Pourquoi la religion fout-elle le camp ?

Je me souviens dans mon jeune âge avoir été éduqué dans la religion catholique comme tous mes concitoyens. Comme vous, peut-être, qui me lisez. Ma mère avait souhaité me voir devenir prêtre pour sauver son âme, me disait-elle.  C’est dans la vingtaine que j’ai senti refroidir cette allégeance religieuse, comme bien de mes compatriotes. Vers 1960. Le clergé et l’Église catholique perdirent leur dominance sur la société québécoise, et les églises commencèrent à se vider. Qu’est-il survenu au Québec ? Je n’étais certainement pas un cas exceptionnel.

La publication de Statistiques Canada indique que 80% des répondants québécois mentionnent qu’ils sont catholiques. Ce qui semble contradictoire à moins que ces derniers veuillent souligner qu’ils sont catholiques mais…non pratiquants. Ce qui explique la désertion des églises et des rituels de cette religion.

Dans la case athée de cette publication gouvernementale, l’augmentation est évidente mais faible. Quand j’interroge les athées que je connais sur les valeurs qui les concernent, ils font mention de l’amour des autres et le respect des humains. En somme, les valeurs catholiques continuent de couler dans leurs veines. Seul Dieu est absent de leur vie ainsi que toutes références à une Église et ses règles.

En ce qui me concerne, en refusant de cocher la case athée, je n’avais pas le choix que de cocher la case catholique. Comme les autres du fameux 80% qui s’identifient erronément comme tel. Car, il n’y pas de case pour les répondants comme moi. À moins de choisir la case autre avec les Raéliens, les Témoins de Jehovas, les moonistes, les dianéticiens et autres sectes. Ce que je ne souhaitais pas.

En somme, qu’elles sont les questions existentielles qui m’ont envahi pour que je n’y trouve plus l’étincelle de cette foi de ma jeunesse et les raisons de ma métamorphose.

Ma spiritualité a emprunté une tout autre route. Aujourd’hui, j’ai 82 ans. Toute une longue vie où j’ai réfléchi et cherché. Ce que j’ai bouquiné pour remplacer cette perte religieuse.

 L’hindouisme, l’islam, le bouddhisme, le confucianisme, le protestantisme, le judaïsme et tant d’autres religions ont fait partie de mes recherches pour n’y trouver aucun ancrage, aucune symbiose.

Le philosophe en moi a tenté de comprendre les méandres de ma pensée en consultant les écrits de tant de célèbres philosophes qui ont marqué notre Histoire, d’aussi loin que l’Antiquité. Pourtant, je ressentais en moi un mysticisme, une spiritualité inquiète.

Ma conversion a commencé quand ce somptueux sanctuaire en marbre lisse et précieux près de chez moi eut besoin d’une réfection. Les pauvres du voisinage furent largement sollicités financièrement et mis à contribution pour ce faste projet. Quelle injustice.

Ajoutons à cette première indignation celle qui suit.

Tout autour du temple s’alignait un chapelet de boutiques que tant d’objets religieux pavoisaient pour la convoitise des pèlerins. Combien de fois j’ai revécu la sainte colère du Christ qui a expulsé les vendeurs du temple.

Une fois marié, je me suis demandé pourquoi on sacralisait la conception immaculée de Marie. Pourquoi fallait-il que la mère de Jésus soit vierge ? Pourquoi avoir exclu Joseph, le mâle, d’une paternité ? La relation procréatrice représentait-elle un processus dégradant ?

De plus on présente toujours Marie comme la mère de Dieu. Comment cette humaine peut être la mère d’un Dieu qu’on déclare monothéiste et éternel. Le doute concernant ce dogme et ceux que je vais vous raconter s’installa en moi.

Pourquoi parle-t-on d’une religion monothéiste alors qu’on célèbre la Sainte Trinité ? Un autre dogme que le roi Constantin, cent ans après J.C, institua dans son royaume et qui entraîna un grand schisme.

Pourquoi dois-je invoquer Jésus pour intervenir auprès du père ? Ne font-ils pas un ? Un autre doute.

Ne demande-t-on pas aux catholiques d’avoir une foi dogmatique en l’infaillibilité du pape ? Quand on constate l’œuvre, les décisions et le rôle joué par bien des papes, faut-il croire que c’est la juste vision de Dieu. Un autre doute.

Combien de schismes sont nés de ces visions ? Comment se référer à une bible qui nous présente un Dieu colérique, vengeur et ostentatoire ?

Beaucoup croient en ce personnage divin à la grande barbe qui décide de notre destin.  Je ne peux croire en un personnage aussi machiavélique pour programmer le destin des pédophiles, des pervers, des tueurs et de ces horribles violeurs qui agressent des vies humaines.

Comment croire en ce personnage patriarche qui ordonne l’Univers, qui s’occupe des petits bobos de chacun comme un chef d’orchestre ?

Comment se déclarer catholique quand on ne croit plus aux grands principes dogmatiques à la base de la constitution de l’Église ?

Je poursuis donc mes recherches ci-haut mentionnées pour aboutir à une philosophie et non à une religion.

Dorénavant, je crois en une puissance divine, éternelle, non palpable, à l’exemple d’un gaz qui enveloppe l’Univers.  Ce gaz déïfié se matérialise pour devenir des planètes, des astres, des étoiles, des soleils, des lunes qui naissent et disparaissent pour faire place à d’autres. Chacune a ses particularités. Comme la terre où la vie prend forme et évolue au rythme de milliards d’années.

Pour moi, « tout est Dieu et Dieu est tout ». On appelle ça le « le panthéisme ».  Je suis donc une partie de Dieu, comme vous qui me lisez. Dieu c’est l’âme qui m’habite, Dieu c’est la faune, c’est la flore, ce sont les montagnes, les rochers et les océans. Une puissance cosmique qui est donc partout et éternel. L’Univers n’a jamais commencé et ne finira jamais. Il est partout et sans fin. Il n’est pas entouré par le néant qui n’existe pas. « Du néant, rien ne peut naître », déclara Socrate.

Bien sûr que j’ai jonglé à tout cela. Et je me suis aperçu que je n’étais pas le premier ni le seul à croire à cet Univers mystique. Nous sommes nombreux à croire en ce Dieu cosmique, et cela, depuis longtemps, très longtemps. J’ai même découvert qu’Einstein a cru à ce même Dieu cosmique que moi.

Il y a plusieurs courants de pensée dont particulièrement deux.  Certains disent qu’un Dieu extérieur a créé l’Univers qui disparaîtra dans un avenir lointain, et d’autres soutiennent que l’Univers a toujours existé et existera toujours, qu’il est partout et sans fin et qu’il n’y a pas de Dieu.

Et moi qui crois que le Cosmos dont nous faisons partie est la matérialisation de Dieu, donc Dieu lui-même.

Pour répondre à la question de mon titre. Je doute que les religions comme structures foutent le camp, mais elles seront de moins en moins pratiquées. Cependant, les philosophies cosmiques qui ne sont pas des religions nourriront la spiritualité et le mysticisme d’un plus grand nombre, dont je suis.

Claude Bérubé

CLIQUEZ ICI pour retourner à l'ACCUEIL.

Une réflexion au sujet de « Pourquoi la religion fout-elle le camp ? »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *