Dans la résidence pour personnes âgées où je demeure, le premier mardi de chaque mois, on célèbre l’ANNIVERSAIRE qui arrive durant le mois pour tous les vieux qui y habitent.

Il y a bien 1 200 personnes qui vivent dans nos deux édifices. Mathématiquement, chaque mois, il y a bien une centaine de résidents qui reçoivent une belle fleur de circonstance.  Ajoutons la présence des amis, l’assistance peut atteindre facilement 300 JOYEUX LURONS.

La directrice commence par nommer ceux qui ont atteint plus de 90 ans. Ils sont nombreux. Surtout quand la liste débute avec les noms de ceux qui célèbrent 99, 98, 97 ans et ainsi de suite.

Je me souviens que nous avons fêté des centenaires actifs. Eh, oui ! Actifs et enthousiastes! Heureux d’être entourés et cajolés par autant de gens.

On m’a raconté que la moyenne d’âge des résidents qui partagent notre habitation est de 83 ans. Avec mes 82 ans, je me situe au cœur de la moyenne. Ceci signifie qu’une moitié des résidents a plus de 83 ans et que l’autre moitié constitue les plus jeunes du groupe. Il me semble qu’ils ont tous plus de 70 ans.

Tout ça pour vous raconter que l’après-midi du premier mardi de chaque mois, la salle à manger du 17^e étage est en liesse où plusieurs se joignent à ceux qui dansent en ligne. Une chanteuse ou un chanteur professionnel entonne ces airs qui nous ont accompagnés depuis notre tendre jeunesse.  Les rires, les histoires, les blagues engendrent une cacophonie agréable et festive. Les fêtés sont au cœur des attentions de tout un chacun.  Et les parties de délicieux gâteaux font les délices des participants.

Ma compagne Diane a reçu elle aussi sa fleur pour son 78^e anniversaire de naissance le 23 janvier. Nous étions nombreux autour de nos deux tables jointes pour l’applaudir et la couvrir de nos meilleurs vœux. Elle n’était pas seule. Comment je j’écrivais au début de ce texte, ils étaient plusieurs centaines. L’ambiance était à la fête et elle ressentait qu’elle en faisait partie.

Mon tour arrivera le 3 septembre quoique le 17 septembre est ma journée de plus.

À tous les hommages destinés à ceux dont c’est l’anniversaire durant le mois, je ne voudrais passer sous silence, les couples qui ont vécu tant d’années ensemble et qui ont aussi un anniversaire glorieux à souligner avec fierté.

Faut-il raconter les péripéties de ces deux vieux de 95 ans qui se sont mariés à l’âge de 20 ans et qui proclament leurs 75 années de vie commune ? Cela existe et mérite les honneurs des noces de platine.

Comment ne pas souligner dans ce texte, l’anniversaire de mariage, en janvier, de mon frère de 89 ans et de sa charmante Rolande qui, elle, se prélasse sur sa 93^e année. On ne peut passer sous silence les 65 années de vie commune couronnant une vie active qui fut soulignée allégrement lors de cette fête, car ces deux membres de ma famille partagent aussi cette résidence où j’habite.

Il est vrai, et je le vois chaque jour, que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Elles qui ont perdu le compagnon de leur vie.  Pour cette raison, il y a plus de vieilles femmes aux magnifiques cheveux blancs à la résidence.  Je souligne les cheveux blancs. Pourtant, les teintures viennent souvent les camoufler et nous tromper sur l’âge apparent. Eh oui, la coquetterie continue de faire œuvre même à un âge avancé.

Si je souligne par ce texte cette activité concernant les anniversaires, c’est parce que j’y trouve l’occasion d’applaudir ces résidences pour personnes âgées qu’on s’évertue à qualifier de ghettos puisqu’elles apportent à leurs habitants une reconnaissance de leur vieillesse.

Je pense à toutes ces personnes seules dans leurs maisons, leurs appartements, leurs condos qui reçoivent une visite à l’occasion ou n’en reçoivent aucune. Celles qui honorent leurs dates de naissance dans la solitude. Je comprends aujourd’hui le désir de tant de vieux d’emménager dans une résidence pour personnes âgées et d’y finir leurs années, encore autonomes, en saluant dans les corridors tous les autres résidents et en partageant les multiples activités comme jouer aux cartes, au shuffleboard, aux quilles, à faire les exercices dans la piscine, à visionner des films dans le cinéma, à jouer au golf intérieur, au billard, à assister à de nombreuses conférences intéressantes, à peindre de magnifiques tableaux, à la fréquence qui convient et à fêter son anniversaire en compagnie des ses nombreux amis, comme je l’ai raconté au début de ce texte.

Bonne fête à mes amis que je côtoie tous les jours.

Claude Bérubé

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