste qu’une société juste traite avec magnanimité autant sa jeunesse que sa vieillesse ?

Des milliards seront attribués à la petite enfance. Une priorité de ce gouvernement !

Combien de milliards pour la vieillesse ? On alloue un chèque de 500$ et une augmentation de 10% pour les plus de 75 ans les plus pauvres. Et les autres ? Les moins de 75 ans ?

Nos gouvernements ont trouvé subrepticement de l’argent, des milliards de dollars, pour les jeunes et pour la violence conjugale. On construira, bien sûr, des immeubles modernes pour les riches mais inadéquats pour améliorer la vie quotidienne des 65-77 ans plus pauvres, rien.

Il y a tellement d’argent versé à la jeunesse  afin de s’assurer qu’elle puisse devenir des adultes aptes à apporter leurs contributions à la société, mais qu’adviendra-t-il quand ces jeunes atteindront la vieillesse ?

Ces futurs adultes vivront probablement dans une société plus prospère que leurs aïeux. Et leurs économies, s’il y a, leur permettront possiblement d’être à l’abri de la pauvreté. Les pauvres feront toujours partie du peuple avec des besoins toujours évidents.

Une majorité de vieux aujourd’hui traîne la patte et termineront leurs jours dans la souffrance et la pitié. Selon les statistiques, ils seront de plus en plus nombreux .

Finis ces jours lointains où les vieux trouvaient refuge chez les plus jeunes. Où ils aidaient à la maisonnée. Où ils vivaient et aidaient la société si n’est que les Cercles des fermières, etc. Ils n’avaient cure de la pension inexistante.

Aujourd’hui pour les plus chanceux, ils vivent la solitude ou la vie trépidante des résidences luxueuses. Ils vivent leurs activités avec leurs pareils aussi longtemps que leur autonomie le leur permettra. Mais où  iront ces derniers quand la vie leur retira la santé autonome. Ils ne pourront demeurer dans ces demeures luxueuses, peut-être dans de luxueux CHSLD, certainement pas dans les familles.

Ils ne seraient pas ridicules de tambouriner sur des casseroles, de descendre dans la rue pour rappeler à la société que la justice n’est que d’un côté de la médaille. Que la parole appartient aussi et surtout aux vieux et qu’il faut les écouter.

En somme, il nous faudrait plusieurs Janette Bertrand.

CLAUDE BÉRUBÉ

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