La souveraineté du Québec survivra-t-elle ?

18 mai 2025

Je vous écris aujourd’hui un texte plus long qu’à l’habitude. Puissiez-vous avoir la patience de tout lire. J’y fais appel à vos souvenirs.

Je me souviens du 30 octobre 1995. C’était le grand référendum avec un résultat près du « kif-kif ». Les deux options, le OUI et le NON, étaient nez à nez, soit 49,4% et 50,6% à 0,5 % du 50% nécessaire. Soit la moitié de 1%. Une presque victoire pour le clan du OUI ! Je tiens à souligner cette participation record de 93,25% des voteurs. Du jamais vu ! Seulement 54,258 votes séparaient les deux options. Imaginez 49,4% en faveur du OUI.

 On sait que s’il n’y avait pas eu la magouille si peu honnête du clan fédéraliste, ça y était! Le OUI du référendum l’aurait emporté. Le peuple québécois aurait vécu une suite de son histoire tout à fait différente.

Une telle participation et un tel résultat auraient dû augmenter les ardeurs des souverainistes jusqu’à un autre plébiscite. Au contraire, ce fut la débandade. Comme si la presque défaite signifiait l’abandon. Je n’ai jamais compris ce comportement indolent après une si petite défaite.

Le premier ministre Parizeau déclara que  « DES votes ethniques et l’argent ont contribué à cette défaite ». Des journalistes ont rapporté qu’il avait dit « LES votes ethniques… »  J’avais bien entendu DES, mais le fameux LES causa un scandale. Parizeau démissionna.

À ce moment-là, je préparais une grande aventure à la voile. Je quittai le Canada en 1998 pour y revenir 8 ans plus tard. En 2006, j’ai vécu le « choc du retour » à maints aspects, y compris à l’égard du climat politique et du voile migratoire. Une absence de seulement 8 ans ! J’avoue que c’est long malgré tout.

Incroyable ! Des ténors connus et respectés du PQ fustigeaient déjà leur parti et sa déviance. J’en fus surpris et je réalise la vérité de mes propos du début de ce texte, soit l’indolence à la suite à cette défaite.

Au sein du PQ, on ne parlait que de stratégies pour la reconquête du pouvoir et de structure. On cherchait à promouvoir la souveraineté du passé. Les querelles intestines minaient l’image du parti au sein de la population. On croyait que trouver et couronner un chef prestigieux, jeune de préférence pour rajeunir l’image du parti, signifierait un nouveau départ.

On discutait d’indépendance sans raconter le « pourquoi’ ». De nombreuses démissions importantes au sein du parti ont coloré le paysage. Le parti était dorénavant l’important et non le projet.

Depuis 1960, le Québec a évolué et a gagné bien des batailles qui sont devenues depuis des acquis. Puis le froment de la souveraineté, qui avait galvanisé les troupes jusqu’au référendum de 1995, semblait avoir fondu par la suite pendant mon absence. Les troupes ne réalisaient pas que le discours ne pouvait plus être le même. De nouvelles réalités avaient surgi, qui préoccupèrent peu ou pas le caucus. Et le parti s’éloignait des désirs de la population sur le terrain.

Et moi qui se souvenais de 1975 et 76, quand les troupes du PQ, sur le terrain, faisaient du porte-à-porte pour convaincre leurs voisins, à l’image des ‹ témoins de Jéhovah ›. Pourtant, à cette époque, la souveraineté n’était pas encore à la mode. Le pourquoi et l’idéal étaient au programme. Soit l’Option souveraineté. Le message se frayait un chemin. Porte-à-porte. Comté par comté. Jusqu’à la victoire que les sondeurs professionnels n’avaient pas décelée.

Il faut, comme en 1976, avoir un projet de société, de pays. Pas une autre stratégie. Pas une nouvelle structure. Mais surtout une idée bien élaborée qui colle à la réalité. Ce sont les membres sur le terrain au cœur de la population qui cultivent l’idée d’un pays. Il faut partir avec le désir de convaincre. Comme des commis voyageurs !

Au programme, il faut constituer des États généraux d’où sortent les grandes lignes d’un programme qui drainent les idéaux. C’est là où se manifestent le ou les chefs. La souveraineté doit émerger de la base la plus large.

Le Parti québécois profite-t-il encore de cette armée de bénévoles, soit des comités dans chaque comté, où il peut puiser une alimentation d’idées adéquates pour nourrir une réflexion bien conforme à la réalité. Soit les idées qui dessinent le pays à naître.

Il a fallu qu’une seule députée claque la porte pour semer le désarroi et montrer la fragilité d’un parti déconnecté de la population. Personne, pas même un dirigeant expérimenté, n’a su trouver une issue pour faire sortir le parti de sa situation difficile.

Ce n’est pas seulement le chef qui a mené ses troupes à la dégringolade. C’est l’aboutissement inéluctable d’un parti qui n’a pas compris son destin en train de s’effilocher depuis le vote référendaire de1995. Alors que la moitié passionnée et convaincue de la population votante d’alors s’était lancée alors vers les bureaux de scrutin pour voter OUI. C’est l’histoire d’un parti.

Il y a toute une côte à remonter et ce n’est pas une autre stratégie qui réparera les pots cassés. Il faudra expliquer le ‹ pourquoi › et le ‹ comment ›, comme en 1975, et apporter une souveraineté revisitée qui répondra aux attentes de la population d’aujourd’hui et de demain.

J’ai maintenant 83 ans, je ne verrai certainement pas l’indépendance s’accomplir de mon vivant. Les vieux sont moins passionnés. Il y a cependant une nouvelle génération qui n’attend que d’être convaincue et d’en connaître le pourquoi.

Il ne faut pas négliger les nouveaux arrivants et nouveaux citoyens, qui sont beaucoup plus nombreux et qui ont d’autres aspirations que ceux de souche, et ne serait-ce pas le temps de convaincre les allophones et les anglophones de se joindre à nous. Il faut leur parler, les convaincre et les écouter, s’en faire des alliés. Ne les avons-nous pas entretenus comme des adversaires depuis toujours?

À défaut de soulever la passion des souverainistes, un à un, pourquoi le Québec se séparera-t-il du Canada ?  Surtout depuis la venue de Donald Trump, les Canadiens doivent se serrer les coudes. Les Québécois, tout en conservant leurs acquis, sont portés à se joindre à eux.

Paul-St-Pierre Plamondon, l’actuel président du Parti Québécois, jouit d’une belle réputation auprès des Québécois et aspire à gouverner et à mettre en œuvre un autre référendum dès son premier mandat. Ses députés élus ne sont pas nombreux et j’ignore quelle est son organisation dans chacun des comtés, pas en nombre, mais surtout en mode de persuasion. Quand on vote, on vote toujours pour un député dans l’isoloir. Puis, il lui faudra des élus ‹ ministrables ›. Sinon, l’atteinte du pouvoir auquel il aspire pour tenir un référendum ne sera pas à sa portée lors du prochain scrutin.

François Legault souhaitait apporter un fédéralisme à l’intérieur duquel le Québec s’épanouirait en négociant âprement avec le gouvernement fédéral. Il a réussi à faire élire le plus grand nombre de députés, ce qui lui assure un caucus très diversifié régionalement. Même si son étoile est à la baisse à l’heure actuelle, il demeure fort de l’apport d’une kyrielle de députés aptes à être réélus. Il se maintient à la tête d’un parti dont la réélection est fortement probable.

Ce qui reportera la chance à Paul St-Pierre-Plamondon d’imposer son projet référendaire à une échéance bien plus lointaine de quatre années, si son projet de pays est toujours aussi pertinent.

Quelles seront les ruines que Donald Trump aura semées sur son passage ? Quel sera l’état du Canada après le règne de Mark Carney à sa tête ? L’heure de vérité sera-t-elle dans un avenir si lointain, encore à portée de main du Parti Québécois ?

 

 

 

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Une réflexion au sujet de « La souveraineté du Québec survivra-t-elle ? »

  1. Salut j’ai lu jusqu’a la fin tres intéressant comme toujours .
    ps: j’avait ma carte du PQ

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