Québec est le champion des subventions aux entreprises

Pourquoi les entreprises ont-elles autant besoin de subventions gouvernementales pour fonctionner ?  Les capitalistes qui critiquent la lourdeur et les décisions sociales des gouvernements sont les premiers à réclamer des subventions, des prêts ou des crédits d’impôt. Que soit pour couvrir des pertes ou s’associer à des programmes.

Certaines entreprises ont même un département ou une personne pour découvrir les programmes disponibles. Il est aberrant que ces tenants de la libre entreprise soient aussi gourmands des dollars de l’État alors qu’ils en réclament la réduction de sa taille. Ce sont ces mêmes entreprises choyées qui abreuvent l’État avec parcimonie les impôts sur leurs profits ou transfèrent ces dits profits dans des paradis fiscaux.

L’histoire de Ubisoft est truculente. Depuis dix ans, cette compagnie du multimédia reçoit un crédit de 37,5% sur les salaires ce qui lui permet d’offrir des salaires  plus élevés que ses concurrents locaux.

Ces derniers dont M.Boyko, président de Stingray, proclament qu’ils sont désavantagés puisque Ubisoft débauche leurs employés spécialisés. Alors qu’il y a une pénurie. Il réclame l’équité.

 

Selon Gérald Fillion de Radio-Canada, c’est 160 millions $ de crédits d’impôt pour les 1000 emplois promis par Ubisoft au Saguenay et ailleurs au Québec durant une période de 10 ans soit jusqu’en 2027.C’est 160 millions $ d’impôt  en moins à payer pour Ubisoft. En somme, le gouvernement québécois fera un chèque à l’employeur plutôt que l’inverse.

 

Selon Alexandre Moreau de IEDM, « Ubisoft a touché 85 millions en crédit d’impôt pour maintenir 3600 emplois permanents. »

 

« Ce crédit est alloué à toutes compagnies étrangères en multimédia pour s’installer au Québec. Une iniquité » selon M. Boyko.

 

Plusieurs compagnies profitent de ce programme. Ils exigent des bonbons de cette nature pour choisir le Québec. Le premier ministre sort alors son chéquier. Une forme de chantage ! Pourquoi l’Ontario accueille-t-il plus de belles entreprises sans pour autant ouvrir la caisse ?

 

C’est scandaleux et ridicule, lance le PDG de Coveo, Louis Têtu. La grande majorité de ces compagnies, comme Ubisoft, Google et autres, n’ont pas leur siège social au Québec. Moi, je dois aller chercher mes employés en France à cause de cette compétition.

 

Le Québec verse deux fois plus de subventions aux entreprises que l’Ontario, en proportion de la taille de son économie. Cette politique n’enrichit pas les Québécois, soutient une publication lancée en janvier 2018 par l’Institut économique de Montréal (IEDM).

 

« Le total des subventions accordées par le gouvernement du Québec aux entreprises privées a atteint au minimum 3,1 milliards $ en 2016-2017, alors que les recettes de l’État provenant de l’impôt sur le revenu et le gain en capital des entreprises se sont élevées à 7,5 milliards $.

 

Pour chaque dollar que Québec perçoit des entreprises privées, au moins 41 cents sont dépensés sous différentes formes de subventions » écrit l’IEDM.

 

La publication affirme aussi que tenter de soutenir l’économie à l’aide de subventions entraîne des effets pervers qui nuisent à la croissance.  L’État se trouve à politiser l’entrepreneuriat, ce qui empêche l’allocation optimale des ressources.

 

Combien d’entreprises sont des parasites des programmes de subventions sous une forme ou une autre ?

 

 

Pour chaque tranche de 100 $ générée par son économie totale, le gouvernement dépense 86 cents en subventions sous différentes formes.

 

Dans des provinces comme l’Ontario, l’Alberta ou le Nouveau-Brunswick, ce montant n’est respectivement que de 40, 39 et 29 cents. Ainsi, bien que le Québec ne génère que 19 % du PIB total des provinces, il octroie près de 29 % des subventions versées par celles-ci.

Le Québec est de loin la province où il se verse le plus de subventions par habitant.

L’ensemble des subventions a totalisé 3,1 milliards de dollars au Québec, soit l’équivalent de 794 $ par habitant. Cette somme est 57 % plus élevée que la moyenne des autres provinces. L’Île-du-Prince-Édouard et la Saskatchewan suivent le Québec, avec 634 $ et 528 $ par habitant respectivement. L’Ontario est à 410 $ et le Nouveau-Brunswick est le moins dépensier à ce chapitre soit 290 $.

En moyenne, le fédéral contribue à 16 % du total des subventions annuelles, les provinces à 65 %, et les administrations locales (municipalités) à 19 %. Au Québec, la part provinciale des subventions est à 73 %.

Les exemples suivants sont de notoriété publique et ont fait la manchette des médias.

La capitaliste famille Desmarais a retiré ses billes de La Presse avant que le gouffre financier les atteigne. Elle a refilé la patate chaude à l’État et aux donateurs philanthropiques qui devront materner la compagnie sans but lucratif pour lui permettre de survivre.

La capitaliste famille Bombardier grâce à de juteuses subventions sous différentes formes a embarqué le gouvernement dans la polluante Cimenterie McInnis à Port-Daniel en Gaspésie. Avant même d’ouvrir, cette dernière s’est retrouvée devant un gouffre financier que la Caisse de Dépôt a pris à sa charge pour lui permettre de survivre. Le projet devait couter 1,25 milliard et s’est élevé à 1,5 milliard. Ce qui équivaut à un investissement de 7,5 millions par emplois.

Le privé, donc Bombardier, a investi 375 millions. Qui a investi le reste ?

C’est cette même famille Bombardier qui a encore frappé à la porte de l’État pour investir plus de 1 milliard de dollars pour sauver le projet de la C-Séries.

Comment ne pas souligner  CGI d’une plus grande envergure sur le plan international qui ouvrira sept succursales au Québec. À Drummondville, pour 300 employés sur 5 ans, elle recevra 5,000 $ par emploi plafonné à 200,000 $ par année.  Pour une compagnie qui déclare déjà 43 millions de profit au Québec.

En février, les actionnaires actuels de Téo Taxi, soit la Caisse de dépôt et placement, le Fonds de solidarité FTQ, Fondaction CSN et le fonds XPND Capital, soutenus par le bras financier du gouvernement, Investissement Québec, ont donc réinjecté 17 millions $ dans l’entreprise. Pourquoi le gouvernement Couillard a-t-il discrètement ajouté deux prêts totalisant seulement 4 millions $ à l’entreprise Téo Taxi d’Alexandre Taillefer, quelques mois seulement avant que celui-ci ne devienne président de la campagne électorale du Parti libéral du Québec.

Des voix au Québec s’élèvent pour demander les mêmes subventions pour tout le monde.

En conclusion, les grands du monde capitaliste qui déplorent l’obésité des gouvernements sont les premiers à vivre aux crochets de l’État.

Et le gouvernement québécois est le champion des subventions décernées à ces mêmes compagnies, qui n’en ont pas besoin.

 

 

 

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Une réflexion au sujet de « Québec est le champion des subventions aux entreprises »

  1. Les entreprises détiennent un pouvoir, le pouvoir de créer des emplois. Les politiciens ont besoin de beaucoup d’emplois pour se faire élire et conquérir le pouvoir. Les entreprises ont compris ça depuis longtemps. Tu me subventionnes, je crée des empois, tu es élu pour me récompenser tu me resubventionnes. On est copain-copain. Ça marche comme ça.

    Il est aussi important que le peuple travaille, tout le monde a besoin de nourrir sa famille. De plus ce sont les travailleurs qui payent fidèlement année après année les impôts et les taxes ce qui permet au gouvernement de donner des services à la population. Quand j’entends dire que l’école est gratuite et les soins de santé sont gratuits ça me choque. Non ce n’est pas gratuit c’est nous qui les payons. Au lieu de défrayer au moment ou tu utilises les services, tu déraies les coûts toute ta vie. C’est tout de même un bon système pour l’égalité des chances mais nous le payons.

    Avec la mondialisation il est beaucoup plus payant pour une entreprise de s’installer dans les pays du tiers-monde les salaires y sont si bas et conditions de travail exécrables. Aucun entrepreneur n’a de scrupules à exploiter ces gens. Ils s’en lavent les mains.Quand ils se font critiquer, ils font un acte de contrition et ils recommencent. Donc ces pays sont en somme nos concurrents ce qui permet aux entreprises de nous jouer les uns contre les autres. Si tu ne me subventionnes pas je vais m’installer ailleurs. Les entreprises sont robotisées et le nombre d’empois diminue donc on se bat pour les avoir. C’est là que la valse des subventions entre en jeu. Si tu veux m’avoir dans ton pays tu dois me subventionner j’irai là ou c’est le plus payant pour moi et mes actionnaires. Et si je réussis a avoir une très grosse subvention le conseil d’administration et les actionnaires accepteront de me verser un gros bonus parce que j’aurai été celui qui a réussit à soutirer la plus grosse subvention au pays. Je serai un  »winner » et les  »con »tribuables n’auront qu’à payer. Ce n’est pas pour rien que des compagnies comme les Google de ce monde sont multi-milliardaires. Et ils en veulent toujours plus.

    Je crois qu’un nombre important d’emplois au Québec est subventionné. Si les subventions tombaient, je ne sais pas ce qui arriverait. Une économie artificielle, je ne sais pas comment tout ça va évoluer. Les grosses compagnies québécoises sont très subventionnées. Pour les PME c’est plus difficile d’avoir droit aux subventions. Je ne sais pas si le fait de parler français attire moins les entreprises ou si ça n’a aucune importance. Est-ce pour cela que l’on subventionne plus au Québec? Pourquoi aller dans un coin de pays qui parle français quand la langue universelle est l’anglais. J’aimerais une étude sur ce sujet. Comme l’Ontario, l’Alberta, la Colombie Britannique sont plus riches, les compagnies ont peut-être tendance à y aller plus facilement sans grosses subventions. En tout cas les compagnies savent qu’au Québec les subventions sont plus importantes. Et souvent lorsque les subventions ne se renouvellent pas ils ferment et déménagent.

    Très bon article monsieur Bérubé.

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