S.O.S. On assiste à l’assassinat du mot VIEUX.

J’utilise régulièrement le mot VIEUX dans la rédaction de mes textes. Il a fallu une pandémie pour que j’observe que le mot AÎNÉ est devenu à la mode et très largement utilisé. Je dois avouer que je n’ai jamais lu ou entendu le mot VIEUX durant la pandémie. Comme si je suis le dernier des mohicans à y recourir.

Pourtant, le mot français VIEUX est exact et chaleureux. Il a survécu pendant des siècles. Il s’accorde correctement avec les gens qui vivent leur vieillesse soit les 65 ans et plus. Tandis que le mot AÎNÉ est emprunté aux gens qui assument leur droit d’aînesse, soit les plus âgés de leurs familles.

Est-ce que parce qu’on ne veut plus vieillir qu’on choisit de ne plus être un VIEUX ? J’ai 79 ans et je préfère qu’on dise de moi que «  je vieillis  bien » au lieu de que « je parais jeune ».

Est-ce parce que la nouvelle longévité de la vie choisit de tenter de faire des centenaires de nous ? La vie moyenne se situe autour de 84 ans.

Est-ce que la bonne santé générale des personnes âgées tient à nous faire croire que nous sommes encore des jeunes. On a choisi de donner un nouveau sens, un sens figuré, à cette jeunesse tardive, les AÎNÉS de la société.

Pourtant le mot VIEUX est toujours exact et bien français tandis que le mot AÎNÉ est inexact dans cette fonction. On veut lui ajouter un sens qu’il n’a pas. Peut-être pour s’en servir comme une image. Et le mot VIEUX, on lui accole le sens de sénilité, de dégénérescence. Et pourtant, tout le monde appelait les VIEUX des CHSLD pendant la pandémie, les AÎNÉS.

On appelait aussi AÎNÉS les centenaires que la langue française nomme les VIEILLARDS.

Même le premier ministre lors de ses conférences de presse parle d’AÎNÉS en lieu de VIEUX, et que dire des journalistes, reporters, fonctionnaires et universitaires d’une façon unanime,  proclament le mot AÎNÉ en lieu de VIEUX.

Je n’ose imaginer l’impression de l’aîné d’une famille devant le sens de VIEUX accolé à son patronyme.

La Fadoq, fédération de l’âge d’or, a abandonné l’utilisation de l’expression ÂGE D’OR pour employer les 50+ et les AÎNÉS. Comment peut-on être un aîné à 50 ans, un aîné à 70 ans, un aîné à 90 ans ?

La vieillesse  commence officiellement à 65 ans. Pour les autorités sanitaires, c’est 70 ans.

Une résidence dans sa publicité décline le slogan « les jeunes de 70 ans et plus » pour identifier sa clientèle. Ce sont des vieux. Est-ce que le mot vieux vieillit ceux qui l’emploient ? Quand on a 70 ans et plus, sommes-nous gênés de nous considérer comme vieux ?

Le mot VIEUX se retrouve dans la littérature et n’a pas atteint la désuétude. Qui a décidé que c’est un archaïsme ?  Qui a décidé qu’un sourd devient un non-entendant, qu’un hôpital devient un Centre hospitalier, qu’un masque devient un couvre-visage.

Devra-t-on remplacer un vieux livre par un livre aîné ? Remplacer la vieillesse par l’aînesse ?  Pourtant le mot vieux est un beau mot chaleureux de la langue française.

N’avez-vous pas de « vieux » amis ? Ne délectez-vous pas un « vieux » vin ? Avez-vous de « vieux » parents ? Hemingway a écrit « le vieil homme et la mer » ? Doit-on changer ce titre pour «  l’aîné et la mer » ou encore le « vieil aîné et la mer » ?  Ici, le mot aîné ne peut remplacer le mot   « vieux » ou « vieil » dans toutes ses déclinaisons. Par quoi faudrait-il remplacer les vieux habits, les vieilles recettes de maman, les vieux sportifs et un vieux routier  de la politique et un p’tit vieux ? Autant d’expressions chaleureuses et pleines d’empathie.

Je publie un blogue qui s’intitule « Les insolences d’un p’tit vieux » qui peut être rejoint à l’adresse suivante : « leptitvieux.com ». Quand j’écris mes textes, j’utilise toujours le mot « vieux ». Je le trouve plus beau que le mot aîné auquel j’ai recours selon le sens que lui donne le lexique français. Il m’arrive d’écrire « les aînés de la société ».

La vieillesse est une phase de la vie, et ceux qui la vivent, ce sont les vieux.

Je ne serai pas le fossoyeur du mot VIEUX.

 

 

 

 

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Une réflexion au sujet de « S.O.S. On assiste à l’assassinat du mot VIEUX. »

  1. Bonjour Monsieur Claude
    Merci de ce billet sur le mot aîné qui, moi, ne me choque pas.
    Vieux est effectivement un joli mot qui a une multitude de sens selon le contexte de son utilisation.
    Le probllème vient putôt à mon sens de l’acception qu’on lui donne.
    Une vieille voiture est à remplacer; une voiture ancienne est à bichonner
    Un vieux bouquin n’a plus grande valeur marchande, un livre ancien doit être répertorié dans un catalogue.

    Mais ma question à moi ets plus simple et moins technique:
    A quoi servent les vieux ?
    A vous lire !

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