La Commission sur la charte vue de ma loge.

Il vient un âge où on évite de parler d’actualité pour laisser la poussière retomber. Un recul a toujours ses vertus. La vie en elle-même apporte bien souvent les réponses ou des aspects échappés quand on avait le nez sur la vitrine. Il vient un âge où le temps nous est donné pour regarder intensément l’actualité et d’en observer son déroulement sans intermédiaires, sans attendre le bulletin de nouvelles de la fin de journée pour en saisir ce qu’on veut bien nous montrer.  Laissant aux nombreux commentateurs le soin de faire partie du débat, je me permets de vous confier des observations qui ajoutent parfois le sel et le poivre à tous ces mots qui virevoltent à la Commission de la charte.

Assis confortablement au fond de mon fauteuil, j’ai joui du privilège  de flâner en passant quelques heures devant mon téléviseur. Sans idées préconçues !  Quel plaisir j’ai eu à écouter certains mémoires d’individus ! La qualité des idées et des réflexions véhiculées étaient de haut niveau, de belles prestances qui ne pouvaient laisser indifférent l’auditeur que j’étais. Hélas  que la population, occupée à ses tâches quotidiennes, ne puisse y assister. Bien sûr, que toutes les présentations n’étaient pas de valeurs égales, mais la majorité d’entre elles savait introduire de l’intelligence. Dommage que seules quelques phrases, souvent pas les meilleures, trouveront place aux bulletins du soir ou dans les pages du lendemain. Le débat sur la charte n’est pas terminé, il fait des pas en avant par cette présentation des mémoires réfléchis.  Il faut les entendre jusqu’au dernier.

Loin d’être un partisan du ministre Bernard Drainville, il m’est important de souligner la qualité de ses interventions, de permettre aux intervenants de mieux préciser leur pensée. On voit qu’il connait bien les mémoires. Quelles tâches il doit s’astreindre, jour après jour, à lire tous les mémoires en profondeur. Je lui donne une belle note de confiance. Il domine cette assemblée. Comment tiendra-t-il le coup pour la durée de deux cent cinquante mémoires ?  Il faut avouer que Bouchard et Taylor ont fait plus encore.

Ma plus grande déception est la participation du Parti libéral, duquel je me serais attendu à plus d’étoffe.  Marc Tanguay n’a pas l’envergure de cette assemblée et ses interventions apportent peu sinon une partisannerie évidente. Ce qui me semble être la stratégie de ce parti. Plutôt que de contribuer aux idées, on sent le désir de faire tomber cette commission en tirant le tapis sous la table.

Il est de tradition de ne pas dévoiler les mémoires avant leur présentation. Pourquoi l’ex-bâtonnier  du Québec, maintenant nouveau député libéral,  a-t-il propagé une fuite bien en avance du temps alloué au mémoire du Barreau du Québec ? Pour les journalistes une « fuite » a toujours la préséance sur les mémoires du jour.  Au détriment de ces derniers  à qui échappera la notoriété attendue.  Hélas! On a mis le couvert sur ces présentations.  Un ex-député a été le seul à proposer un compromis honorable en ce jour de « fuite ». Suis-je le seul à l’avoir entendu?

Comme par hasard, une deuxième  « fuite » ! Celle-là du Conseil des droits et libertés, qui aborde aussi la légitimité légale de la Commission de la charte.  Comme si la livraison d’un mémoire avant son temps lui conférait une priorité à ceux livrés le jour même, en les noyant aux bulletins. Heureux je fus de profiter d’une loge devant mon téléviseur à écouter les échanges parfois sibyllins,  parfois limpides, mais surtout réfléchis.

« Ils se mettaient à quatre pattes sur un petit tapis pour dire leurs prières ». Voilà la phrase assassine, le fait divers qui excite les journalistes et commentateurs au point de donner une importance sans borne à un mémoire qui ne méritait pas qu’on s’y attarde. Encore une fois au détriment de mémoires plus étoffés.  En somme, si vous voulez qu’on parle de vous, il suffit d’une fuite ou d’un mot-choc ou d’une phrase-choc.

« …divise… »  J’entends souvent ce mot pour qualifier ce débat de société. N’est-ce pas normal de débattre lors d’un débat ? Il y a des pour et des contre. Quand le projet est rassembleur et donne lieu à un consensus, il n’y a plus de débat.  Je trouve ce débat sain.

Je suis surpris de voir qu’un petit groupe, soit les employés portant des signes ostentatoires  dans un travail pour l’État, tient en otage toute une société. Leur sort semble émouvoir bien des citoyens et groupes. Dans les faits, il ne s’agit que d’eux, qui font divergences. Tout le reste du projet de charte semble recueillir un consensus. Du moins, à ce  que j’ai entendu ces derniers jours.  S’il ne fallait que régler ce point, je me rallierais à la proposition de compromis  dans le mémoire de l’ex-député Michel Gauthier, d’accorder le privilège du droit acquis à ces gens et d’appliquer l’interdiction aux nouveaux arrivants. D’ici 20 ans, par attrition, les  objectifs seraient atteints. N’est-ce pas là un compromis suffisant qui pourrait joindre la CAQ et permettre son adoption.

Chose certaine, j’attends la fin de cette commission, le dernier mémoire, pour faire mon nid.  Comme je disais au début, il n’y a rien comme le recul pour  bien réfléchir. Rien ne presse tant et aussi longtemps que mon opinion ne jouera pas dans la balance.  En souhaitant la reprise de cette Commission en soirée, pour vous offrir l’opportunité de vous sustenter à l’original.

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