J’ai abordé dans mon billet précédent la transmission des grandes valeurs d’une génération à l’autre. Des adultes aux plus jeunes ! Mais surtout l’obligation faite aux vieux de transmettre tout le savoir d’une vie à la descendance. Sinon, quels seront les principes de vie qui animeront ceux qui suivent ? Quelles seront ces valeurs communes qui façonneront l’identité de notre nation demain ? Encore faudra-t-il que des jeunes écoutent et comprennent les plus vieux. Sinon, ce ne sera qu’un monologue dont la sécheresse ne permettra pas la moindre moisson. Et abrogera la fertilité de la terre de nos ancêtres ! Merci de me lire. Merci de lire les mots d’un p’tit vieux de 71 ans.
La kyrielle de valeurs nobles qu’on m’a enseignées m’a permis de vivre les méandres d’une vie entière guidée par la noblesse de l’âme et de l’être humain. Au cœur de cette multitude de valeurs, j’en ai extrait une, peut être deux, qui me semblent dominantes, que je retrouve au sommet de la pyramide : la générosité et la loyauté ! Commençons par la générosité qui touche tellement de facettes des vertus humaines. Tout être humain dévoué à sublimer son propre bonheur tendra à accroître la générosité, la compassion et le don de soi dans tous les actes de sa vie quotidienne.
Même l’Amour n’est qu’un des actes multiples de la générosité. Au-delà de la baise, de la fornication et de la procréation physique, ce sentiment avec un grand A fait appel d’abord au désir de prendre soin de l’autre, de permettre à l’autre de grandir, de s’élever, d’installer une complicité à participer au bonheur de l’autre, à combler cet autre du don de soi et faire preuve de loyauté. Sans attendre le retour. Quelle félicité attend cet Homme qui y voue sa vie !
Fonder une famille où les adultes et les enfants s’épanouissent, apprennent la solidarité, la justice et les grandes valeurs de la vie, où chaque membre participe au soutien et à la valorisation des autres, est la quintessence d’une marque infinie de générosité.
J’ai accepté la demande de Centraide de vérifier sur place l’action humanitaire de plusieurs organismes, de rencontrer ceux qui les animent et de justifier leurs besoins d’aide financière auprès de la direction de Centraide. J’ai fait la découverte d’un monde camouflé, du secret le mieux gardé de mon milieu. Il s’agit de l’action humanitaire d’une armée de bénévoles zélés, surtout GÉNÉREUX, auprès des plus pauvres de nos pauvres, de ces démunis de notre société, partout dans toutes les villes et petites municipalités et même dans des rangs isolés. Loin des nouvelles tendances individualistes et égoïstes, cette cohorte de bénévoles consacre plus d’heures que ceux qui travaillent (même que plusieurs ont déjà un emploi,) à venir en aide aux balafrés de la vie. Vous n’imaginez pas toute la générosité humaine, humble et noble, sans ostentation, qui déferle autour de vous, même si vous ne la voyez pas, et qui restaure une dignité à ceux qui l’ont égarée. J’ai été témoin de la magnanimité d’une partie de la race humaine et je tenais à vous la raconter.
Il y a aussi les comptoirs alimentaires, les tablées populaires, les popotes volantes, les Moissons qui distribuent des aliments. Nourrir un humain, n’est-ce pas le besoin le plus élémentaire ? Les cuisines communautaires qui enseignent comment apprêter des repas convenables autres que des tartines au beurre d’arachides pour une famille ou pour des solitaires avec un revenu précaire, sans oublier les multiples activités qui permettent à ces gens de sortir de leur isolement, les chèques pour l’épicerie de fin de mois pour éviter le jeûne et la faim atroce. Eh oui, cette générosité existe.
Quelle prodigalité apporte ceux qui accompagnent les handicapés et les aînés aux hôpitaux pour recevoir des soins, tout comme le gardiennage pour les personnes atteintes d’Alzheimer et autres afin d’octroyer à des aidants une demi-journée pour faire l’épicerie et multiples emplettes. Je note au passage les friperies qui habillent décemment les démunis, les recycleurs de meubles, qui fournissent les accessoires qui donnent du confort aux habitats précaires. La misère et la pauvreté sont présentes dans notre milieu, pas seulement dans le tiers-monde. Elles sont souvent, source de maladies mentales, de criminalité, de dépendances, d’alcoolisme, d’incestes, et de l’enfer de la drogue. Elles se transmettent souvent de génération en génération. On s’y enfonce comme dans le sable mouvant. Il y aura toujours des pauvres que toutes les sociétés créeront.
Il y aura surtout toujours des gens dont la vocation sera la générosité, le don de leur personne pour léguer de la dignité à tous ceux-là qui n’en ont plus. Il y aura toujours ces organismes qui solliciteront les nantis pour leur offrir l’occasion de participer à la grande œuvre du partage.
Comme des fourmis, les bénévoles nous réconcilient avec les dérapages de la nature humaine. Je ne pouvais le passer sous silence, ne pas en témoigner et ne pas dévoiler ce secret. Je serai certes moi-même plus généreux de mes sous et de mon temps quand on me sollicitera à l’avenir. La société a le devoir de prendre soin de ses pauvres.
Il suffit de voir notre population s’endetter pour des futilités électroniques au point de ne pouvoir consacrer à peine quelques sous, même aucun sou, pour soutenir la vocation bénévole de cette armée de zélés. Des études affirment que la dépendance aux gadgets électroniques atteint une trentaine d’heures par semaine. Autant de temps qui ne sera pas dévolu au bénévolat
On compte au moins entre un ou deux millions de bénévoles au Québec, selon les statistiques consultées. Quelles belles âmes que les aidants naturels qui doivent sacrifier une partie de leur vie ! Un frisson me parcourt quand j’entends le discours des syndicats qui osent affirmer qu’il s’agit d’une forme de « cheap labour ».
Le bénévolat n’est pas seulement une vitrine. Le bénévolat c’est aussi l’entraînement idéal, le chemin qui mène à la générosité. Quand on est généreux dans une situation, on l’est partout. Cela devient une caractéristique profonde de son tempérament. Tendre la main à un aveugle pour traverser la rue, céder sa place à un aîné ou une femme enceinte, ouvrir courtoisement une porte, prendre le temps d’indiquer un chemin, sortir les ordures, tondre la pelouse, sont autant de si petits gestes qui révèlent une nature généreuse.
Je l’observe plus rarement chez de nombreux plus jeunes. En écoutant l’émission de télévision, les Parent, que j’aime bien, les cheveux me dressent souvent sur la tête. Il n’est jamais question que les enfants rendent service aux parents sans qu’il soit question d’une rémunération. Dans cette émission, cela finit toujours par 10 dollars. Ou 20 dollars. Et des milliers d’enfants regardent cette émission. En fait, cette émission n’est-elle pas le reflet de la famille d’aujourd’hui ? Comment ça paie ? Voilà ce que j’entends si souvent quand je réclame un service. La motivation, c’est l’argent. Sans un soupçon de générosité. On a perdu le sens de rendre service gratuitement, par libéralité, sans contrepartie. Comme ce voisin qui rend service à l’autre… que pour rendre service. Un don généreux de soi. Déjà, on peut présumer que plus tard, ils oublieront de porter assistance aux vieux. La générosité est monnayable maintenant.
« Ce n’est plus pareil aujourd’hui », me répond-on. A-t-on trouvé une meilleure vertu ? Prendre soin, se préoccuper de ceux qui nous entourent n’est-elle plus d’actualité ? Suis-je si vieux, dépassé, radoteux, déconnecté en proclamant la générosité comme l’ultime grande valeur pour suggérer un mieux vivre ensemble et un mieux vivre avec soi-même ? Elle se retrouve dans l’actualité quotidienne de chacun de nous. Il y a des professeurs qui enseignent que pour le salaire et les conditions de travail. Il a aussi ces professeurs pour qui prendre soin de la jeunesse est une vocation. Il y a aussi des infirmières, des policiers, des restaurateurs aussi, et tous les autres. La vocation est une des manifestations de cette vertu. Le travail n’est-il qu’un gagne-pain ? Qu’une valorisation et réussite de carrière ? Ne peut-elle être empreinte de générosité, cette vocation ? En faisant la liste des valeurs qui grandissent l’Homme, on se rend compte que la générosité est présente et nécessaire dans chacune d’elles. Comme les six premières années de la vie la marqueront pour toujours, il est essentiel de transmettre cette vertu dès cet âge. Mais encore, faut-il être soi-même généreux pour la transmettre.
Quelle est votre opinion après la lecture de ce texte ?
Compassion et don de soi, me semblent en effet les valeurs humaines primordiales et je crois qu’elles se retrouvent en tout temps, même si une société comme la notre pousse à l’égoisme, la compétition pour satisfaire des besoins consuméristes économiques principalement
Merci pour ce partage
chaleureusement