Pitié pour les vieux! Avec un tel titre, on imagine tout de suite que je vais traiter du sort des vieux dans les CHSLD. Nullement ! Je veux aborder la PETITE HISTOIRE du monde électronique face aux personnes âgées. À 74 ans, je suis de la génération née bien avant l’arrivée de la télévision. J’avais onze ans quand l’image en noir et blanc du sauvage avec ses plumes est
apparue en primeur sur l’écran ovale. Je n’ai pas connu une enfance avec les jeux vidéo tout comme ceux de ma génération.
Si j’aborde ce sujet, c’est parce que l’électronique évolue à une vitesse tellement rapide que de nouveaux gadgets rendront les actuels obsolètes. Et moi, comme mes semblables, malgré tous nos efforts, je n’arrive pas imaginer mon environnement électronique lorsque j’aurai quatre-vingts ans. Quelle en sera ma compréhension ? Quels en seront mes besoins ?
Les jeux électroniques n’ont pas fait partie de mon éducation. À l’âge de vingt ans, j’ai participé à l’éclosion de la Révolution tranquille et à la construction d’un Québec modernisé. J’y ai voué ma vie sans le besoin de texto, sans téléphone cellulaire et sans internet. Ce fut le lot de tous les gens mon âge. Nous avons vécu tous les changements de la société et nous nous y sommes habitués avec les ans. À la fin de ma quarantaine est apparu le téléphone cellulaire avec sa grosse boite. Pour certaines entreprises ! Puis l’internet s’est immiscé d’abord dans les entreprises puis lentement dans les foyers. Je me souviens que, vers l’an 2000, beaucoup de gens commençaient à avoir une adresse courriel.
Je m’en souviens puisque j’ai quitté le Québec durant huit à bord de mon voilier en 1998. Les courriels n’étaient pas populaires. Lorsque je suis revenu au Québec en 2006, ce fut le choc culturel! Le Québec venait de vivre sa Révolution électronique. En seulement huit ans !
Tout le monde avait déjà son cellulaire à l’oreille, même les enfants. Non, pas les vieux. C’était la bienvenue de mes soixante-cinq ans : tomber dans la civilisation électronique sans en connaitre l’ABC. Alors que mes petits enfants semblaient en connaitre les rudiments. À l’aube de ma vieillesse, de peine et misère, je me suis familiarisé avec Word pour les documents et les images. J’ai même écrit deux livres grâce à l’ordinateur. Pendant ce temps, jusqu’à aujourd’hui, le téléphone est devenu intelligent, les textos ont même atteint la phase de la dépendance, les «I pad» fonctionnent maintenant avec écrans tactiles et ainsi de suite. Les dix dernières années, cette révolution a connu des avancés encore plus importants que les huit années précédentes. Tout laisse croire que la prochaine décennie connaitra des découvertes encore plus importantes.
Je ne suis pas téléphone cellulaire, je ne suis pas texto, je n’en ai pas besoin puisque les vieux de ma génération ne sont pas plus que moi des adeptes. Le téléphone et les courriels nous rendent bien service. La complexité de la compréhension de tous ces nouveaux appareils est affligeante pour ceux qui ne sont pas nés dans la potion magique. Ils ont pourtant bâti bien des acquis dont profitent les jeunes. Ce n’est pas l’absence d’intelligence, car c’est le cerveau qui n’a pas été structuré de cette façon à bas âge.
Si les générations qui suivent veulent prendre soin de leurs vieux, ils devront comprendre qu’ils doivent maintenir la communication. Non il n’est pas facile de comprendre le fonctionnement des gadgets qui pullulent. Tout va trop vite, l’être humain a besoin de temps pour assimiler. Ce sera aussi votre cas quand la vieillesse vous honorera.
Quand je serai plus vieux, on m’enlèvera mon téléphone résidentiel pour le cellulaire que je devrai apporter sur moi. Avec le risque de l’oublier quelque part, car les oublis augmentent en fréquence avec l’âge. Comment vais-je écrire un texte sur les appareils minuscules quand mes doigts trembleront. Qu’on ne rende pas trop vite obsolète la technologie d’aujourd’hui.
Je crains pour ma vieillesse lors de la prochaine décennie. Avec la longévité nouvelle, nous restons actifs plus longtemps. Souhaitons que cette longévité nous permette de vivre en accord avec notre temps. C’est pourquoi je clame d’avoir une pensée pour les vieux.
Je suis un peu comme vous, lorsque je réussis à maîtriser le fonctionnement d’un appareil dit »intelligent » et bien on en met un autre plus performant sur le marché et tout est à recommencer. On ne réussit pas à rejoindre la vague.
Je regarde ma petite-fille de 6 ans et tous ces gadgets font partie de sa vie depuis toujours. Elle n’a même pas besoin d’apprendre elle le sait d’instinct. Elle est de son temps. Cela fait partie de sa vie. Elle me dit toujours »c’est facile mamie » Mais voilà,mamie trouve cela un peu compliqué.
Je me souviens de l’arrivée de la télévision chez-nous, C’était tout un évènement, un grand jour. Tous les voisins nous enviaient. Nous avons gardé cette télévision de nombreuses années. Aujourd’hui on change d’I Pad et d’I Phone à tous les deux ans sinon on est plus dans le coup. De grâce ayez pitié de nous les vieux, on n’a besoin de temps pour s’adapter.
Maintenant tout se règle sur internet, n’essayez pas de communiquer avec un fonctionnaire on vous réfèrera au site internet du gouvernement. Si vous ne comprenez pas comment ça fonctionne on vous répondra »ça c’est pas mon problème ». Avez-vous remarquer comment on nous la répètent souvent celle-là. Ça devient offensant à la longue. On devrait se faire un devoir de répondre à une personne âgée au lieu de la référer à un site internet.
Nous sommes dans une ère de communication et de consommation on n’y échappe pas. Il faut essayer de s’adapter.