Les enfants post-texto.
JUIN 2006. Je reviens au pays après une absence de huit ans. À mon départ, en 1998, le cellulaire était qu’un gros appareil commercial qu’on installait dans la voiture pour travailler. À mon retour, même des enfants à la maternelle avaient le leur. C’est sans dire combien il sévissait déjà dans toutes les strates de la société. Loin de n’être qu’un appareil de communication, il était déjà devenu un facteur de changement social. Désormais, il fallait être toujours à l’affut prêt à répondre, souvent au détriment de la personne en face de vous. La jeunesse avait déjà adopté « le tout de suite, l’immédiat » en toutes circonstances.
De même qu’à mon départ, l’internet s’avérait un outil de travail. À mon retour, il était devenu l’adresse personnelle de chacun. Une évolution technologique qui a transformé profondément bien des sociétés en huit ans. À peine, le temps d’une nouvelle génération, le temps d’un séjour en pays tiers-mondiste.
Quel choc pour l’homme de 65 ans que j’étais qui avait vu naître la télévision à l’âge de 11 ans, sa première découverte technologique ! C’est ce qu’on appelle le Choc du retour.
JUILLET 2013, aujourd’hui, nous en sommes rendus au Texto, au Twitter, le téléphone cellulaire est devenu un nouvel ordinateur portatif et élaboré. La révolution technologique se traduit par la victoire marketing de grandes sociétés commerciales qui ont réussi à implanter un gadget comme un besoin essentiel. D’un seul coup, en si peu de temps, plusieurs générations en sont devenues dépendantes en se demandant comment les générations précédentes, depuis des millénaires, ont pu s’en passer. Comment moi, le p’tit vieux de 71 ans, presque 72, a pu évoluer sans l’aide de cette technologie ? Cette fois c’est ce qu’on appelle le Choc culturel. Je n’en vois pas l’utilité. Je ne vois pas l’Homme grandir. Je le vois changer. Je le vois devenir accro à tous ces gadgets comme à une drogue. J’ai peine à imaginer ce que sera le nouvel instrument technologique à la mode dans une décennie. On aura déjà délaissé les Textos pour une nouvelle dépendance à naître, à inventer.
Et moi, j’aurais 10 ans de plus. Comment me comporterai-je en ces temps ? J’avoue que mon ordinateur a facilité mes écrits et mes recherches. Que l’internet a réussi à simplifier mes communications comme m’exprimer par ce blogue. J’avoue que ma bibliothèque musicale se niche dans un iPod.
J’ai conservé mon téléphone traditionnel avec un répondeur. Et je lis mes journaux papier, mes livres bien reliés. Je sais qu’on m’obligera bientôt à posséder un cellulaire, en éliminant le téléphone traditionnel. Je sais que je lirai mes livres sur la Tablette parce que les livres imprimés deviendront une espèce rare, en voie d’extinction. Je n’aurai même plus le choix. Surement au détriment financier de ma pension de vieillesse. Je remplacerai à mon corps défendant mes vieilles habitudes de l’âge de pierre en devenant un simple utilisateur mineur toujours affolé devant les complexités du monde des logiciels. J’admets volontiers les progrès de la science et je les admire, mais pas à cette vitesse. La téléphonie, l’électricité, l’automobile ont mis le temps. L’Humain a besoin de temps pour assimiler sainement le nouveau. Ça, c’est la vie qui me l’a appris. Ces leçons qui prennent racine dans un savoir millénaire. L’Homme n’a pas changé fondamentalement, mais son environnement et ses connaissances bien sûr.
Il serait intéressant de mieux comprendre l’interaction, les vicissitudes et les écueils qu’il doit vivre aujourd’hui à cause de cet environnement qui galope trop en accéléré. L’essoufflement provoque bien des ratés. Chaque époque connait et a connu ses avatars. Celle d’aujourd’hui aussi. L’Homme en sort-il grandi ou balafré ?
Alors que les générations raccourcissent de plus en plus, la vie devient de plus en plus longue. De 65 ans à 85 ans et même plus.. Ce qui lui donne accès à un plus grand nombre de générations courtes, donc, à plus d’adaptations rapides par conséquent. Ce qui complique la vie de ceux qui ont accumulé les décennies et les transformations inhérentes. Ceux qui ont connu le téléphone manuel et à cadran aimeraient bien se reposer un petit moment, mais ils doivent continuer, le cellulaire aura encore bien des vies différentes. De nouveaux besoins surgiront. La chaine des inventions n’a pas atteint encore sa limite. Au détriment de quoi ? De qui ? Et quels seront les jouets des enfants à naître quand les Textos feront partie de la petite histoire et des musées ?
Bonjour Monsieur,
Je vous écris a partir de mon téléphone intelligent. Donc pardonnez moi les quelques fautes de frappe qui peuvent s’y glisser, le clavier est petit!
Je dois vous dire que sur internet il pleut des articles comme le votre et que c’est en lisant le votre que mon verre a débordé. Personnellement, je commence à en avoir assez des gens qui prennent des exceptions et qui les diffusent comme des généralités. Des téléphones cellulaires dès la maternelle dites vous? Vous en connaissez vous des enfants de maternelle qui en ont? Alors qu’en maternelle on sais a peine compter jusqu’à 20 et ecrire son nom en lettres scribes! A quoi cela leur servirait-il je vous le demande? Certainement pas a écrire des textos eb tous cas… Je suis mère de trois enfants de 12, 7 et 5 ans, mes enfants n’ont pas de cellulaires, même pas ma grande fille qui entrera au secondaire a l’automne. Pourtant, a la maison, aucun d’entre eux ne m’en réclame un, aucun d’entre eux me disent que les autres enfants de leur âge en possedent (sinon quelques 3-4 filles dans l’ecole de ma plus vieille, des exceptions) et aucun de leurs amis n’en ont non plus!!! Je dois vivre sur une autre planète si je me fie a votre article! Je ne vie pas en campagne éloignée, j’habite Trois-Rivières.
Cela conclu ma première récrimination. Passons a la suivante.
Il est étrange de constater que la majorité de ceux qui se plaignent des effets du cellulaire n’en possèdent pas. A ce stade aussi bien critiquer un livre qu’on a jamais lu! Se plaindre de l’effet d’engouement qu’il créé. Il y a aussi les gens qui possèdent un téléphone intelligent mais qui l’utilise que pour téléphoner qui se plaignent, au moins eux ont lu le résumé derriere le livre avant de le critiquer. Je suis bien d’accord avec vous, nous sommes dans un monde ou la consommation est reine et le jeu des compagnies est de créer des besoins. Cependant, la raison selon moi qui crée un tel engouement pour le téléphone intelligent c’est qu’ils n’ont pas créer de besoins. Les besoins étaient déjà là! Le génie du téléphone intelligent c’est qu’il regroupe la réponse a tous ces besoins dans un seul produit…
Puisque je me suis séparée l’an passé mon téléphone est devenu indispensable puisque e je n’ai pas les moyens de m’acheter différents produits . Il est mon ordinateur, mon téléphone, mon appareil photo, mon camescope, mon réveil-matin, ma télévision, mon contact avec le monde(internet) , mon lecteur de musique, ma console de jeu, mon agenda, mon repondeur, mon afficheur, ma calculatrice, mon « reminder », mon bloc note… Tout cela pour 50$ par mois! Si vous savez calculer vous verrez que j’y gagne au change car non, je n’ai pas les moyens d’avoir le cable et Bell. Je travaille a l’hôpital sur appel et mon cellulaire permet a mon employeur de me rejoindre s’il a besoin de moi. Ce quu me permet de travailler assez pour boucler ma fin de mois.
Après cela, que je me sente obliger de répondre a mes courriels, mes texto ou mon téléphone cela ne concerne en rien le fait d’avoir ou non un téléphone cellulaire. Personnellement, je ne me sens pas du tout coupable d’avoir une vie, de souper avec des amis et de laisser sonner comme je laisserais sonner si mon téléphone de maison sonnait a ce moment là. C’est aussi une question de savoir vivre et d’honnêteté. Si je sais vivre je prendrai d’abord soin des gens avec qui je suis. Si je suis honnête je dirais a ceux qui ont tenté de me rejoindre que je ne repond pas lorsque ce n’est pas un bon moment. Une fois que c’est dit, personne ne s’attend a pouvoir me rejoindre en tous temps!
Finalement, soyez sans craintes, les livres et les journaux ne disparaîtront pas de votre vivant, comme le cinéma et la radio n’ont pas disparus avec l’arrivée de la télévision dans la très grande majorité des foyers. J’aime bien moi aussi tenir un vrai livre dans mes mains!
Je trouve que cela manque de professionnalisme de juger un livre par sa couverture et de repandre des exceptions comme étant des généralités. Je vous conseille d’aller chez Koodo (ou toute autre compagnie qui permet d’essayer un cellulaire pendant un mois sans frais). Procurez vous un bon téléphone, demandez a ce qu’on vous montre toutes les fonctionnalités et applications qui pourraient vous intéresser et vous être utile. (Si la compagnie elle même n’offre pas de cours gratuit demandez a un de vos proche qui s’y connais de vous le montrer). Utilisez votre téléphone a son plein potentiel et refaites un article en toute connaissance de cause plutot qu’un article basé sur… sur quoi au juste?
Voilà! Merci.
Texto
Depuis toujours le progrès a envoyé l’ancien,le poussiéreux à la désuétude.
C’est donc naturel d’avancer, de reculer, de faire un pas en avant, un en arrière, de regretter, d’espérer, de douter, de croire.
Je vous dirais donc qu’à votre question : » l’homme en sort-il grandi ou balafré? »
Je crois qu’il s’en sort toujours de ces deux manières, c’est l’éternel dialectique.
La vie est faite de passé, de présent et d’avenir. Il y aura toujours ceux qui sauront bien faire. Les inventions n’ont pas fini de surprendre, d’émerveiller les jeunes ainsi que les moins jeunes dont je suis.