Lors des manifestations bruyantes des étudiants en 2012, j’ai regardé à la télévision ce qui me semblait un grand party d’étudiants. Des démonstrations dans la rue qui me rappelaient les grandes marches et les grands rassemblements des années 60 et 70. En consultant leur manifeste, je relisais les manifestes de l’époque de la révolution tranquille et même bien avant comme le Refus global, l’Option souveraineté-association, celui du FLQ et de tant d’autres, même sur la scène internationale. Et je me suis dit : rien de nouveau sous le soleil.
Que de clichés on ne peut plus semblables à ceux véhiculés dans les années soixante par nos étudiants et aussi dans l’Europe de l’Est. Le communisme en est issu avec les écrits de Karl Marx et autres. Il n’y a que des travailleurs, des travailleuses et des exploiteurs au cœur de ces manifestes. Il y en a que pour le prolétariat, quoi !
Maintenant la différence découle avec la présence des médias sociaux et médias généralistes. La facilité des contacts des réseaux et l’accession facile à la visibilité et la notoriété (pour ne pas dire vedettariat), qu’apportent les médias donne une importance outrancière aux événements et à leurs figures de proue. Et le prolétaire de la rue est aujourd’hui un universitaire.
Puis, à l’écran de mon téléviseur, au milieu des protestataires, apparait un homme à la crinière blanche, tout comme moi, qui claironne haut et fort être du côté des étudiants et d’accord avec leurs revendications puisqu’il pense comme eux. Quelle foutaise ! Récupérer les doléances des jeunes de vingt ans pour valider sa propre jeunesse regrettée me rend sa vieillesse bien triste. Il est impossible à un vieux de 70 ans de penser comme les jeunes de vingt ans. Impossible, je le répète. Car, cela signifie de renier, d’effacer, de rayer 50 ans de vie féconde. Comme si toute une vie adulte ne lui avait pas apporté des connaissances, des expériences de vie et un savoir précieux sur les aspirations sociales et les comportements complexes des individus. Si ces 50 années n’apportent pas un éclairage différent et supplémentaire, cela signifie que nous avons passé à côté de la vie et que, à leur tour, les jeunes passeront à côté.
Je souhaite que les étudiants s’extériorisent comme on l’a toujours fait depuis des siècles. Je serais plus inquiet s’ils ne le faisaient pas.
Mais, les vieux auront toujours une vision différente. Cela est juste. C’est pourquoi un vieux dicton dit : SI JEUNESSE SAVAIT ET SI VIEILLESSE POUVAIT. N’est-ce pas là les éléments de base pour un partenariat complémentaire ?
Faut-il croire que la jeunesse n’a pas changé depuis l’Antiquité et les vieux non plus ? L’Homme n’a jamais changé, seulement son environnement. C’était mieux dans mon temps ! N’est-ce pas toujours la même ritournelle familière qui se radote de siècle en siècle, surtout quand elle vient d’un p’tit vieux. Mes parents ont dit des choses semblables à l’égard de ma génération. Pour eux, Elvis Presley et les Beatles, c’était le diable. Ce n’était pas de la musique. La déchéance nous attendait. Parce que nous imitions les cowboys avec nos fusils à pétards, nous étions de la graine à meurtriers.
Je sais aussi que la jeunesse va inventer et construire une société différente à cause de leur cherche constante, imaginative et de leurs caractéristiques pertinentes. Avec succès et insuccès et toutes les imperfections habituelles ! Comme nous l’avons fait ! Comme l’ont fait toutes les générations qui nous ont précédés et qui, elles aussi, ont été décriées par les vieux. Il faut reconnaître qu’il m’est impossible de juger avec les yeux de la jeune génération. Ma vision est pleine d’expérience. Je doute que la jeunesse tienne compte de mes avis. Ils referont les mêmes erreurs que nous avons faites parce que nous n’avons pas tenu compte des avis de nos aînées. Une chose dont je suis certain : ce sont nos jeunes qui trouveront les solutions aux problèmes climatiques et écologiques, qui inventeront de nouvelles formules de vie familiale. La technologie envahissante actuelle se dénichera une place créatrice au sein des solutions du développement futur. Bien sûr, il sera imparfait. Peut-être sommes-nous à l’heure d’une civilisation orale ? Avec le langage primaire des textos, Twitter et des écrans tactiles, je soupçonne moins l’utilité d’une langue écrite complète. On pressera sur des idéogrammes et les mots ne seront que des onomatopées. Ce ne sera pas nouveau. Les langues ont bien souvent changé et évolué au cours de l’Histoire. Pour le mieux ou le pire. Pourquoi pas cette fois-ci encore ? Car ce n’est que l’environnement de l’homme qui change ; lui, sera toujours le même.
Le jeune homme d’aujourd’hui dans la rue avec sa casserole deviendra l’homme qui déblatérera les mêmes doléances que moi à l’égard de la jeunesse quand il sera vieux à son tour et qu’il aura vécu 50 ans de plus.
Je viens de vous découvrir… Bravo!
Je me reconnais beaucoup dans vos propos… et votre vison de la vie.