Le Canada est une vraie tour de Babel où les mêmes mots signifient des concepts différents. Multiculturalisme, diversité, immigration, interculturalisme, identité, vivre ensemble et vivre côte-à-côte veulent dire la même chose et son contraire.
Que veut dire Maxime Bernier en scandant « le multiculturalisme à l’extrême de Justin Trudeau »? Y a-t-il plusieurs sortes de multiculturalismes ? Il semble que Non ! Monsieur Bernier aurait eu l’avantage d’expliquer la nature de son multiculturalisme et pourquoi celui de Justin Trudeau est extrémiste. Il aurait évité ainsi un débat désavantageux.
Pour sa part, Justin Trudeau fera une montée de lait et fustigera toute position contraire à la sienne sur le multiculturalisme et l’immigration. Il traitera d’intolérantes et racistes toutes opinions adverses. Je dirais même à la façon intimidante de Donald Trump. Il aurait été avisé d’éviter un crêpage de chignon et d’expliciter davantage sa vision du multiculturalisme qu’il impose au Canada.
Le multiculturalisme « à bar ouvert » que pratiquent les fédéralistes selon les opposants consiste à accueillir les immigrants et les demandeurs d’asile irréguliers en nombre illimité, soit 310,000 en 2018, même si les structures d’accueil et d’intégration ne sont pas adéquates.
Cette vision de Justin Trudeau amène les immigrants, à se regrouper naturellement dans des enclaves ethniques où ils profitent de services communautaires adaptés à leur culture, principalement au cœur des grandes villes. Où ils peuvent continuer à parler leurs langues entre eux, loin des us et coutumes canadiens et québécois. Avec le résultat, comme dans bien des pays, ils établissent ainsi des « ghettos » qui les isolent. Ce qu’on appelle le « vivre côte-à-côte ». D’un ghetto à l’autre ghetto. Et la mosaïque du pays devient comme une courte pointe colorée de ghettos. Ainsi regroupés, ils deviennent une clientèle politique puisqu’ils votent pour le parti au pouvoir qui les a accueillis. Que ce soit au provincial et au fédéral. Le gouvernement canadien subventionne ces communautés d’un océan à l’autre grâce à son programme Inter-Action.
Pourtant, en Allemagne, la chancelière Angela Merkel a déclaré en 2010 que le multiculturalisme du « vivre côte-à-côte » est un échec lamentable.
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Son point de vue continue à être le même en 2018 alors qu’elle a autorisé en 2015 l’entrée d’un million de réfugiés lors d’une occasion vraiment exceptionnelle. Elle a été et est toujours favorable à l’immigration, mais pas au multiculturalisme. Car elle planche surtout sur l’intégration. Elle oblige les nouveaux arrivants à apprendre la langue, les lois, les us et coutumes, à connaitre l’histoire, les traditions et les valeurs de l’Allemagne.
Les réfugiés sont aussi assignés à des régions précises, économiquement aptes à les recevoir et à fournir du travail. La chancelière investit d’importantes sommes pour atteindre cet objectif. Par exemple, elle envoie sur le terrain un nombre suffisant de professeurs, d’éducateurs et facilite l’éducation primaire. Elles limite maintenant le nombre de migrants. Son million de réfugiés lui pèsent amplement sur les épaules.
À la suite de cette description plutôt élémentaire, l’interculturalisme serait plus conforme à son idéologie.
À l’émission Second Regard de Radio-Canada sur les suites de la tuerie de Québec, un imam et plusieurs intervenants musulmans ont affirmé : « On se fréquente, mais on ne se connait pas. »
Il y a 200 ethnies, 200 langues parlées au Canada et 20,6 % de la population est née à l’extérieur. Le Canada subventionne les enclaves ethniques par son programme Inter-Action à la hauteur de 4,7 millions$.
Et c’est ce multiculturalisme que l’on veut institutionnaliser à travers le Canada. Est-ce ce multiculturalisme que Maxime Bernier qualifiait d’extrême ? Selon ce schéma, qu’adviendra-t-il du Québec francophone. Sera-t-elle simple une culture parmi tant d’autres.
Les partis politiques emploient à profusion et à confusion cette vision de la migration. Pour la clique à Trudeau et celle de Couillard, leurs adversaires politiques sont xénophobes, racistes et intolérants puisque ces derniers réclament une bonne gérance de balises à l’immigration, pour éviter ce bar ouvert. Ils réclament une intégration
Au Québec, l’interculturalisme semble davantage être privilégié. D’ailleurs cette dernière notion est née au Québec dans le rapport Bouchard-Taylor.
Au Québec il y a aussi ceux qui privilégient l’interculturalisme soit une vision qui consiste à intégrer les migrants avec le peuple hôte.
Les immigrants réguliers et les réfugiés ont le privilège de s’adresser à un pays accueillant. Mais le pays accueillant a le devoir de bien gérer cet accueil en permettant au nouvel arrivant de bien s’intégrer. Il va sans dire que le nouvel arrivant a à bien connaitre son pays hôte, ses us et coutumes, ses valeurs, sa langue et son histoire. Ce sont les éléments de sa réussite.
Il appartient à l’hôte de bien structurer la phase de l’adaptation pour permettre aux migrants de bien réussir leur intégration et de devenir des citoyens à part entière. Au cœur de la société d’accueil. Répartis dans les diverses régions bien adaptés, afin qu’ils ne soient pas des chômeurs ou des clients du bien-être social.
L’interculturalisme ouvre la porte au métissage des cultures.
L’interculturalisme est ce concept du vrai « vivre ensemble ». Est-il xénophobe, raciste et restrictif comme le proclament les Trudeau et Couillard?
Voici ce que le Rapport Bouchard-Taylor, rédigé par des commissaires du gouvernement québécois, définit en 2008 :
Le MULTICULTURALISME comme ceci :
« Dans son acception la plus courante, système axé sur le respect et la promotion de la diversité ethnique dans une société. Peut conduire à l’idée que l’identité commune d’une société se définit exclusivement par référence à des principes politiques plutôt qu’à une culture, une ethnicité ou une histoire. »
Et l’INTERCULTURALISME comme ceci :
« Politique ou modèle préconisant des rapports harmonieux entre cultures, fondés sur l’échange intensif et axés sur un mode d’intégration qui ne cherche pas à abolir les différences tout en favorisant la formation d’une identité commune. »
Selon le doctorat d’Ève Segara : L’interculturalisme a été conçu au Québec comme un modèle alternatif au multiculturalisme, considéré comme inadapté aux caractéristiques de la société québécoise et à sa culture politique 252. Il découle directement des débats autour des accommodements raisonnables et d’une réflexion sur la diversité de la société québécoise. Dès le départ, il est pensé comme un outil de « sensibilisation au pluralisme » (Commission Bouchard Taylor, 2007 : 132).
Les rapporteurs de cette commission expliquent ainsi :
« La législation sur le multiculturalisme a permis de clarifier et de populariser le modèle canadien qui a fait l’objet d’une intense promotion. Il est ainsi devenu une valeur fondamentale ; il a pénétré l’imaginaire et il est maintenant au cœur de l’identité nationale canadienne.
Pourquoi ne pas en faire autant avec l’interculturalisme québécois, comme forme originale de pluralisme ? Enfin, une réflexion sur l’interculturalisme ne doit pas faire oublier qu’il doit s’ancrer dans une philosophie de pluralisme intégrateur, sensible aux inégalités socioéconomiques et aux diverses formes de discrimination
«Quelle est l’identité culturelle canadienne sinon seule une appartenance politique au pays qu’est le Canada.
Et vous quel est votre choix. ?