Je viens de publier un livre, un essai, « À 72 ans, moi aussi j’ai un mot à dire », chez Québec-Livres. Certains sujets sont d’actualités. Je vous en livre quelques extraits. En plusieurs sections ou partie. Ce texte est la deuxième partie. (Comme sujets : l’entreprenariat, le système de santé et le système scolaire. Les statistiques proviennent d’organismes officiels et de plusieurs journalistes de grands médias. )
Des entrepreneurs, ça mange quoi en hiver ? Certains sont des diplômés. D’autres sont des décrocheurs. Ils ont des idées. Ils croient dans leurs idées. Des idées qui brassent les vieilles habitudes et innovent. Qui savent reconnaître une occasion de créer quelque chose de nouveau. Ils ne créent pas des besoins virtuels, car ils perçoivent avec acuité les besoins de la population. Ils ont l’esprit d’initiative. Ils doivent innover, car l’innovation est l’essence même de l’entrepreneuriat. Ils ont surtout une grande confiance en eux. Ils acceptent de prendre des risques. De travailler de longues heures. D’être moins bien payés que des employés. Avec le risque de tout perdre. Même s’ils ne croient pas que cela puisse leur arriver. Ils sont invincibles et déterminés. N’ont pas peur de se tromper. Ils apprennent l’épargne, car ils auront besoin de liquidité comme l’automobile a besoin de pétrole. Ils passent souvent pour des extra-terrestres. Ils participent à la collectivité. Paient des impôts. Créent de nouveaux emplois. L’optimisme est toujours au rendez-vous. C’est le paradis du « croire en soi ». En somme, une quinzaine de traits de caractère qui décrivent bien ces individus. Je vous les cite pour bien les cerner soit : 1-créativité; 2-débrouillardise; 3-confiance en soi; 4-esprit d’équipe, l’entraide; 5-sens des responsabilités; 6-détermination; 7-autonomie; 8-esprit d’initiative; 9-persévérance; 10-motivation; 11-sens de l’effort; 12-solidarité; 13-capacité de réaliser, de construire; 14-exploration; 15-leadership. Tout un cocktail nécessaire et qui mérite le respect.
Si malgré tout ça, la société dévalorise ces individus et le secteur d’activités dans lequel ils doivent évoluer, les chances de les voir se tourner vers des emplois rémunérateurs, confortables et valorisés sont optimisées. Les directeurs de grandes entreprises sont largement bien payés et valorisés. Tandis que ceux qui investissent temps et argents sont perçus comme des exploiteurs à la recherche de profits malsains. Je m’attriste devant l’image hostile que projette notre société à l’égard des entreprises, du secteur privé et du profit. Le syndicalisme de la fonction publique ne cesse de dénigrer la présence du privé et de son profit, comme si cela est incompatible avec l’excellence. Le profit n’est pas toujours au rendez-vous, beaucoup d’entreprises font des pertes assumées par les actionnaires. La fonction publique cherche à remplacer le privé dans la sous-traitance comme si la lourdeur de la bureaucratie est le modèle idéal. Le syndicalisme et les médias véhiculent des contremodèles du patronat. Une image déprimante. Une influence qui met un frein à tellement de vocations. La malversation, fraudes, inconduites font la une des médias. Il est plus rare qu’on applaudisse aux succès, aux bons coups ou à la conduite exemplaire d’entreprises responsables. Qui voudrait flirter avec un avenir affublé d’une notoriété aussi démotivante ? Cette réputation déshonorante les fait fuir ou se taire. Les vrais bâtisseurs sont rarement invités à s’exprimer. Les entrepreneurs devraient avoir la chance de discourir sur toutes les tribunes et lors de débats pour étayer leurs points de vue sur les grands enjeux de la société et apporter une vision différente et plus pragmatique de la société.
Au Québec, on écorche avec opprobre ceux qui échouent. À tort, puisqu’un entrepreneur qui échoue n’est pas un « looser », un raté, un moins que rien. Bien au contraire, il témoigne d’un individu audacieux qui a eu la foi au point de tout risquer et de tout perdre. On se méfie de ceux qui réussissent. Les hommes d’affaires sont perçus comme des bandits à cravates, des exploiteurs de pauvres gens. Alors que ces gens d’affaires ne souhaitent que la reconnaissance dans leurs communautés et dans les médias. Pourquoi seulement 30 % de nos nouvelles entreprises réussissent à passer le cap de la cinquième année. Tandis qu’en Ontario, 50% le réussissent. Une belle question à se poser. Sûrement une question de culture. Chose certaine, chez nous, nous cultivons de moins en moins la valorisation de l’entrepreneuriat qui produit des héros. Au Canada, on a un ratio de 16,3 % d’entrepreneurs qui ont lancé une nouvelle compagnie pour seulement 9,5 % au Québec. Si on se compare au Danemark, à la Finlande, à la Hongrie, aux Pays-Bas, à la Nouvelle-Zélande, aux É.U., à l’Allemagne, au Royaume-Uni, à la France, nous remarquons qu’ils ont un taux supérieur à 12 % (2006). Nous avons pourtant été des précurseurs durant la période faste de la Révolution tranquille. Pourquoi avons-nous régressé ? Il nous faut plus d’entrepreneurs si on veut un effet d’entraînement, un milieu plus inspirant à leur égard pour atteindre un ratio de réussites plus élevé. Il ne faut pas confondre entrepreneur avec homme ou femme d’affaires, gestionnaire, administrateur, investisseur et spéculateur. Tous ces derniers ne sont pas des entrepreneurs. Mais, on peut retrouver des entrepreneurs parmi eux. Un entrepreneur est un visionnaire. Un créateur, qui aime bâtir des entreprises qui sauront durer et dont il sera fier, même orgueilleux. On retrouve aussi les mêmes traits de caractère chez des entrepreneurs sociaux comme le Dr Julien ou Jean Vanier. Et même chez certains personnages politiques.
Imaginez que le Gouvernement québécois a distribué l’an dernier $556 millions à 1000 organismes voués à la cause des entrepreneurs, pour donner un coup de main. Voyez le résultat. Minable. Comme si des fonctionnaires sont aptes à créer des programmes pour les entrepreneurs, à les comprendre, à savoir ce qu’il leur faut. Une étude a démontré que 1 sur 4 profite de l’argent du gouvernement du Québec. 1 sur 10 ailleurs au pays. Ailleurs, ils en veulent moins pour ne pas se badrer de la paperasse étatique. Au Québec, 60 % des fonds viennent du public, du parapublic et des fonds syndicaux. En Ontario, 60 % des fonds viennent du privé. Nous, nous inventons des projets en fonctions des subventions. Nous avons un esprit de subventionné au lieu d’un esprit d’entreprise. Nous observons aussi que le Gouvernement ne se préoccupe que de vérifier si l’argent a été dépensé, mais pas les résultats.
En jetant un coup d’œil à la liste des dirigeants de ces organismes subventionnés, comme le Conseil québécois en Entrepreneuriat, ils sont tous de hauts fonctionnaires et hauts gestionnaires. Même plus, il suffit de regarder les antécédents des élus et des ministres pour évaluer leurs réalisations passées et ainsi juger de leurs compétences entrepreneuriales ou de gestionnaires. On remarquera vite que la plupart de nos leaders politiques ne viennent pas du secteur entrepreneurial et n’en ont pas la fibre.
La Beauce est un terreau prolifique à l’entrepreneuriat. Faut-il se surprendre que Marcel Dutil, président de Canam, ait fondé l’École d’Entrepreneuriat de la Beauce ? Il a récolté chez ses pareils la somme de $3 millions pour la mettre sur pied. Les étudiants doivent déjà être en affaires et paient $50,000 pour un cours de 2 ans. Un cours totalement différent et adapté adéquatement sur toute la ligne. Conçu pour répondre aux besoins spécifiques de l’entrepreneuriat par de vrais entrepreneurs. À ce prix, ils sont assurés d’un cours taillé sur mesure, de professeurs triés sur le volet et du dévouement d’un grand nombre de nos grands entrepreneurs comme mentors. Comme bonus : de grandes portes s’ouvriront pour leur donner accès à un crédit financier de risques. Il n’en faut pas moins pour investir dans notre futur, pour créer la richesse. Pas les patentes à gosses de fonctionnaires. Plusieurs de nos futurs grands leaders vont sûrement sortir de cette école. À une époque où la population fait preuve de cynisme à l’égard des personnages publics, souhaitons qu’ils deviennent nos nouveaux modèles de comportement et nos futurs héros.
Pour inciter à la réussite, le discours scolaire actuel prépare les élèves à être de bons employés bien rémunérés. Meilleurs diplômes, meilleurs salaires. C’est pourquoi plusieurs proposent d’inclure l’économie et l’entrepreneuriat dans la formation des professeurs qui ne peuvent transmettre ce qu’ils ne connaissent pas.
L’entrepreneuriat fait partie des outils qui peuvent apporter la richesse dont nous aurons besoin.
Mon livre est en vente dans toutes les librairies. Québec-Livres « À 72 ans, moi aussi, j’ai un mot à dire » » 247 pages.
Je ne sais pas si c’est encore valable mais autrefois on disait qu’il fallait 5 travailleurs du privé pour payer le salaire d’un employé de l’état. Aujourd’hui il y a 3 travailleurs du privé pour un employé de l’état. Vivement que l’on rétablisse un équilibre !
Je suis d’accord avec vous, rien n’est fait pour favoriser l’entrepreneurship au Québec. Mon beau-frère qui est à son compte à toujours pesté contre la quantité phénoménale de paperasserie qu’il doit compléter régulièrement pour le gouvernement. Bien des gouvernements ont passé depuis et les choses n’ont guère changées. Il aurait été bon d’avoir un Premier ministre qui vienne du milieu des affaires. Il saurait sans aucune doute ce qui irritent les entreprises du secteur privé. Je crois cependant que l’on devra s’atteler à la tâche car le gouvernement est rendu-là. Dans la fonction publique plus le gestionnaire a d’employé plus son salaire est élevé alors quand vient le temps de couper c’est « pas dans ma cour » et c’est pourquoi que de ce coté on n’arrive à rien ; les règles doivent changées.
Je trouve formidable l’ouverture de l’école d’entrepreneuriat que M. Marcel Dutil vient d’ouvrir, c’est un bon début et on devrait promouvoir cette école. Je n’en avais pas entendu parler et pourtant je trouve qu’il est pertinent que ce soit connu.