Le ministre Pierre Fitzgibbon, ce mal aimé.

Il est ministre de l’Économie et de l’Innovation.  Au cœur même de tout ce qui grenouille dans les couloirs du gouvernement au chapitre du monde des affaires. Il a pour tâche de réaliser les aspirations économiques du premier ministre, soit d’enrichir le Québec et les Québécois à l’égal de l’Ontario grâce à de grandes entreprises prospères qui génèrent de hauts salaires.

Pour atteindre cette ambition, François Legault devait convaincre aussi nombre de gens d’affaires à succès prêts à réduire leurs revenus attrayants pour les remplacer par une mission passionnante au service de l’État.

Les candidats talentueux sont pourtant nombreux, mais le choix devient minime quand il s’agit de déployer leurs talents au sein de la grosse machine bureaucratique du gouvernement à un salaire moindre. En frappant à la porte d’amis, il persuada Christian Dubé à la vice-présidence de la Caisse de dépôt et placement du Québec et Éric Girard à la vice-présidence de la Banque Nationale, tous les deux familiers à manipuler des millions de dollars, de très gros dossiers et visionnaires.

Convainquant comme pas deux, François Legault décida de faire miroiter à son ami Pierre Fitzgibbon, comptable agréé comme lui, à joindre les rangs de la CAQ, un parti dans l’opposition. Il connaît bien Pierre. Il sait comment son ami est imposant sous bien des aspects et qu’il a un gros égo qui lui a servi tout au long de sa prestigieuse carrière, qu’il aime gagner et déteste perdre. Il fréquente les gagnants. Il dit les choses comme il les pense, loin de lui la langue de bois. Ce qui le porte à une certaine arrogance. Intelligent, il saisit rapidement l’ampleur des problèmes et les mécanismes des solutions.

Son curriculum vitae démontre que sa carrière est résolument économique. Depuis 2015, il œuvre comme associé directeur pour une société privé de capitaux soit Partenaires Walter Capital avant de sauter dans l’arène politique.

Il a été président et chef de la direction d’Atrium Innovations, de 2007 à 2014. Auparavant, il a travaillé pendant cinq ans au sein de Groupe Banque Nationale où il a notamment occupé les postes de vice-président du conseil de Financière Banque Nationale inc. et de vice-président principal, Service des finances, de la technologie et des affaires d’entreprise à la Banque Nationale du Canada.

 

Il a aussi œuvré dans le monde des finances, du développement d’entreprise et du développement des affaires chez Télésystème Mobiles international, Chase Capital Partners Hong Kong, Domtar et PricewaterhouseCoopers.

 

Bachelier en administration des affaires de l’École des hautes études commerciales de Montréal, notre personnage a passé l’examen de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec en 1978, et détient un certificat en gestion générale de la Harvard Business School.

Il est évident qu’avec un tel bagage, il est l’homme de la situation. François Legault détient un as dans sa main. Un as au caractère turbulent. Un as qui refuse tout blâme même de la commissaire à l’Éthique et même de l’Assemblée nationale.

Candidat à un deuxième blâme évident à l’égard d’un règlement à l’Éthique. Il avait des intérêts financiers dans 13 compagnies. À contrecœur, il devait s’en départir. Imaginez se départir du joyau de sa carrière. Un sacrifice immonde pour un entrepreneur à succès.

Il trouva des acheteurs de ses actions dans 11 entreprises, mais aucun pour les deux autres compagnies. En mettant l’une en fidéicommis, sans aucune influence personnelle, il lui en restait une à liquider. Ce qu’il ne fit pas en arguant qu’il ne trouvait pas d’acheteur. Pourtant avant de devenir député, il est intervenu auprès d’Investissement-Québec pour une aide financière de plus de 3 millions de dollars à cette compagnie nommée Immervision.

Mauvaise décision ! Il y a quelques mois, sur une photo sur la page Facebook de l’entreprise, il y apparaît en compagnie de la PDG de Immervision, alors que l’entreprise recevait un prix lors d’une exposition importante sur l’électronique à Las Vegas. À titre de ministre, il participait à cette exposition tout en faisant une apparition à titre d’actionnaire de la compagnie. Le conflit d’intérêts patent ! L’Éthique de l’Assemblée nationale lui vaut un autre blâme.

Malgré cette évidence, il se rebute en déclarant que les règles d’éthique sont désuètes et ne tiennent pas compte du monde des affaires, de la situation des hommes d’affaires qui doivent tout abandonner pour exercer une fonction publique, et cette dernière se prive de grands talents. On exige de lui qu’il démissionne. Ce qu’il refuse après s’être départi de ses intérêts dans 11 entreprises, il y a deux ans. Avec sa grande gueule, le climat est tendu.

Et le premier ministre ne veut pas se départir de son spécialiste hors pair en économie. La société peut profiter des talents d’un tel homme malgré son bouillant caractère et son franc parlé.

Pour avoir été moi-même dans les affaires, je sais que le succès d’un entrepreneur dépend de son réseau d’amis. On ne peut reprocher à un nouveau ministre d’avoir un réseau d’amis qui peut lui être utile dans ses nouvelles fonctions. Il est facile de lui accoler une pléiade de conflits d’intérêts avec sa cohorte de relations. Le monde des affaires recèle de grands administrateurs qui doivent faire abstraction de grands revenus pour profiter d’une certaine célébrité et satisfaire un égo. Il est facile pour un professeur d’accéder à une haute fonction sans faire le sacrifice d’un revenu important.

Je crois qu’il est important d’adopter des règles d’Éthique qui tiennent compte du monde des affaires afin de ne pas éloigner de grands talents. J’opte pour cette position sans pour autant juger de la pertinence du dossier de Pierre Fitzgibbon.

 

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