Attendons-nous de perdre tous nos médias !

J’ai aujourd’hui 82 ans. Elle est loin derrière moi cette longue carrière que j’ai passée à œuvrer au sein de la Presse régionale. En plus d’avoir fondé des Hebdos régionaux avec succès, j’ai présidé à la naissance d’une association qui en a défendu les intérêts.

Nul n’ait besoin de vous souligner combien j’ai témoigné un coup de cœur continuel face à l’évolution de ces journaux qui me sont familiers et des médias en général depuis ma retraite qui n’en finit plus.

J’ai vu naître avec beaucoup de suspicion les structures médiatiques numérisées.  Que ce soit les Google et Facebook de ce monde, que ce soient les stations locales câblées, j’y ai vu de nouveaux joueurs affamés à se nourrir dans la tarte publicitaire disponible.

En ajoutant la période de la pandémie de la Covid 19 où les budgets publicitaires ont fondu allégrement, il était prévisible que plusieurs médias connaîtraient les affres de l’affaissement des revenus publicitaires essentiels qui ont été, pendant si longtemps, synonymes d’une santé assurée.

Pis là quand on voit la dégringolade de TVA  , on ne peut que se demander quelle sera la suite. Tout notre système de communication prend l’eau parce que les géants, Google et Meta, refusent de diffuser les nouvelles canadiennes plutôt que de payer leur juste part des coûts reliés à la couverture journalistique de ces nouvelles.

Pendant la durée de cette période qui a cour, les grandes entreprises de chez nous ont continué de rétribuer ces géants internationaux, d’origine américaine, par leurs budgets publicitaires. Même sans les nouvelles  des journalistes des médias canadiens !

Pendant ce laps de temps, ces grandes compagnies et agences canadiennes privent les médias canadiens de ces revenus. Parce qu’ils peuvent encore rejoindre leur clientèle canadienne qui, cette dernière,  continue à utiliser et à visionner ces grands réseaux américains.

Et voilà que TVA congédie 537 employés, ferme plusieurs de ses studios et vend plusieurs de ses bâtiments. TVA est face à une absence de revenus publicitaires, donc à un manque évident d’entrée d’argent pour poursuivre ses opérations.  Et ce n’est qu’un début, d’autres médias suivront dans la même lancée.

Je me méfie que bien des Hebdos régionaux disparaîtront dans la même volée. Imaginez que dans votre région, il n’y ait plus aucun organe de diffusions.  Quoique les annonceurs locaux aient toujours besoin de la distribution des Hebdos locaux pour publiciser leurs produits. Souhaitons-le.

Je me souviens que, dans mon temps, surtout du côté anglophone du Canada, bien des annonceurs de notre pays utilisaient les stations américaines de télévision situées près de la frontière, pour rejoindre leur clientèle friande de ces stations américaines.  Nous étions devant une perte évidente de revenus pour les stations canadiennes.

Donc, les gouvernements du Canada, fédéral et provinciaux, décidèrent à ce moment-là de priver ces acheteurs de publicité aux États-Unis de crédit d’impôt sur leurs dépenses impliquées.  Il devint cohérent que, ne pouvant plus les déduire de leurs impôts leurs frais de publicité, dirigés vers les stations américaines, devinssent trop onéreux.  Et ces sommes faramineuses retrouvèrent avec réjouissance la route des médias canadiens.

Pourquoi nos gouvernements n’emploient-ils pas aujourd’hui la même médecine. Ce sont des milliards de dollars en cause.

Malencontreusement, nos gouvernements continuent avec incohérence de dépenser leurs besoins publicitaires personnelles vers les géants américains. Et les compagnies et agences de publicité ne modifient pas leurs comportements même si cette pratique est en train de détruire un pan économique de notre pays.

Si cette pratique publicitaire leur est si bénéfique, ils devraient donc se priver des avantages fiscaux dont ils profitent actuellement. Cette formule qui a donné d’excellents résultats à l’époque devrait aussi corriger la malencontreuse situation qui prévaut en ce moment.

Mais je doute que nos élus aient le courage et l’audace de procéder à cette procédure. Au détriment de nos réseaux de communications et de l’avenir du pays. Et Google et Meta seront gagnants encore une fois.

Claude Bérubé

 

 

 

 

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