Je suis gêné de l’avouer, mais je commence à être blasé de la tragédie, du drame de Lac-Mégantic. Mon intérêt s’amenuise depuis quelque temps. Pour paraphraser un ancien premier ministre du Canada : enough is enough (assez, c’est assez). Je m’en suis ouvert à quelques amis qui m’ont avoué vivre la même lassitude, mais être gênés de le dire par mauvaise conscience.
La couverture médiatique a dépassé les bornes. Sur informer équivaut à sous informer. On en vient à banaliser un événement, même le plus tragique. Comme c’est triste. Il y a une gestion de l’information déficiente, surtout télévisuelle. Je comprends qu’on salive à l’apparition d’une telle catastrophe au beau milieu du mois de juillet. Le temps des vacances n’est pas que pour la construction, les nouvelles le sont aussi. Les reporters se sont jetés sur ces habitants comme sur une proie. Un beau cadeau de temps d’antenne. Des heures et des heures. Nous n’avions pas besoin de tous ces détails souvent inutiles. L’essentiel aurait suffi. Après cinq jours, l’insistance aurait dû diminuer, tout en poursuivant à nous informer adéquatement et continuer à couvrir l’actualité en général.
Chaque média rivalisait d’ingéniosité pour entretenir un auditoire. On a choisi la mise ne scène d’un spectacle, d’un téléroman. À suivre demain ! Les stagiaires d’été ont été mis à contribution et ont aiguisé leurs dents sur des détails. Il me faudrait des pages pour énumérer les questions bêtes et sottes qui furent posées. Après dix jours, faut-il encore demander : « Comment vous sentez-vous ? » « Comment vivez-vous votre deuil ». On dirait une thérapie sur le divan. Les enquêteurs travaillent comme des abeilles. Les reporters cherchent à produire du miel en avance. Il y eut tellement de rumeurs annoncées comme des faits. Les journalistes étaient plutôt comme des mouches. L’économie touristique de Lac-Mégantic cette année reposait sur la présence des médias.
La population n’a pas à tout connaitre, mais à comprendre ce qui est bien expliqué : le vrai travail journalistique. Mais voilà, tout est embrouillé. Les propos que j’entends dans mon entourage me laissent perplexe.
J’aurais voulu ne pas écrire ce texte alors que je clame « assez c’est assez ».
Déjà au début cher Claude, je trouvais que c’était trop. Trop partout à tous les postes même à CNN. J’étais touchée et j’avais le coeur GROS, avec une grosse boule dans la gorge, ma peine remplissait mon estomac.
J’étais tourmentée aussi par de la presque fausse information. Parfois on a fait des suppositions, on imaginait des histoires, on fabulait des lignes que je n’avais pas envie d’écouter…
N’en pouvant plus j’ai pris une résolution, j’ai décidé de me doser dans l’information, c’est à dire de me restreindre l’écoute des même détails ad vitam aeternam. J’ai donc joué de la manette pour changer de canal; et s’il y en avait partout je fermais tout simplement pour écouter de la musique en CD.
Parce que c’est bien beau d’avoir de la compassion, mais j’ai aussi une vie à vivre, une tout autre vie…
Finalement vous avez bien raison. Si les conférences de presse étaient plus espacées, elles se feraient désirer et elles seraient probablement plus écoutées n’est-ce pas?
Nous sommes au début d`octobre, et il ne se passe pas encore une journée, surtout à TVA, pour nous en parler encore…
Il est bien vrai, d`ailleurs que cette station de télévision est renommée pour aimer ¨étirer la sauce¨ au maximum, surtout avec ses bouts de reportage ¨en boucle¨…
Et il y a fort longtemps que ma sympathie pour cette tragédie est disparue… car il ne faut pas oublier que la terre continue à tourner !