BAISER ou FAIRE L’AMOUR, quelle différence ?

« FAIRE L’AMOUR › quelle expression déjantée, employée à toutes les sauces !  Vous rencontrez un homme inconnu ou une femme inconnue, selon le cas, dans un bar ou autre lieu public.  Une heure plus tard, vous êtes dans son lit, ou ailleurs, en train de baiser, de forniquer, d’avoir une relation sexuelle avec cette personne qui vient de surgir dans le décor de votre vie.  La passion sexuelle vous stimule et provoque des orgasmes mémorables.  Le lendemain, vous affirmerez à vos copains que ‹ VOUS AVEZ FAIT L’AMOUR › et que vous êtes certain d’avoir rencontré ‹ L’AMOUR DE VOTRE VIE ›.  Une ‹ FUSION PASSIONNELLE ›, déclarerez-vous. 

 Comme si l’amour n’était qu’un «  PARTY  DE FESSES ».  Comme si le désir physique qui assaille le mâle et la femelle pour la suite du monde, soit LA PROCRÉATION, se substituait à l’amour.  Toute la flore et la faune de la planète, et de l’Univers doivent s’unir et transmettre la semence séminale pour engendrer et donner une suite à la vie. 

 Une histoire qui se répète depuis des milliards d’années et de toute éternité.  Des pulsions de plaisirs irrésistibles sonnent la cloche du réveil pour la séduction et la recréation.  Une façon incontestable imaginée par la nature pour s’assurer que la copulation se fasse.

Qu’il s’agisse d’un chien autant que d’un humain.  La biologie impose son mécanisme dans le monde animal.  Et même végétal.  De là à qualifier ce désir sexuel comme l’apanage de l’amour, il y a tout un monde.  Au surplus, allons-nous dire ‹ faire la haine › ?

En français, on utilise le mot amour et le verbe aimer pour exprimer indifféremment : ‹ j’aime ma petite amie › et ‹ j’aime les sucreries › alors qu’en anglais, on dira respectivement ‹ to love › et ‹ to like ›, et en espagnol ‹ querer › ou ‹ amar › et ‹ gustar ›.

Le sens du verbe aimer, est donc plus large d’utilisation en français. 

Quand le véritable amour est ressenti avec une grande intensité et qu’il exerce, comme bonus, un fort pouvoir érotique (ou une attirance sexuelle), on qualifie l’amour de  ‹passionnel › ou de ‹ passion amoureuse ›.  Quand cette passion tend à unifier les deux amants, on parle d’amour ‹ fusionnel ›.  La langue française accorde trop de sens au simple verbe aimer et au mot amour.

On ose dire que l’amour rend aveugle.  Quelle foutaise !  C’est l’attirance érotique, l’attraction physique, le désir fou qui rendent aveugle, qui même empêchent de voir le véritable amour.  L’attirance physique évite de voir les incompatibilités et camoufle aveuglément les divergences d’un couple.  Jamais l’amour !  Ce dernier permet d’apprécier les valeurs de l’autre.  Au contraire, le véritable amour est très lucide.

Quand on ‹ tombe amoureux ›, ou qu’on ressent le ‹ coup de foudre ›, le désir de séduire sexuellement s’immisce en nous et exige la réciprocité presque instantanément.  Ce phénomène s’exprimera par les caresses, les baisers et les rapports sexuels, qu’on nommera erronément : ‹ faire l’amour › au lieu de baiser.

Les observations d’une longue vie m’ont confirmé qu’un grand nombre de couples et de familles se sont construits sur le seul désir sexuel, en le confondant sans équivoque avec le véritable amour.  Combien de liaisons se sont dissoutes rapidement sur les ruines de cette impulsion sexuelle, en si peu de temps, parce qu’il y avait absence d’amour !

Quand on sait que ce même désir animal peut être à l’origine de différentes perversions et déviances comme la pédophilie, la nymphomanie, le satyriasis, la zoophilie, la pornographie, les orgies.  Aussi lorsque l’amour d’un objet devient exclusif, dépendant, voire excessif ou pervers, on parle de fétichisme ou d’idolâtrie.

Hélas, la sexualité s’érige souvent comme un écran de fumée qui embrouille et cache le vrai visage de l’amour, qui même l’éloigne du véritable amour. Malheureusement, on risque de seulement aimer l’amour et non d’aimer son conjoint.

La sexualité peut s’épanouir aisément sans que l’amour s’installe.  Et l’amour peut grandir et devenir une béatitude sans la présence de la sexualité.  Deux mondes bien différents qui peuvent aisément cohabiter sous certaines conditions, mais qui n’ont aucunement besoin de l’un et de l’autre pour exister.

Il est important d’affirmer qu’AIMER, c’est prendre soin de l’autre.  Un don de soi !  À combler l’autre du don de soi et faire preuve de loyauté.  Sans recevoir en retour.

 C’est permettre à l’autre de grandir, de s’élever, de se bonifier, d’installer une complicité à participer au bonheur de l’autre, ce qui permet de toucher à l’essence même du bonheur.  C’est en donnant qu’on se sent amoureux, et non en recevant.  Le philosophe Leibniz en donnait cette définition : ‹ aimer, c’est se réjouir du bonheur d’autrui›.

 Vous vous souvenez de l’histoire du ‹ P’tit Prince › écrite par Antoine de St-Exupéry ?  Je vous résume en quelques mots son histoire de la petite fleur, en fouillant au fond de ma mémoire de plus en plus imprécise.  Donc, voici seulement les grandes lignes.

Il y a devant vous un grand nombre de fleurs pareilles.  Vous en choisissez une au hasard.  Vous en prenez soin.  Vous l’arrosez chaque jour.  Vous enlevez les herbes nuisibles.  Vous la protégez des insectes et du froid.

Vous aimerez cette fleur.  Plus que les autres.  Vous la trouverez plus belle que les autres.  Et pourtant, cette fleur n’a rien fait pour vous, n’a rien fait pour que l’aimiez autant.  Votre amour, c’est le don de vous-mêmes.  Vous avez pris soin d’elle.  Sans recevoir en retour.  Voilà le sens de l’amour que je décris dans les paragraphes qui précèdent.

Croyez-vous que votre chien vous communique son amour quand il frétille de la queue, de joie, à votre retour à la maison ?  Un animal ne recherche que le plaisir et fuit le déplaisir et le danger.  Quand il vous voit, il sait qu’il aura ces caresses qui lui font plaisir.  Ne vous bercez pas d’illusions quant à son amour pour vous.  L’amour pour votre chien est à sens unique.  Lui, il ne connaît pas l’amour.

L’amour est un sentiment humain, qui peut se passer aisément de la sexualité.

N’est-il pas émouvant de voir deux vieux qui se câlinent alors qu’on emploie le mot « tendresse » ?

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