Nous avons tous des livres de chevet qu’on lit avec intérêt et réflexions. Ce sont ces livres qu’on ouvre à l’occasion pour les consulter, pour rafraichir certaines réflexions. Souvent ce sont des bouquins de spiritualité, de croissance personnelle qui siègent sur une tablette choisie de la bibliothèque. Parmi ceux-là se trouve un livre plus pertinent que j’ai feuilleté occasionnellement pendant de nombreuses années soit « Pour une vie réussie, un amour réussi. »
L’auteur Arnaud Desjardins, un regretté philosophe célèbre en France, a séjourné une quinzaine de fois en Asie à côtoyer les maitres tibétains, hindous, zen, soufis et particulièrement un indien Sri Swamiji Prajnanpad dont il a rapporté une documentation importante pour ce livre. Plusieurs passages vont agrémenter le texte qui suit. Arnaud Desjardins écrit pour expliquer le titre de son livre : « Une vie réussie ne doit que peu à la réussite, que celle-ci soit professionnelle, mondaine et financière, mais à une vie heureuse et comblée. » Par l’amour entre autres !
La désinvolture avec laquelle aujourd’hui on se marie, on divorce, on vit ensemble sans se marier, on change de partenaire, on se sépare montre que nous vivons dans un monde que nous ne pouvons pas considérer comme la norme du comportement humain. Comment être surs que nous ne nous trompons pas ? Sommes-nous faits l’un pour l’autre ? Ce n’est sûrement pas à travers les émotions et la brève fascination amoureuse qu’on trouve la réponse. Il ne suffit pas de baiser ou faire l’amour comme on dit faussement.
Selon son maitre Swamiji, « il y a 5 critères qui permettent de savoir si deux êtres sont faits l’un pour l’autre et si leur union conduira au bonheur et non à la souffrance. »
En contournant de longs passages si bien réfléchis en plusieurs pages, voici les cinq critères de Swamiji que je résume succinctement ainsi.
Le sentiment d’être deux compagnons, de vrais amis. Comme de vrais amis, savoir grandir, croitre, s’épanouir ensemble, progresser ensemble sur le chemin de la maturité sans les émotions mesquines et infantiles de l’égo. L’amitié dure. On dit facilement ma compagne, mon compagnon.
Être à l’aise, les choses sont aisées ensemble. Tout est aisé, facile. Tout se déroule facilement. Se sentir parfaitement bien avec l’autre. Je ne suis pas seul(e), il y a quelqu’un à mes côtés qui me comprend, avec qui j’aime partager et faire des choses…ensembles.
Deux natures qui ne sont pas trop différentes. Des études démontrent que la majorité des couples proviennent d’un même quartier. La fascination amoureuse ne tient pas compte de ce critère puisque de trop différentes natures, même s’ils sont amoureux, l’union sera battue en brèche par la réalité. Il faudra être fort pour durer. La passion éphémère ignore l’incompatibilité de deux natures.
Confiance complète et foi en l’autre. J’ai la certitude que l’autre ne peut me faire de mal, aucune nécessité de se méfier. Seule cette confiance complète élimine le poison de l’amour : la jalousie. Sur cette fondation de jalousie, aucun amour durable, susceptible de croitre, de s’épanouir n’est possible. Malgré la complémentarité qui repose sur la différence, il faut y ajouter la possibilité d’association, d’imbrication et de complicité.
Une forte impulsion spontanée à rendre l’autre heureux. (Il faut donner, mais l’autre doit recevoir). Si vous donnez, mais que l’autre n’a pas reçu ce qu’il souhaite recevoir, c’est comme si vous n’aviez pas donné. Il faut voir, comprendre et ressentir son ou sa partenaire. Trouver son bonheur dans le bonheur de l’autre.! Combien d’unions dans lesquels cette impulsion à vouloir rendre l’autre a disparu ! Si chacun prenait soin de l’autre, nous aurions un couple amoureux et heureux. Prendre soin de l’autre, n’est-ce pas là le visage de l’amour ?
Il est à remarquer qu’il n’est pas fait mention de sexualité dans l’énumération de ces critères, sinon sous l’expression de la fascination amoureuse.
Selon le grand maitre, il y a deux types d’attractions sexuelles. D’abord l’attraction sexuelle immédiate et de surface et une autre attirance qui peut conduire à des sommets érotiques. Cette dernière ne cessera pas de grandir si les cinq critères, ci-haut mentionnés, sont satisfaits. Une attirance qui vient de la profondeur de l’être. Il y a un aspect affectif et même spirituel qui s’exprime à travers cette sexualité. Il vient un temps où la belle sexualité prend le visage de la tendresse. Ce qui n’est pas le cas de la fascination de surface.
Pour une vie réussie. Arnaud Desjardins. Éditions La table ronde. 1985