Haro sur le baudet. Lapidons la scélérate. Tel un essaim d’abeilles, piquons en chœur l’intruse. « Je ne suis pas féministe », a déclaré la ministre Lise Thériault. Au diable la langue de bois, tant décriée. Elle ajouta : « Je suis pour l’égalité des sexes ». Tout ce qui grouille de féministes engagées a voulu la scalper, exiger sa démission. Eh oui ! La tête d’une femme.
Et la liberté d’expression dans tout cela ! Une politicienne doit dire ce que son chef lui dit de dire même si elle pense le contraire. Elle doit dire aux femmes ce qu’elles veulent entendre même si elle pense le contraire. Une guérilla de femmes qui lui réclament la langue de bois et non son franc-parler.
Il y a les féministes de la droite et les féministes de la gauche. Il y a les modérées et celles qui montent aux barricades au premier combat. Celles qui veulent lyncher pour le plaisir de lyncher. Celles qui aiment lapider…surtout une femme. « L’Église unie des femmes féministes ». Comme disait le curé de mon enfance : « hors de l’Église, point de salut ». Nous avons remplacé l’Église catholique par une foule d’Églises, très frileuses à l’égard de ceux qui ne suivent pas les différents petits catéchismes.
Il est condamnable de n’être pas une féministe engagée, d’être anti syndicaliste, anti-avortement, fédéraliste pour les membres du PQ, capitaliste pour les socialistes, et socialiste pour les capitalistes.
Il n’y a rien comme des femmes pour lyncher une femme sur la place publique. Qu’a dit Lise Thériault qui a pu choquer et provoquer une montée de lait ? Qu’elle n’est pas une féministe de combat, mais une femme. Une femme de pouvoir qui dans ses fonctions de tous les jours s’assure de l’égalité entre hommes et femmes. N’est-ce point là un objectif du féminisme ?
J’ai vu un mouvement exclusivement de femmes monter aux barricades contre l’oléoduc, un dossier mutuel d’hommes et de femmes. Pourquoi sans les hommes ? Pourtant, elles ont encore beaucoup de dossiers féminins à défendre, comme la violence faite aux femmes, surtout lors de la journée de la femme. Elles sont nombreuses à chercher n’importe quelles causes pour le combat, féministe ou pas. Excluant les hommes !
Né en 1941, un an après le droit de vote aux femmes, j’ai vécu la trajectoire du mouvement féministe dès les débuts. J’ai vu l’émancipation populaire des femmes. L’arrivée des femmes sur le marché du travail, de l’adoption à l’arrachée par le mouvement féministe et le Dr Morgentaler du droit à l’avortement, etc. jusqu’à aujourd’hui. Que de belles batailles.
Autant dans ma vie que dans mon travail j’ai toujours été entouré de femmes. J’acceptais déjà la parité salariale dès les débuts. L’égalité me semblait normale. En me réservant toujours un côté macho comme celui d’ouvrir une porte à une femme, en payant toujours le repas d’une femme, etc.
J’ai assisté à tous les combats féministes, même inappropriés, qui ont tout de même réussis à corriger bien des iniquités évidentes. Pourtant, sans statistiques à fournir, mes contacts actuels avec la fonction publique sont surtout avec la gent féminine; je n’ai jamais vu autant de femmes procureures de la couronne, mêmes politiciennes, policières, chauffeuses d’autobus, médecins, autant de cadres dans les entreprises et même entrepreneures, chefs de restaurant. On me dit que les diplômés universitaires sont majoritairement des femmes dans bien des domaines.
Rien de comparable avec les années passées. Il y a eu tellement de gains, une vraie évolution telle qu’elle ne peut s’arrêter là. Je côtoie tant de femmes qui se disent féministes modérées dans leur vie, qui ne descendent pas dans la rue, mais qui ne laissent passer aucune situation au désavantage des femmes autour d’elles.
Je ne suis pas un partisan de Lise Thériault ni de son parti, mais je crois qu’elle avait le droit de dire ce qu’elle a dit. Peu importe que ça déplaise ou non. Souhaitons que dans ses fonctions quotidiennes elle s’assure que la condition féminine soit respectée. Elle n’est pas une combattante ni une représentante au service de la Fédération des femmes du Québec et de tout autre mouvement.