Quand nos enfants servent de cobayes.

En 53 ans, le ministère de l’Éducation a vu défiler 30 ministres. La majeure partie d’entre eux en a eu les commandes pendant moins d’un mandat, soit un an, deux ou trois ans. Chacun a voulu y mettre sa marque, sa réforme, soit pédagogique, soit de matières ou soit de structures. Imaginez ! 30 réformes en 53 ans ! Jamais le temps de les compléter ou d’en voir les résultats.

Pendant ce temps, les élèves vivent ces changements qui durent le temps des roses et n’ont même pas le temps de les digérer. Alors qu’il faudrait des générations, ils sont en perpétuelles adaptations. Et on se pose des questions sur le problème des apprentissages et des décrochages. Les mandarins cherchent les solutions à chacun des problèmes qu’ils ont amorcés. La façon d’enseigner a connu des sauts périlleux arrière. Au grand dam des milliers de professeurs qui ont dû eux aussi faire des contorsions. Ce qui était vrai une année est faux l’année suivante.

Les enfants sont reconnus pour être malléables. Ce qui est faux. Ils subissent l’incompétence des hauts fonctionnaires mal dirigés par des ministres non formés pour la tâche qui leur incombe. Les multiples théories de l’enseignement virevoltent d’un bureau à l’autre. On centralise, on décentralise d’une année à l’autre. Les devoirs à la maison sont nécessaires, puis ne le sont plus. Qui dit vrai ? Y a-t-il un « pilote à bord » qui tient le cap ?

Un premier ministre annonce l’instauration de tableau électronique dans toutes les classes. Jamais vu la suite. On coupe les notes aux bulletins. On change de ministre et on réinstaure les notes. L’improvisation est au menu dans toutes les sphères de l’éducation et gâche des générations d’élèves. Pauvres cobayes !

Les enfants passent d’un système à l’autre, les enseignants itou. Tout comme les parents qui ne peuvent plus suivre la progression de leurs enfants.

Les gouvernements injectent des centaines de millions de dollars pour l’obtention de meilleurs résultats. Mal administrés, les problèmes perdurent et coûtent une fortune à la société. Mieux encore, on coupe dans le fonctionnement. L’austérité oblige, dit-on ! Les commissions scolaires augmentent leurs taxes de façon faramineuse. Elles dont on parlait de les démembrer, il y a si peu de temps. La gratuité scolaire n’est plus qu’une vue de l’esprit. Il faut un vrai pilote à bord qui sache garder le cap. Les enfants ne peuvent être des cobayes indéfiniment comme ils le sont depuis 30 ans.

ET DE MÊME POUR LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ.

Depuis 2003, soit depuis 14 ans, le ministère de la Santé est dirigé par des docteurs en médecine soit le Dr Philippe Couillard, le Dr Yves Bolduc, le Dr Réjean Hébert et le Dr Gaétan Barrette. Depuis 14 ans, ils ambitionnent de réduire les temps d’attentes et l’engorgement à l’urgence et d’offrir la disponibilité des médecins de famille.

Ils ont tous injecté des centaines de millions de dollars dans ce secteur pour atteindre des objectifs sans réussir. Les problèmes perdurent sans améliorations. Les temps d’attente indécents perdurent et les médecins de famille sont de moins en moins disponibles. Seule réussite : la rémunération des médecins !

Le ministère est devenu un monstre de dépenses. Si la situation continue, le budget de ce ministère englobera la grande partie du budget de l’État. Et la majeure partie des fonctionnaires appartiendront à ce ministère.

Comment de brillants médecins hautement formés peuvent-ils devenir des gestionnaires compétents quand ils n’ont aucune formation en ce domaine. Des cours de gestion ne sont pas offerts dans les cours de médecine.

Pour gérer une entreprise de plusieurs milliards de dollars et stimuler une troupe de milliers d’êtres humains, il y a des échelons à gravir et une préparation adéquate. Les chances sont grandes qu’on atteigne le niveau de l’incompétence selon les principes de Peter. Une situation comparable à plusieurs autres ministères où le ministre n’a aucun antécédent qui tend à lui conférer une compétence.

Il ne faut pas être médecin pour diriger un ministère aussi exigeant que celui de la Santé. Il faut être un gestionnaire aguerri ou être familier à la manipulation d’autant de dollars et qui saura bien s’entourer. Sinon, ce sont les mandarins de la fonction publique qui en assume le vrai pouvoir en lieu et place. Ce qui est le cas de plusieurs ministères.

Ce qui explique la mauvaise administration des ministères de l’Éducation et de la Santé depuis des lustres. Pendant ce temps, ce sont les enfants et les patients qui ont servi de cobayes à ces multiples improvisations.

 

 

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