Où seront nous dans 5, 10, 15 ou 20 ans ?

Quand les vieux atteignent un âge très avancé, la vie se métamorphose en une kyrielle de choix. Je profite de cette occasion pour vous dessiner la mosaïque de projets et de rêves qui nous illuminent.

 

J’ai 80 ans et ma compagne, 76 ans. Le nombre d’années qui s’offrent à nous diminue allégrement. Serons-nous là dans 5, 10, 15 ou 20 ans ? Les aléas de fin de vie nous réservent bien souvent des jouissances nouvelles et inopinément des souffrances indicibles que nous devrons vivre avec la plus grande sérénité. Comme la sénilité et les maladies de fins de vie.

 

Nous aimerions tous vivre ces dernières années dans cette coquette maison où nous avons coulé des instants mémorables. Même les gouvernements veulent allouer aux personnes âgées des dépenses de soins pour leur permettre de profiter de leurs dernières années dans cette coquette maison.

 

Diane et moi avions souhaité réaliser cette velléité. Mais il y a deux mois, nous en avons décidé autrement. Ma compagne voyait naître en elle une dystrophie musculaire et, pour ma part, le nerf sciatique me faisait souffrir de plus en plus, tandis que la force diminuée de mon corps m’envoyait des signaux.

 

Les travaux de la maison devenant plus impérieux, nous envisagions qu’un jour nous prendrions éventuellement la décision de joindre les vieux qui ont choisi d’emménager dans une résidence regroupant les personnes âgées. Serons-nous, ce jour-là, capables psychiquement et physiquement d’entreprendre les exigences qu’exige un tel déménagement ? Ne vaut-il pas mieux que nous le faisions maintenant ?

 

Ceci implique qu’il faudra vendre la maison et se débarrasser de tous les objets inutiles et encombrants, car dans lesdites résidences, les espaces de rangement sont confinés dans des lieux extrêmement restreints. Même les souvenirs ne sauront pas y trouver une niche.

 

En considérant l’avis d’un ami qui venait de terminer un tel aménagement, il nous apparaissait évident qu’il valait mieux s’atteler à cette tâche maintenant, aujourd’hui, alors que nous en avons le courage. Oui, en avoir le courage alors que nous savons surmonter nos malaises de petits vieux. Ça risque d’être plus compliqué plus tard. De la paresse des vieux corps naîtra la pénible corvée.

 

Et nous voilà sur les rails. Il importait de vendre la coquette  maison avec regret. Incroyable, il n’a fallu que deux jours et treize visiteurs-acheteurs potentiels pour enfin souhaiter la bienvenue aux nouveaux propriétaires. Un jeune couple est tombé en amour avec la coquette maison et heureux de l’habiter.

 

Mais tout se déroula trop vite pour nous  afin d’en faire le deuil. À notre âge, l’attachement à certains de nos biens, surtout à ceux qui ont épousé notre bonheur, est un témoignage sentimental aux belles années que la vie nous a offertes.

 

Une résidence pour personnes âgées semble répondre à nos critères recherchés. Nous voilà en route à la recherche de celle qui nous abritera durant l’écoulement de nos vieux jours.

 

Commençons la visite des deux habitats au cœur de notre ville afin d’y trouver un environnement familier. Nous souhaitons y dénicher un appartement de quatre pièces et demie. Une chambre. Un bureau. Un salon et une cuisine. Sans oublier le garage intérieur pour être à l’abri des mauvaises humeurs du climat. Un caprice de notre âge.  Déception : il n’y a aucun 4 ½ disponible et les places de garages sont accaparées par de longues listes d’attente.

 

Il faudra s’éloigner. Il faudra beaucoup magasiner. Et faire beaucoup de route. Pour découvrir que les résidences ont peu de rangements, peu de tiroirs, peu d’armoires, etc., et qu’il faudra se départir de plusieurs items pour arriver à s’installer.

 

Finalement notre choix s’est arrêté sur une résidence pour aînés à une heure et demie de route, dans une ville où il sera nécessaire de tout apprendre. De créer de nouvelles amitiés. De rechercher un médecin de famille. De recommencer à 80 et 76 ans.

 

Voilà ce que c’est que de quitter sa coquette maison dans la crainte d’y vieillir sans les équipements et les soins appropriés.

Une histoire à suivre.

CLIQUEZ ICI pour retourner à l'ACCUEIL.

3 réflexions au sujet de « Où seront nous dans 5, 10, 15 ou 20 ans ? »

  1. Salut désolé pour vous mais comme vous avez mentionné le cousin de Diane a désormais fait face aux memes choses que vous et semble bien s’en tiré . Je vous souhaite bonne (retraite) et bonne chance dans votre nouvelle aventure .Je ne vous envie pas car dans quelques années j’airai peut-etre la meme décision a faire.Cela dit Claude n’arrete pas d’écrire j,aime tes textes .

  2. Diane 72 ans, Montérégie
    Oui, il n’est pas facile d’avoir à faire l’inventaire de tout ce que l’on a accumulé au cours des années. C’est un peu faire le deuil de chaque étape de notre vie.
    Dernièrement j’ai jeté les dessins que mon fils avait fait à la maternelle, il a 43 ans. J’ai remis à ma fille tous ses livres, cahiers d’école et collection de  »stickers » ainsi que ses trophées de musique. Il ne reste plus que les vêtements qu’ils portaient la journée de leur baptême ainsi que leur cierge de baptême et beaucoup de photos. J’ai été surprise de voir avec quelle facilité, eux, ont jeté tout ce que je leur ai remis.
    Maintenant, j’ai beaucoup trop de vaisselle, de chaudrons, d’assiettes à tarte, de moules à gâteaux, d’ustensiles, de vêtements, de livres, de bibelots, de toiles peintes par ma mère, personne en veut. Les quelques organismes de bienfaisance qui ramassaient toutes ces choses n’en prennent plus. Trop de babyboomers font le grand ménage en même temps, ils n’ont plus de place pour entreposer tout ce matériel. Dommage beaucoup de ces choses sont encore bonnes. J’utilise encore la rôtissoire de mon arrière-grand-mère.
    Dans 10 ans, je serai octogénaire, dans 15 ans je serai sans doute morte. Oui, il faut penser à notre grand départ qui arrivera sans doute au moment où on s’y attendra le moins, peut-être plus vite qu’on le souhaiterait. En espérant que le coût de la vie nous permettra de vivre dignement. Car au rythme où ça va c’est l’inflation qui nous tuera.
    Bonne chance dans ce changement de vie, vous verrez on s’habitue à tout.

  3. Surprise pour moi ce matin…
    C’est un choix auquel nous serons tous confrontés un jour !
    C’est le choix de ceux et celles qui ont la chance de profiter de cette VIE, remplie d’embûches, mais aussi de pleins d’autres bons moments inconnus, qu’il nous reste encore à savourer…
    Bravo Diane et Claude pour votre courage

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *