Encore les enfants impossibles. Et les parents, eux ?

J’ai déjà écrit deux textes sur les enfants turbulents et agresseurs. Vous pouvez y avoir accès parmi les textes au bas de cette page. Le sujet est toujours d’actualité. Les professeurs sont exténués et plusieurs d’entre eux atteignent le niveau du « burn-out ».

On rapporte que les enfants crachent sur leurs enseignants, les insultent, les frappent, les ridiculisent et leur tiennent des propos offensants. En pleine crise, ils lancent des chaises, ils crient et mordent.  Ils se jettent par terre en hurlant : « j’ai le droit ». Ils ont 7 et 8 ans. Et même beaucoup moins. Certains directeurs affirment qu’ils doivent appeler la police pour faire respecter l’autorité. On comprend facilement que les candidatures pour cette profession de professeur ne font pas la queue. «INCROYABLE », me direz-vous!

Je n’invente rien ! Je viens de lire ce que je vous raconte. Les nouvelles à la télé le rapportent et les documentaires traitent de ce sujet. Ce sont les enseignants, les techniciens spécialistes, les pédiatres, les neurologues, les psychiatres et les chercheurs qui décrivent ces comportements incongrus.

20 à 30 % des élèves empêchent les autres de bien étudier. Si la tendance se maintient, ce sera 50 % qui accoucheront de ces difficultés dans un avenir rapproché. Il y a 20 ans, des cas semblables furent répertoriés deux fois par année. Aujourd’hui, ça survient 3 à 5 fois par jour.

Les spécialistes et les médecins constatent chez les enfants une épidémie d’anxiété et de dépression entre autres. On parle d’hyperactivité, d’impulsivité, d’autisme et de dysorthographie.

Comme j’en ai fait mention dans mes écrits précédents, que s’est-il passé de nouveau au cours des deux dernières décennies pour donner naissance à ces nouvelles attitudes et états de santé.

Bien sûr. Il y a la nouvelle technologie. Elle est au cœur de la transformation. Les effets néfastes des écrans se nichent à une place de choix. Mais il y plus selon ceux qui leur consacrent leurs travaux et leurs vies.  Comme les pédiatres, les Drs Julien et Chicoîne.

Il y a bien sûr le fait que les enfants ne jouent plus dehors. Ils se font rares ceux qui se dispersent dans les rues. Ils se privent de relations avec leurs pairs. Ils s’enferment dans leurs chambres pour pitonner les claviers de leurs téléphones électroniques.

À cela s’ajoute le manque de sommeil. Pour les mêmes raisons. Une heure de moins chaque nuit signifie sept heures de moins chaque semaine. Presque l’équivalent d’une nuit par semaine. Cela explique pourquoi ils ont de la difficulté à se concentrer avant 10 heures le matin. Un éducateur raconte que 50 % de son temps, c’est de réveiller les élèves.

Les nombreux chercheurs sur les nécessités du sommeil sont unanimes sur les carences initiées par le manque d’heures de sommeil dans leur développement physique et psychique. Le déficit dans la capacité d’apprendre et les troubles d’anxiété qui dévorent notre jeunesse y trouvent leurs origines.

La petitesse des familles, qui bien souvent se limite à un enfant, est un nouveau phénomène avec la technologie qui campe les jeunes dans la solitude. Le manque d’interaction avec les autres comme dans les familles plus nombreuses, tout comme dans les jeux avec le voisinage, nuit énormément à la croissance tant au niveau du cerveau, du corps et des émotions.  Et dire que l’identité, si essentielle, trouve sa prestance au cœur de la famille élargie et du voisinage.

Le Dr Julien dit que les enfants disent BOF pour dire s’ils sont heureux.

Les statistiques expliquent la petitesse des familles en soulignant que les femmes enfantaient à 24,4 ans alors qu’aujourd’hui c’est 34,2 ans. Soit peu d’années avant la quarantaine. En 1960, elles donnaient naissance à 4 enfants alors qu’en 2020 ce nombre est réduit à 1,4 enfant. La priorité de la carrière des femmes a relégué au deuxième rang la vie familiale, surtout avec plusieurs enfants.

Les pédopsychiatres soulignent combien ils sont nombreux les enfants, vivant la garde partagée et qui fréquentent leurs cabinets, qui souffrent de dépression, l’anxiété et autres maladies mentales.

Ils ont besoin de stabilité et d’un foyer auquel ils s’identifient. Les changements de conjoints de leurs parents, les beaux-parents, et les frères d’occasion qui vivent à l’inverse les situations auxquelles ils sont confrontés les privent de l’encadrement utile à leur développement. Le réseau autour des parents n’assure plus le rôle de protecteur.

Je me questionne : comment va-t-on s’en sortir ?

Ces petits êtres passent plus de temps durant la journée avec les éducatrices dans les garderies et les CPE qu’avec leurs parents.

Ces derniers s’occupent d’eux à la fin de la journée de travail. Alors que les enfants sautent sur leurs téléphones électroniques, la mère, et parfois le père, prépare le souper à la table que les jeunes quittent à la hâte.  Puis il y aura les devoirs, puis l’heure du coucher.  Lors de la soirée, les parents accapareront les heures de télévision ou s’abandonneront à la poursuite de leur travail, ou grâce à une gardienne, profiteront de spectacles et de rencontres avec les amis au restaurant.

En conclusion, il m’apparaît que tout cela prend naissance d’abord à la maison. Quand les parents, à la maison, dénigrent les enseignants et le système scolaire, il ne faut pas se surprendre des mœurs déplorables de leurs descendants à l’école.

Depuis deux décennies, que s’est-il passé à la maison pour importer de telles pagayes à l’école ?  Apprendre à ses mousses à respecter l’autorité, la discipline et l’autocontrôle est un incontournable.  Plus l’inquiétude envahit un enfant, moins il se concentre.

Ils sont nombreux les parents qui veulent éviter aux enfants de vivre des malaises et des échecs, les privant de développer des habiletés indispensables face aux embûches de la vie.

Je termine en disant qu’il faut réoutiller les parents. Les parents doivent repenser la façon d’élever leurs enfants. C’est une tâche parentale qu’il ne faut pas prendre à la légère.

CLAUDE BÉRUBÉ

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