Nous sommes face à la volte-face d’un visionnaire.

En juin 2021, j’avais écrit un texte qui s’intitulait : « Le tunnel de Québec, l’œuvre d’un chef visionnaire ». J’y citais la liste des œuvres qui ont marqué l’Histoire grâce à la vision d’un chef. Bien souvent, la vision fut décriée par beaucoup d’opposants.

Plus près de nous, le maire de Montréal Jean Drapeau, impressionné par le métro de Paris, décida de doter sa ville d’un métro. Que serait aujourd’hui, la métropole de Montréal sans l’initiative du chantier magistral du premier métro ?

Rappelons-nous le holà négatif autour de la construction de la Tour Eiffel à Paris. Celle-ci est devenue le symbole de cette capitale. Que serait Paris sans cette tour ? Et si Eiffel avait abdiqué !

Rappelons-nous la nationalisation de l’électricité au Québec par le tandem Lévesque-Parizeau.  Hydro-Québec est devenue un joyau économique du Québec. Robert Bourassa n’a-t-il pas été la bougie d’allumage du barrage de la baie James ? Et s’il avait capitulé devant les détracteurs, où en serait-on aujourd’hui ?

Et dans mon texte de 2021, j’avais nommé une dizaine d’œuvres encore existantes de visionnaires qui ont marqué l’Histoire sur la planète.

Aujourd’hui,  je vois s’éteindre la flamme visionnaire d’un chef d’État, soit celle de François Legault.  Lui, qui avait anticipé  l’avenir de la région de la Capitale du Québec à une bouffée d’air économique importante.  Donc, contrairement aux avis technocratiques, il a cru à une hausse du nombre d’automobiles aussi bien électriques qu’à hydrogène, sans compter la majoration du transport des produits par les camions !

La ville de Québec ne doit pas se contenter d’être une ville, mais doit élargir son rayonnement à tout l’Est et à tout le Nord du Québec. J’ajoute la région sudiste, Beauce, Appalaches, en incluant l’agglomération de la ville de Lévis.

Tout ce large fief n’est pas propice ni habitué au transport en commun. Quel est le profil lévisien et québécois, actuel et futur, des utilisateurs peu probables des transports en commun transfluvial ? À ces derniers, je ne vois pas les Rimouskois, venir en auto, et emprunter ce transport en commun. La même chose pour tout l’Est et le Nord.

Cet immense territoire Est-du-Québec vivra certes une augmentation des véhicules à quatre roues ou plus. Nous sommes face à une  population qui continuera à s’accroître et à allonger ses voyages pour emprunter les deux ponts de Québec !  Imaginez le Rivelouvois ou le résident de la ville de Matane qui veut se rendre à l’île d’Orléans !

Deux ponts ! L’un d’eux, le vieux pont de Québec approchera bientôt à sa fin de vie utile dans quelques années. Le pont Pierre Laporte a déjà cinquante ans et nécessitera plus souvent des travaux d’entretien.

Intelligemment, comme il faut envisager une décennie pour construire un pont ou un tunnel, ce n’est pas dans dix ans qu’il faudra inventer et planifier un troisième lien pour traverser le fleuve. Ce qui porterait à vingt ans, l’utilisation potentielle d’un troisième lien, peut-être d’un deuxième lien si on envisage que le pont de Québec ait perdu sa traversée en toute sécurité.

Tout le développement de la ville de Québec risque d’être diminué ou embourbé sans une traversée fluviale au nord. Les seules données connues que l’on dévoile à ce jour datent tout juste après la pandémie et n’appartiennent pas aux prévisions du futur.

Nul doute que la ville de Lévis connaîtra une expansion industrielle générée par les installations maritimes. Une grande agglomération transfluviale s’annonce.

C’était là le discours et la vision du chef de la nation en 2021. Entériné par ses supporteurs ! Évidemment, le coût du troisième lien est faramineux et sera encore plus coûteux si le report du projet dans le futur s’avère évident. Pourtant, le Grand Québec exige un chantier de structures innovantes, à court terme, pour jouer son rôle de Capitale de notre État.

À l’image de l’agglomération de Montréal aux multiples ponts, aux multiples rames de métro, à une écurie phénoménale d’autobus et à l’établissement d’un REM ambitieux et drôlement onéreux qui lui confèrent son rôle de Métropole.

Les investissements qui y sont consentis depuis peu constituent, par personne, une démesure en comparaison à la région de la Capitale.

La vision première de François Legault n’était pas un projet emprunté aux technocrates sur leurs planches à dessin et dans leurs livres de statistiques. C’est pourtant ce que lui ont reproché ses opposants auxquels se sont joints les médias et leurs multiples commentateurs !

Il a attendu l’avis des dits experts pour plaire à cette frange d’irréductibles et faire montre d’humilité en adoptant un recul ! Et déplaire à ses supporteurs plus nombreux qui partageaient sa vision d’un chef d’État. Comme moi.

C’est à son expérience et ses observations qu’un René Lévesque à eu la vision d’un pays, qu’un Jean Drapeau a eu la vision d’une grande ville et qu’un Charles de Gaule a eu la vision d’une France, qu’un Jack Kennedy a eu la vision d’un pays plus tolérant à l’égard des Noirs et plus incisif à l’égard des criminels et qu’un Gandhi a eu la vision d’une Inde pacifique et indépendante. Ils sont nombreux, ces chefs visionnaires.

Ce sont rarement les administrateurs, les technocrates et lesdits experts qui proposent de grands projets visionnaires.

Les opposants de Legault auront eu raison de lui. Il a abdiqué et s’est contenté, pour des raisons essentiellement politiques, à un tunnel consacré au transport en commun. Certes moins cher, mais trop cher, car moins pertinent, et si loin de sa vision plus étendue et aussi éloignée que la Gaspésie.

Nous sommes face à la volte-face d’un visionnaire. Adieu le chef d’État.

 

 

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