MON RÊVE : Une fête nationale…vraiment rassembleuse !

1946 ! J’avais cinq ans ! Je me souviens ! Il ne fallait pas oublier d’attacher un chapelet à la corde à linge la veille du défilé de la St-Jean pour implorer le divin à éloigner la pluie. Tout ce cérémonial m’impressionnait. À la maison, les préparatifs allaient bon train pour assister au défilé du 24 juin.  C’était la fête des Canadiens français. Et des Catholiques, devrais-je ajouter! 

Toutes les fêtes catholiques étaient marquées par des défilés paroissiaux d’envergure, mais les deux défilé des deux équinoxes soit celui de la St-Jean et celui du père Noël, trônaient sur tout le grand territoire de la métropole.  Je me souviendrai toujours de ce petit gars aux cheveux frisés et bouclés à côté de son mouton, bien juché sur le dernier char allégorique.  C’était Jean-Baptiste, l’image du berger sous des cieux  lointains.  Il était l’emblème du Canadien français, me disait-on.  Ô combien j’étais impressionné par ces personnages surdimensionnés qui défilaient sur des plateformes sur roues pour vanter les hauts faits de notre histoire. Les Saints martyrs canadiens,  Dollard-des-Ormeaux,  Madeleine de Verchères, etc.

Quel événement pour le p’tit gars et bien d’autres ! Nous faisions partie des Canadiens français, saupoudrés sur le territoire du Canada. Ma mère acadienne, mon père gaspésien et moi l’enfant montréalais, mon oncle Arcade en Ontario, l’énorme monsieur Gignac quelque part dans l’ouest et le cousin Égide qui travaillait aux States.  Tous unis dans une nation.  Puis, la vie adulte m’a éloigné de ce défilé qui a d’ailleurs disparu pendant plusieurs années.

Bien souvent en blague et parfois en insulte, la présence du mouton était évoquée pour représenter notre nation sous la protection de son berger Jean-Baptiste. La St-Jean était le symbole de notre nationalisme : le regroupement des francophones, porteur d’eau des Anglos. La notion de la  souveraineté se montra le bout du nez vers 1960. Des gens inspirants montaient sur les tréteaux. Le cours de l’histoire des Canadiens français prenait un cap différent. Vint un jour où la fête du 24 juin fut au cœur de manifestations nationalistes  identitaires. Il suffit de se rappeler des incidents et des affrontements du RIN et de la présence de P.E. Trudeau dans les estrades officielles.

L’appellation de « Québécois » s’inscrivit à l’ordre du jour.  Exit les Canadiens français et bienvenue les Québécois : les citoyens vivant sur le territoire du Québec. On ne faisait plus mention de la nation Canadienne française, ni de la souveraineté-association,  mais d’un pays à bâtir, avec des « Nous, connus sous l’appellation « de souche » et des « Eux, les néo-Québécois ».

La St-Jean fut transformée en fête de quartiers, en spectacles de variétés,  en fête officielle nationale : la fête des Québécois.  Les indépendantistes se l’ont appropriée.  Le 24 juin est devenu leur événement.  Les tenants de l’option fédéraliste, mêmes nationalistes convaincus, se sentant exclus, ont du se rabattre sur la fête du Canada.  La St-Jean, au lieu de rassembler, a divisé le peuple entre indépendantistes et fédéralistes, socialistes et libéraux, les Nous et les Eux.

2013 ! J’ai 71 ans !  Je me souviens de toute cette longue vie. J’en ai vécu toutes les péripéties. Si j’avais pris une photo du Québec en 1946,  elle aurait jauni tellement le Québec d’aujourd’hui a fait des gains. Tous les 24 juin, une émotion de patriotisme  et de nationalisme me traverse.  Malgré les ans, je suis heureux d’avoir conservé le pouvoir de rêvasser..

Je rêve qu’un jour une fête nationale réunira tous ces groupes pour célébrer ensemble. Que la Fête nationale puisse réunir les divergences. Que la fête nationale sonne le rassemblement de tous les citoyens qui veulent adhérer à notre nation « métissée »,  non à l’intérieur d’une clôture, mais d’une culture.

Je rêve d’une fête nationale où on glorifie nos héros passés  et nos héros d’aujourd’hui. En quelque sorte nos Prix Nobel.  Le prix de l’Excellence de La Presse en déniche déjà plusieurs.

Et la fierté peut aussi avoir une nation.

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