Les vieux doivent transmettre les grandes valeurs.

N’est-ce pas aux adultes, surtout aux vieux, de transmettre les grandes valeurs inspirées de la longue Histoire millénaire de la planète aux générations qui suivent ?

Dans les faits, quelles sont ces valeurs qui motivent les adultes, qu’ils ont apprises de leurs parents  et qu’ils lèguent, semble-t-il, à leurs enfants ?

Pourvu que les valeurs continuent d’exister au-delà ! N’est-il pas un devoir pour les vieux de ma génération de refiler tout ce que la vie leur a appris?  Encore faut-il que les générations qui suivent les écoutent. 

Les grandes valeurs sublimes et la morale ont toujours été un facteur identitaire pour les peuples et les civilisations.  Les principes de vie qui ont animé et qui animent encore les êtres humains peuvent être moraux, sociaux, éthiques ou philosophiques selon les groupes homogènes auxquels ils appartiennent. 

L’appartenance à une religion, à une nation ou à une philosophie, justifie le choix des valeurs qui nourrissent toute une vie.  Au Québec, les politiciens ont clamé bien haut que la laïcité, la langue française et l’égalité entre hommes et femmes sont des valeurs non négociables.  Mais les vraies valeurs ne s’arrêtent pas aux choix politiques. 

L’histoire et ses traditions lèguent à la postérité les principes d’un idéal  que partagent les multiples générations d’une même nation.  Elles peuvent varier d’une nation à l’autre.

Les religions dominantes ont toujours, au cours des siècles, proposé des valeurs morales qui ont façonné bien des cultures et civilisations.  Nous sommes à même d’être guidés par chacune de leurs influences.

Quand on atteint la vieillesse, on se rend compte que notre vie s’est déroulée dans l’observance de comportements dictés par des règles de vie dont nous connaissons judicieusement les bienfaits et les errances et qui ont moulé les caractères moraux auxquels nous avons appartenu.

Quand on constate le rejet de ces valeurs, qui ont materné nos vies, par les plus jeunes de la société, nous ressentons un malaise et une inquiétude pour la suite du monde.

La vie moderne avec ses communications électroniques rapides et ses informations à outrance génèrent  des changements trop fugaces d’une génération à l’autre ou d’une décennie à l’autre, et même plus éphémères.

Autrefois et même encore aujourd’hui dans la majeure partie de la planète, les valeurs se transmettent et durent pendant plusieurs générations comme des traditions génétiques.  Ce n’est plus le cas sur notre lopin de terre : le nombril du monde.

En visitant les Antilles, j’ai côtoyé les vieux Noirs dont les ancêtres avaient connu l’esclavage.  Dans leurs villages, le respect des vieux et de la famille étaient de grandes valeurs culturelles.  Je viens d’écrire « étaient » parce que ces vieux m’ont raconté que, depuis l’avènement de l’électricité, il y a quelques années à peine, la télévision a fait son apparition.  Ils associent à cette nouvelle intrusion  l’exode des valeurs familiales. Et, par conséquent, du respect pour les vieux chez les jeunes.  Sans négliger  l’apparition de la drogue qui vient de donner un coup de pouce à la criminalité et à la fainéantise.

Comme je l’écrivais quelques lignes ci-haut, voilà encore des vieux qui ressentent aussi un malaise et une inquiétude.  Que deviendront les jeunes, m’ont-ils confié ?  À quelles valeurs se raccrocheront les prochaines générations si elles refusent celles qui ont traversé les siècles ? 

Ma génération a été moulée par une kyrielle de principes dont la persévérance, la discipline, l’honnêteté, la vie, la loyauté, la famille, le sens de la communauté, le civisme, le bénévolat, le don de soi, la générosité, la compassion, l’amour des autres, la sobriété, la foi, le travail bien fait, l’effort, le respect de l’autre, l’autorité, la patrie, la solidarité, l’Histoire, les traditions, les rituels, la spiritualité, la passion, la bonne nourriture, le respect de ses parents, des ancêtres et leurs œuvres, la suite du monde par sa postérité et combien d’autres.

Les valeurs sont les gènes et l’identité d’une nation et de la nôtre en particulier.  Il serait faux de prétendre que ces vertus que je viens de mentionner ont nourri avec succès dans le passé tous les membres de notre nation.

J’ai connu aussi les malfaiteurs, les voleurs, les pervers, les exploiteurs, les violeurs et les violents, les haineux, les profanateurs, les envieux, les avares et les criminels qui ont observé des valeurs dévalorisantes ou n’ont rien observé du tout.  La nature humaine regroupe tous les individus nonobstant leurs rituels et leurs travers.

Mais les vertus nobles que je viens de citer permettent aux biens pensants de vivre selon des critères de respect et de valorisation de l’âme humaine.

Ô combien j’aimerais transmettre ces valeurs qui m’ont permis de vivre toutes les vicissitudes de la vie sans trop de dégâts et les grandeurs de l’âme et de l’Homme.  J’aimerais, mais…il me faudrait une tribune ou l’écoute des jeunes et des autres.

Même si l’intérêt face à l’Église catholique a connu un déclin, il est un fait que les valeurs chrétiennes continuent à couler dans nos gènes et nos veines.  Que les valeurs universelles qu’elle a véhiculées comme l’amour de son prochain et le respect de la vie et des autres sont toujours valables et opportunes en souhaitant qu’elles traversent le fleuve agité qui sépare les générations.

Même les athées s’en inspirent.  Qu’on le veuille ou pas, l’odeur des valeurs que toutes les religions chrétiennes ont semée chez nos ancêtres restera imprégnée pour longtemps au cœur des institutions dites laïques.

Pourtant je perçois aujourd’hui un déclin de la persévérance, la discipline, la vie, le sens de la communauté, le don de soi, le bénévolat, la générosité, la loyauté,  la foi, l’effort, le respect des parents, des vieux et des ancêtres, la spiritualité, les traditions, la suite du monde. Autant de principes de vie qui ne semblent plus faire partie du bagage des idéaux vertueux chez les jeunes.  Je généralise, je le sais.

Beaucoup de réflexions issues de ma  longue vie m’ont amené à me demander quelle est la valeur qui devrait se situer au sommet de la pyramide ?  Certains diront la foi, d’autres la vie et d’autres l’amour.  Bouddha a désigné la compassion.  Je crois que la générosité et la loyauté englobent, comme un tout, un « package deal », un très large éventail de valeurs humaines.  Je les épingle au sommet de ma pyramide.

Aborder un tel sujet n’est pas courant. Pourtant, dans la tentative de cerner l’identité québécoise, il est opportun d’aborder les changements qui nous font passer d’hier à demain.

Sans les vieux et leur savoir, comment transmettre les grandes valeurs et les vertus ? Il importe comme un devoir aux vieux de les transmettre sinon à quoi aura servi toute une vie à apprendre.

CLAUDE BÉRUBÉ

 

 

 

 

 

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