2 septembre 2024
Une nouvelle génération de vieux vient de surgir : toutes ces années ajoutées que nos parents n’ont pas connue. Cette nouvelle génération a peut-être encore 10 à 15 ans à vivre de plus que la précédente. L’espérance de vie atteint maintenant 84 ans. Elle était à 72 ans, il n’y a pas si longtemps. Et pour couronner ce gâteau, un plus grand nombre de centenaires dont plusieurs sont encore actifs se joignent à la cohorte comme pour défier le temps.
Ce nouveau peloton refuse de s’appeler vieux. Le déni de la vieillesse ainsi que de la mort est présent chez eux et les rend invincibles par le fait même. Le mot vieux ne s’emploie que pour ceux-là dont la santé est sénile et handicapée. On a choisi le mot aîné auquel s’identifier, un mot qui n’a aucune affinité avec la vieillesse.
Malgré les bobos de p’tits vieux qui les escortent, la santé et une meilleure hygiène les accompagnent. Comme un bonus tombé du ciel, ils sont actifs, pleins d’énergie, autonomes, plus aventuriers, avec une intelligence vive. Ils choisissent de se regrouper entre aînés dans des résidences pour personnes âgées, soit avec des gens qui répondent à leurs nouveaux appétits de vie et à la possibilité de créer un nouveau réseau d’amis aux aspirations similaires.
Ces vieux -aînés inventent la vie avec de nouvelles visions, car l’espérance d’une vie, possiblement longue, se déroule comme un tapis rouge devant eux. Il est tout de même curieux que la vie familiale y soit plus restreinte et n’amène que peu de visiteurs. De nouveaux couples s’y créent devant cette… éternité.
Pour cette nouvelle génération, l’âge n’est pas un intérêt vital entre eux de telle sorte qu’il est absent de leurs relations.
De plus, pourquoi ne pas retourner au travail quand ils connaissent très bien cette activité où ils ont excellé durant de nombreuses années et dont ils rêvent encore ?
À ceux-là, se greffent ceux qui recherchent une intensité réduite de la performance après une période de repos ou vacances, manifestée par une période de retraite bénéfique.
Alors pourquoi n’est-il pas normal pour eux que de rechercher un choix de tâches exaltantes ou des activités bénévoles enrichissantes qui respectent la découverte de cette nouvelle vie impromptue ?
Cette sélection de tâches peut prendre la forme d’une jobine de deux jours, des cours de peinture ou de tricot, une ou deux parties de golf au grand air, la pratique de ski sur des pentes entourées du plus beau décor, les randonnées-découvertes en vélo, à cette évocation peut s’ajouter une page de bénévolat auprès des miséreux, des organismes locaux ou communautaires, et que dire d’une séance de cinéma par semaine, de parties de cartes et la poursuite de quelques téléromans à la télévision.
Le temps roule et se déroule sans arrêt. Le temps viendra à manquer pour visiter les amis ou profiter d’une partie de pêche.
À la fin de la semaine, on s’exclamera : « Où trouverais-je le temps d’occuper mes journées comme à l’époque du travail ? Je n’ai plus de temps à ma disposition, et je ne vois pas le temps passer ».
La valorisation de pratiquer des activités qui affiche notre identité comme à l’époque du travail est évidemment moins glamourisante. Car à cette époque pas si lointaine, notre emploi ou notre fonction nous conférait un statut, parfois un « glamour ». On disait : «Je suis notaire, banquier, camionneur, serveur, coiffeur, menuisier, comptable, restaurateur, garagiste », ou une panoplie d’emplois sans fin avec un contentement à la commissure des lèvres.
Faut-il se rappeler une période plus lointaine dans notre Histoire où l’on était baptisé du nom de son métier comme Meunier, Chevalier, Boucher. Notre nom titularisait notre statut comme les longs noms aristocratiques. C’était il y a longtemps ! Il ne faut pas le nier, le métier que nous avons accompli tout au cours de notre vie a contribué à bâtir notre identité. Mais aujourd’hui, nous n’avons plus rien à prouver.
Hé oui ! Cette nouvelle génération de vieillesse, qui s’ajoute, dont nous profitons allégrement, nous permet de vivre des émotions. Et même plus, elle nous permet d’accéder à bien des rêves que nos ancêtres n’ont pas eu le temps de réaliser.
Je ne voudrais pas reléguer aux oubliettes tous les éclopés, les personnes handicapées et les malades mentaux qui ne peuvent jouir des journées de plus qu’offre la nouvelle espérance de vie que j’appelle la nouvelle génération. Il importe aux bien-nantis qui profitent de cet ajout à la vie d’accorder du temps et de prendre soin de ces personnes traumatisées qui elles souffrent et ne profitent pas de cette adjonction.
L’espérance de vie apportera-t-elle de nouvelles générations dans le futur ? Ou y aura-t-il une fin ? L’immortalité est-elle au programme ? Où avons-nous atteint le bout du chemin ? La vie se pare toujours de surprises.
Claude Bérubé
Comentaires tres adequats Merci