21 juillet 2024
Ma compagne Diane insistait pour assister à ce spectacle présenté à La Baie, voisine de Chicoutimi, maintenant devenue la grande ville de Saguenay. 5 heures de route pour s’y rendre. À faire en étape quand cette compagne souffre d’une dystrophie musculaire.
Mais quel est le secret que recèle le spectacle de la FABULEUSE HISTOIRE DU ROYAUME pour attirer autant de spectateurs depuis 37 ans. Selon un sondage, 80 % de l’auditoire vient de l’extérieur du Saguenay et même du pays. Ils sont 2500 personnes à assister à chacune des représentations.
Plus de 150 personnes animent la scène dont 90 % sont des citoyens bénévoles. Des enfants de 7 ans et des vieux de 85 ans évoluent dans cette histoire. Ça fait du monde sur les tréteaux du Palais Municipal de La Baie.
Le ROYAUME, c’est le Lac Saint-Jean, le Saguenay et Charlevoix, un immense territoire où des événements ont coloré l’histoire de ce coin du Québec et marqué le Québec dans son ensemble. On y raconte autant l’arrivée de Jacques Cartier que les conquêtes des planètes comme la lune.
Deux heures à rester assis au bord de son siège, en haleine, à s’émerveiller devant une chorégraphie endiablée, minutieuse, époustouflante et géniale, car le metteur en scène doit être un génie pour réaliser les déplacements impeccables de cette armée d’acteurs.
Une inspiration littéraire et féconde a certes manipulé le génie de l’écrivain qui en a pondu ce texte, que dis-je, ces textes qui ont créé de si nombreux personnages. Sans négliger la narration intelligente dite par un comédien de talent revêtu d’une voix attachante. Les personnages ont mimé les textes préenregistrés de telle sorte qu’il était facile d’entendre et comprendre les propos et ainsi de suivre l’action.
Le décor, lui aussi génial, a soutenu tous les événements racontés par l’auteur. Parfois ce sont les chutes d’eau qui semblaient on ne peut plus réelles. D’autres fois, ce sont des falaises de rochers qui dominaient la scène. Par la suite une panoplie de maisons saupoudrées dans la montagne et toutes illuminées quand la noirceur fut venue.
Les saisons et les couchers de soleil s’enchaînaient sous les éclairages bien conçus et l’ambiance qui s’en dégageait gagnait les émotions de l’auditoire dont nous faisions partie.
Le rythme endiablé d’un tableau qui représentait une soirée d’un réveillon a fait soulever l’assemblée présente, y compris nous, comme pour unir la foule avec la fougue que dégageait la centaine de personnages sur la scène. Noël était au rendez-vous.
Puis ce fut la noirceur totale. Les explosions de bombes lançaient des éclairs qui permettaient d’entrevoir des chars d’assaut et des régiments de belligérants armés qui affrontaient l’ennemi. Grâce à des câbles, des soldats glissaient du toit pour envahir le terrain et d’autres, équipés comme de vrais soldats, surgissaient de l’arrière de la salle pour envahir la scène. Quelle démonstration pour évoquer la Deuxième Guerre mondiale !
Une vraie musique de cinéma soutenait chaque évocation dramatique. Le directeur musical, un dénommé Asselin, le même depuis 37 ans, reçut le soir même la Médaille de l’État du Québec de la main de la ministre pour son apport à cette histoire fabuleuse et qui a permis l’évolution d’une belle carrière. Cet homme se déplace maintenant des deux côtés de l’Atlantique pour apporter la contribution de son talent.
Les nombreux tableaux se sont succédés à un rythme rapide et nous ont racontés les péripéties multiples de cette histoire qu’ils ont correctement baptisé la « fabuleuse ».
Plus de deux heures d’enchantement et d’émerveillement ! Un ravissement ! Le meilleur spectacle qu’il m’ait été de voir au Québec ! Inutile d’écrire que j’ai déjà assisté et applaudi moult grandes productions fascinantes dont le Québec connaît le secret.
La « Fabuleuse histoire du Royaume » justifie le déplacement d’une aussi grande distance. Quelle belle occasion d’apprendre l’Histoire de cette région et de son apport à notre Histoire. Il se fait des choses d’envergure même dans les régions éloignées. Le talent ne s’exprime pas seulement à Montréal et à Québec. Bravo aux Saguenéens.
Claude Bérubé