Ce texte est extrait de mon livre publié aux Éditions Québec-Livres sous le titre de « À 72 ANS, MOI AUSSI, J’AI UN MOT À DIRE ». Disponible dans toutes les librairies.
Jean Laliberté a eu une carrière de fonctionnaire à de hauts niveaux dans la fonction publique autant fédérale que provinciale, ce qui lui donne une solide crédibilité. Voici comment se termine son livre qui s’intitule “LES FONCTIONNAIRES” :
«…à l’exception des syndicats qui tiennent mordicus au monopole étatique, la plupart des observateurs croient que la meilleure façon d’accroître la qualité et l’efficacité des services publics est d’introduire un certain niveau de concurrence. Partout où il est possible d’introduire la concurrence, il faut s’efforcer de le faire. On pourrait ainsi réduire la taille de la fonction publique, faisant de celle-ci un moindre mal.
La plupart des services au public, en effet, peuvent être fournis aussi bien et même mieux par des entreprises privées, des coopératives et des organisations sans but lucratif que par des fonctionnaires. De plus, pour certains services, les municipalités s’avèrent plus efficaces que les gouvernements provincial et fédéral ».
Le tout dernier paragraphe de son livre se lit comme suit :
« Toutes sortes de solutions peuvent être utilisées par les gouvernements pour réduire le coût des programmes publics et améliorer la qualité du service aux citoyens et aux entreprises. Ces solutions passent par l’innovation, l’expérimentation et les projets-pilotes. Il importe avant tout de ne pas craindre de sortir des sentiers battus et de ne pas se laisser paralyser par les réactions négatives des syndicats.” Dixit Jean Laliberté.
Inspiré par le sujet de ce livre, j’aborde le sujet qui suit parce qu’il m’apparaît être crucial pour la suite des choses et que la vision qu’il m’inspire me semble la seule porte de sortie pour éviter un chaos organisationnelle dans les écoles et les hôpitaux.
LE MODÈLE DE LA SUÈDE : PUBLIC-PRIVÉ. Je me suis tapé plusieurs lectures sur l’expérience de la Suède, citée favorablement pour son orientation sociale-démocrate, la lecture de plusieurs rapports d’études réalisées au Québec, ainsi que le livre sur les fonctionnaires. Pour en arriver à la conclusion suivante. Pourquoi ne pas régler le contentieux privé et public qui échauffe tant les esprits, en rendant égales toutes les écoles…privées et publiques ? Avec une gestion autonome pour chacune d’elles.
La Suède finance à 100% les écoles privées et publiques en préconisant la coexistence de ces deux systèmes. De 90 écoles privées en 91-92, ils sont passés à 900 écoles pour les élèves de 6 à 19 ans en 2006-07, soit dix fois plus. Pas mal pour un pays à préséance socialiste. Ce système a complètement métamorphosé le paysage scolaire suédois, donné vie à des programmes et des méthodes très variées, dont une réponse convaincante à l’accueil des étudiants difficiles. En accordant aux écoles une très grande liberté de gestion et de méthodes pédagogiques, l’État leur a permis d’aménager avec succès des programmes scolaires novateurs. La gratuité du privé a même favorisé l’essor de nouvelles écoles plus dynamiques dans des quartiers défavorisés. Tous ces résultats étaient imprévisibles. Ils sont l’œuvre d’audace et d’expériences originales. Je cite ici des constats de spécialistes.
L’État s’engage à financer la scolarité des enfants dispensée par un établissement privé ou public, selon son programme : « CHÈQUE ÉDUCATION ». Le choix de l’école appartient aux parents qui choisiront la meilleure école pour leurs enfants et leurs attentes. Privées ou publiques, les écoles sont incitées à s’adapter à cette concurrence, car ceux qui attirent le plus d’élèves reçoivent le plus de financement ; le financement se distribuant par tête d’étudiant. En retour, aucune école ne peut demander des droits de scolarité en supplément. Elles sont toutefois autorisées à recevoir des donations privées.
Cette orientation démontre que les services à la population y gagnent à être desservis grâce à une structure allégée faisant appel à la concurrence. Si une école (publique, privée ou autre) réussit une belle performance financière, elle conserve ses profits ou suppléments qu’elle pourra affecter aux meilleurs services de son choix. Chaque institution embauche ses professeurs et élabore avec ceux-ci des objectifs de résultats et des moyens de contrôle.
En somme, la fonction publique doit se retirer du service direct à la population, comme les écoles, et confier celui-ci à l’entreprise privée-publique, avec ou sans but lucratif. Que chacun opère dans la fonction où il excelle, spécifie l’auteur. Ce serait là une cure d’amaigrissement pour la fonction publique tout en incitant les entreprises à répondre aux attentes de l’État et des citoyens. Un État fort et des services allégés ! Et assurer un futur vivable !
Dans la poursuite du même objectif, ne serait-ce pas équitable que tous les hôpitaux soient aussi autonomes et de propriétés privées ou publiques ? Avec des balises précises et des contrats de rendements, le patient, actuellement une source de dépenses, devient plutôt une fontaine de revenus. Il y a consensus que le mode de budgétisation actuel n’incite pas les hôpitaux et les CSSS à soigner davantage et mieux les patients. Comme en éducation, il faut laisser opérer les avantages de la concurrence entre les établissements qui les incite à s’améliorer en qualité et en coût. La Suède et l’Allemagne sont deux pays qui font partie, entre autres, de mes références en matière de services privés et publics. Je vous transmets ci-après une information pertinente concernant l’Allemagne.
« Selon un organisme international, l’Allemagne se situe au 2e rang pour la meilleure performance du système de santé. Tandis que le Canada se classe au 25e rang en y affectant le même argent soit 12%. Trois structures hospitalières germaniques y caractérisent le fonctionnement. Soit le privé sans but lucratif, le privé avec but lucratif et le public pour la moitié. Les hôpitaux se concurrencent pour attirer des patients. Ils sont rémunérés par tête de patients. Seule une meilleure qualité de soins attire plus de patients, donc plus de profits. Les périodes d’attentes sont si minimes qu’on n’en parle même pas. L’inspection des soins a relevé 9% plus de problèmes dans les hôpitaux publics que dans le privé, sans sélection de clientèle. »
Au chapitre des assurances, le privé n’a pas fait la preuve de sa pertinence. Ces compagnies exercent un pouvoir exagéré sur le choix des soins qui échappe aux patients. L’assurance-maladie de l’État a déjà démontré sa pertinence dans la surveillance de la qualité des soins et du meilleur rendement avant de payer.
Au diable les super structures gouvernementales ! Ne sommes-nous pas devant le seul moyen d’éliminer la tutelle des hôpitaux et des écoles par la monstrueuse bureaucratie de la machine gouvernementale ?
Quand on sait qu’en dix ans, le gouvernement du Québec a investi, soit ajouté $ 5 milliards en peu d’années dans le réseau de la santé pour soi-disant désengorger les salles d’attente. Le résultat décevant est connu de vous tous : les attentes subsistent toujours et le nombre d’employés-cadres au Ministère de la Santé est passé de 7,000 à 14,000, soit le double. Il y a plus d’employés derrière des bureaux à pousser des crayons que d’employés au service des patients. Pour les décideurs de la fonction publique, les solutions passent toujours par une bureaucratie plus lourde. Peu importe si les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous, il sera impensable de faire machine arrière puisque tout le nouveau personnel aura déjà acquis la permanence d’emploi à vie.
Le gouvernement a versé 5$ milliards pour payer les médecins en 2011 et 310 millions $ de plus en 2012. Les spécialistes et les médecins de famille. Ils veulent tous la parité de leurs revenus avec tout le reste du Canada. Sans en comparer les performances. Tous veulent enfouir leurs mains dans le tiroir des billets de banque. Curieux tout de même que la santé soit une mamelle d’enrichissement outrancier pour ses artisans. Du pharmacien aux fabricants de médicaments, du dentiste au vétérinaire, du radiologiste à l’orthopédiste, du radiologiste au cardiologue, etc. Un affrontement est prévisible ! L’ex-autoritaire président des spécialistes, maintenant ministre, Gaétan Barrette, prône une administration publique inspirée du privé. Comme connaître mieux les coûts unitaires et l’évaluation de la performance de chaque employé. Convaincu que les revenus des ses membres y gagneront. Je doute qu’il approuve la privatisation des hôpitaux. La menace de voir partir à l’étranger nos spécialistes ressemble étrangement à la même menace qu’ils ont faite lors de la mise en place de notre régime de santé. Depuis ce temps, la Santé est devenue une manufacture à millionnaires.
Toutes les études que j’ai lues démontrent la nécessité de s’inspirer ailleurs que chez soi, comme la Suède, la Norvège, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, en somme 20 pays, où la Santé est en meilleure santé et où on s’inspire du privé. L’informatisation est au cœur de la solution. 13% des médecins de famille en Ontario le sont, 33% en Alberta, 81% en Suède et 99 % au Danemark. Ce dernier pays conclut qu’il a fait une économie d’un milliard de $ annuellement en ce faisant. Nous, même si on attend encore, on est mieux que les autres semblent affirmer nos mandarins de la fonction publique.
En y incluant le remboursement annuel de la dette de l’État, les dépenses de la Santé et de l’Éducation englobent 75,4 % des dépenses totales du gouvernement. Il n’en reste que 25 % pour tout le reste. Selon le Conference Board du Canada, en 2007, le ministère de la Santé à lui seul englobait 38,8% de ce budget total. Trois ans plus tard, ce fut 8,7% de plus, soit 47,5%. Près de la moitié des dépenses de l’État. Des milliards de dollars qui entretiennent une bureaucratie démentielle au point que celle-ci constitue, elle-même, la grande part du problème. Il ne reste plus grand espace pour assainir les finances publiques après que les mieux nantis se sont servis. Nous croulons sous cette structure.
Les impératifs imposent à l’État de s’alléger. Pourquoi ne pas user des mêmes procédés que je cite plus haut pour le ministère de l’Éducation et de la Santé. Soit de confier à l’entreprise privée toute la portion du service de l’État envers le public. Des hôpitaux privés concurrentiels. La solution ne résiderait-elle pas dans un partenariat innové, inventif basé sur une nouvelle relation du public et du privé, telle que le propose Jean Laliberté, dans son livre sur les fonctionnaires ? Au grand dam des syndicats bien sûr ! Qui cherchent à exclure le privé et privilégier le socialisme. Alors qu’ils pourraient devenir au mieux des agents de changements et des partenaires. Pourquoi ne pas relire le texte de Jean Laliberté au début de ce texte ?
Ce texte est extrait du livre de Claude Bérubé « À 72 ans, moi aussi, j’ai un mot à dire » Les éditions Québec-Livres. 247 pages. Disponible dans toutes les librairies.
Votre article me laisse perplexe. Perplexe car je constate avec les chiffres mentionnés qu’il y a un manque flagrant de volonté politique à régler la problématique. Je suis une pensionnée du système de la santé et j’y ai vu un gros manque de volonté de pratiquement tous les intervenants impliqués dans l’administration. Je ne puis croire qu’avec tant d’argent on ne puisse régler la bonne gérance de nos institutions.
Le principal problème à la base est l’arrivée du patient à l’urgence car il y a au moins 80% des gens qui ne devraient pas y être mais l’accès aux médecins de famille étant ce qu’elle est, peut-on blâmer les gens de s’y présenter ? Les gens attendent et attendent jusqu’à ce que leur état se détériore grandement.
Il y a des gens âgés qui vont obtenir des soins du CLSC mais on leur refusera des analyses sanguines sous prétexte que cela relève du médecin de famille. On leur remettra une prescription pour les dépanner et ils seront sur une liste d’attente pour quelques années. Et oui, je dis bien années et non pas de mois.
Il est vrai que les cadres ne cessent d’augmenter et pour obéir au budget imposé quoi que l’on dise on coupe dans les effectifs. On ne ferme pas les services mais on en diminue les effectifs donc on ralentit la prise en charge. L’ajout de cadres augmente toujours la bureaucratie ce qui a pour effet d’accroire la tâche des professionnels qui mettent toujours plus de temps à produire des statistiques pour justifier l’ajout de cadres . 50% du temps est consacré aux soins et 50% du temps à la paperasse. Les Ressources humaines de plusieurs établissements regorgent d’employés d’année en année. Les médecins ont aussi leur part de responsabilité en diminuant les heures de clinique et en essayant de toujours se désister des gardes prétextant leur ancienneté et les vacances. De plus certains s’absentent pour donner des conférences pour les compagnies pharmaceutiques. Curieusement plus le salaire augmente plus les heures cliniques diminuent. On ne fait plus de bureau le soir. L’employé doit s’absenter du travail pour voir son médecin.
Oui, la privatisation éliminerait ces irritants mais cela ramènerait le nombre de médecins et de professionnels en baisse dans le secteur public et c’est là que ma crainte réside. Je ne sais pas si la population qui s’appauvrit d’année en année aurait les moyens de se payer le privé. J’y suis allée pour un problème de santé et la secrétaire était très réticente à me remettre un reçu pour impôt.
Les politiciens craignent les grèves et les syndicats en rajoutent. Tous fuient leurs responsabilités mais ceci accroît les problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Pour les écoles, pourquoi ne pas leur allouer les budgets plutôt que laissé les commissions scolaires les administrés ? Les écoles sont plus à même de connaitre leurs besoins. Elles devraient cependant être imputables de la bonne gestion ou non de leur gérance. Les municipalités feraient l’entretien des écoles et les commissions scolaires n’auraient qu’à gérer les listes de rappel et le service de la paie. Et pourquoi ne pas privatiser ces services ?
Je ne sais pas si c’est encore de mise mais il y eut un temps où le salaire des cadres étaient en fonction du nombre d’employés à leur charge. Si cela est toujours en vigueur vous pouvez comprendre leur réticence à se défaire de leurs effectifs.
Chose certaine, les choses doivent changer et il va bien falloir essayer autre chose et en somme pourquoi pas privatiser tout cela.