Les nombreux voyages qui ont orné la multitude des années de ma vie m’ont apporté des connaissances, des observations et opinions sur plein de sujets que je voudrais façonner avec vous au cours des textes que je vous soumets.
J’ai côtoyé les divers visages de la pauvreté à travers le monde. Quoique certains voyages se sont déroulés hélas dans les secteurs plus à l’aise.
Pendant les huit ans à naviguer autour de la mer des Caraïbes, nous avons mouillé l’ancre dans l’arrière cour de petits villages où vivent les plus démunis pour ne pas dire les plus pauvres de ces pays. Il y a plus de quarante pays tout autour de cette mer. De toute ma vie, je n’ai jamais autant côtoyé des êtres humains qui vivent dans un dénuement presque total. Tous les pays de ce coin du globe que j’ai visités logent une classe d’habitants très pauvres, privés de la décence minimale.
Ces pays comme le Guatemala sont gouvernés par une classe d’individus dont la richesse atteint l’indécence au détriment de leur peuple spolié. L’essentiel de la richesse, ainsi que le pouvoir, est en effet concentré entre les mains d’une minorité de gens très riches, des Espagnols ou leurs descendants, alors que la grande majorité de la population vit dans le dénuement.
Les statistiques fiables publient qu’environ 41% de la population du Guatemala est composée d’Autochtones. C’est précisément dans ce groupe, autant dans ce pays que les pays voisins, où l’on retrouve la plus grande pauvreté. Ils sont paysans ou ouvriers agricoles et leurs revenus sont à peine suffisants pour nourrir leur famille. Dans ces conditions, l’école est souvent inaccessible, les soins de santé inexistants et la justice une vraie farce. Juges et policiers sont sous-payés et arrondissent leurs revenus grâce la corruption. Avec un tel système, les pauvres sont toujours perdants et les riches gagnants. Le Guatemala et tous les pays voisins souffrent de taux de criminalité et de violence insoutenables, alors que 98% des meurtres ne font l’objet d’aucune enquête. Les journaux locaux que j’ai lus font leurs manchettes avec le nombre de meurtres qui frisent les records.
Tous ces pays qui longent la Mer des Caraïbes, que nous avons visités, sont donc livrés à la cupidité et à l’insensibilité de compagnies multinationales (parfois canadiennes) qui ont les moyens d’acheter des politiciens de grandes nations mais surtout locaux. Les travailleurs du Guatemala s’échinent 12 heures par jour dans des conditions effroyables pour un salaire de misère. Avoir des enfants au Guatemala, c’est accepter d’en voir mourir quelques-uns faute d’avoir les quelques dollars nécessaires pour payer le traitement qui les guérira.
Pour une grande partie de la population, rester en Amérique centrale comme au Guatemala, c’est se résigner à une vie où il est impossible d’imaginer que ses enfants et petits-enfants puissent avoir un futur meilleur. L’avenir est bloqué, le désespoir permanent. Il y a 1000 raisons de quitter ce pays. Ils ne sont pas des terroristes, ni criminels. Les migrants sont surtout des femmes, des enfants et aussi plusieurs hommes dont le seul espoir est d’échapper à une vie misérable. C’est pourquoi ils sont nombreux à parcourir 4000 km (souvent à pied) vers le nord en espérant qu’on voudra bien les accueillir.
Cette pauvreté extrême, que je décris et qui affecte le Guatemala entre autres, se retrouve partout sur le globe terrestre soit la terre entière.
Pourquoi ce sont toujours les Autochtones, les Mayas, les Noirs qui sont les pauvres dans tous les pays ? Dans certains pays, c’est toute la population entière qui se vautre dans un misérable dénuement, je pense à la République d’Haïti dans les Antilles, à la République du Siéra Léone en Afrique et à quelques autres qui vivent constamment des guerres civiles à répétition qui détruisent les infrastructures et affament les populations.
Pourquoi sont-ce toujours des dictateurs qui sont portés au pouvoir dans ces pays ? Les nouveaux élus deviennent des dictateurs qui s‘enrichissent allégrement à même les devises destinées à leur population.
Il me semble que les pauvres existent dans tous les pays tout comme les riches. Cette même richesse dont une partie suffirait à réduire l’essoufflement de la pauvreté sinon à l’effacer.
Comment les supers riches peuvent-ils dormir en paix en sachant que d’autres êtres humains dorment sur l’asphalte tout juste à côté. Combien de millions de dollars faut-il accumuler pour être heureux ? Pourquoi les « millionnaires » doivent-ils devenir des « multimillionnaires » ? Pourquoi, que devenir plus riche diminue la compassion envers les moins nantis ? J’ai côtoyé à l’occasion ces riches pour affirmer cette préoccupation.
Il est vrai qu’à chaque retour en ce pays qui est le mien, il me semble que nos pauvres sont moins pauvres que ceux-là que j’ai coudoyé au cours de mes séjours à l’étranger. Il y a peu de pays comme le nôtre qui offrent autant d’aides aux démunis même si nous souhaitons en offrir davantage.
Mais la pauvreté à divers degrés me semble un attribut de toutes les sociétés. Mais mon sommeil sera toujours troublé par la pauvreté extrême où des millions d’humains n’ont pas accès à un petit repas par jour, à de l’eau potable, à des toits solides pour se protéger des humeurs du climat, à de simples médicaments pour permettre aux enfants de survivre et aux adultes une vie plus productive et agréable.
Hélas ! Il me semble qu’il y aura toujours des pauvres et que la pauvreté est un attribut inhérent à toutes les sociétés.