Entre nous, commentons le courrier

 

J’ai reçu deux commentaires tout récemment qui ont retenu mon attention. Ils représentent plusieurs autres commentaires semblables. Comme je publie certains de mes textes sur le site du journalweb Huffington Post et que les lecteurs y sont plus jeunes que sur ce blogue, il est évident que ce genre de commentaires y est plus fréquent. Le premier s’érige dans la foulée pour laquelle j’ai institué mon blogue (les insolences d’un p’tit vieux), celui de donner aux vieux une tribune, d’inviter les vieux à ne plus se taire et à transmettre ce savoir acquis au cours d’une longue vie.

Les valeurs ne s’inventent pas. Elles ne sont pas une inspiration créative d’un jeune. Les valeurs se transmettent et s’apprennent. Tant de valeurs encore vivantes existaient 6000 ans avant Jésus Christ. Les vraies traversent le temps et se transmettent de sages en pages. Croire que l’Être humain est si différent aujourd’hui est faire preuve d’une connaissance atrophiée de l’Histoire humaine. C’est croire que ses ancêtres sont de purs idiots et que leurs vies entières ne furent que pertes de temps. Un espace de vie à rayer.

Doit-on croire que les jeunes aujourd’hui perdent leur temps et que les événements et les apprentissages de leurs vies n’auront été que matière à jeter aux rebuts. Que la nouvelle jeunesse réinventera la roue, les sentiments humains pour un laps de temps, et les valeurs d’une société sous brevets. Non. Le monde que les vieux lèguent à ceux qui suivent contient 12,000 ans de savoirs qui ont servi à bâtir ce monde d’aujourd’hui. Il est vrai qu’ils sont nombreux à partager le texte qui suit. « Tasse-toi grand-papa ». Il est la preuve que les vieux font un péché en se taisant. En se tassant.

Serge Daigno m’ a écrit :

Vous savez, les jeunes voient le monde tel qu’il est aujourd’hui, celui que vous leur avez légué. Être jeune aujourd’hui n’est pas différent d’être jeune en 1950. Être jeune, c’est rejeter les valeurs de la génération précédente. Je vois parfois des vieux films d’Elvis et je vois les mêmes jeunes qu’aujourd’hui, des jeunes qui refusent de vivre comme leurs parents. Les jeunes n’iront pas à vous, allez plutôt vers eux, enfin, genre style là, comme… (J’adore cette expression), et laissez vos bagages à la maison 🙂

 

‘Être jeune, c’est rejeter les valeurs de la génération précédente’ écrit-il. Qui, somme toute, a aussi rejeté celles de la génération qui l’a précédée. Doit-on croire que la transmission des valeurs n’a jamais existé ? Donc, je ferme boutique et y mets-le feu. Toute cette vie qui a cimenté mes 71 ans n’est bonne que pour la poubelle. Ça ne vaut rien.

 

Pour finir mes jours avec un peu de graines de linottes dans le ciboulot, il m’invite à aller vers les jeunes pour apprendre. À laisser mes bagages surchargés à la maison. Je vous cite son intervention parce qu’elle m’apparaît fidèle à sa génération et à bien d’autres. J’ai souvenance d’avoir entendu des propos idoines, il y a si longtemps. Dans ce temps, je ne savais pas. Aujourd’hui, j’en sais plus. Tout comme lui, un jour, à son tour. Et ce jour, il cherchera une tribune pour transmettre. Comme moi.
G. Lévesque, 48 ans, de Lanaudière m’a écrit ce qui suit:

Texte d’une grande sagesse, mais qui a peu d’écoute. Je travaille dans le milieu de l’éducation et les valeurs véhiculées par le Ministère de l’Éducation ne sont pas ou très peu en lien avec celles que vous mentionnez. Nous sommes à l’heure du mondial où il faut voyager pour sauver des étrangers. Donner à un voisin, aider une mère dans le besoin dans un quartier défavorisé de l’une de nos villes ne fait pas très tendance. On veut sauver la planète, mais sans écouter les gens qui y sont depuis plus longtemps que nous. On aime nos vieux passifs, souriants et nécessiteux. Pépère, lâche-moi avec ta morale… Plusieurs personnes âgées que j’ai rencontrées n’osent plus parler de leur expérience, de leur savoir parce que les gens ne les écoutent pas. On les trouve bien drôles, mais on ne les écoute pas. L’ensemble des valeurs dont vous parlé reflète un Québec fort et fier de lui, amis il est contraignant. Il oblige une certaine abnégation de soi (ne demandez ce que ça veut dire aux jeunes) et une confiance dans la capacité de l’autre de prendre soin de nous. Je répète : un excellent texte, mais qui ne trouvera d’écho, surtout pas chez les parents qui se sentiraient pointé du doigt.

Il n’a fallu que quelques mots à celui-là pour faire le tour du jardin. On sent qu’il sait de quoi il en retourne. Il est vrai que mes propos n’auront que peu d’écho. Je le sais que trop bien. Et pourtant, j’ai décidé de ne pas lancer la serviette. J’espère que ce blogue regroupera les p’tits vieux qui, chacun de son côté, transmettront un écho faiblard. Pour que l’écho retentisse par monts et par vaux, il faut qu’il soit repris à l’infini. Sinon, ce sera le silence ou le vent qui sifflera entre les branches. Je souhaite que vous fissiez connaître ce blogue comme une antenne de transmission. Comme un écho qui se répercute et se prolonge. Je souhaite que vous commentiez tous mes propos pour leur ajouter votre dimension.

Un jour, je me suis dit. Si je ne fais rien, c’est le statu quo. Si je fais quelque chose et que d’autres me suivent, ce sera tout cela de gagner. De tribune en tribune. J’ai aussi un livre en quête d’un éditeur. Puis,  je prépare le texte d’une conférence. Ce sont les tribunes qu’il faut. Il faut être prêt à les harnacher. Je crois que c’est mon rôle, ma mission de p’tit vieux de transmettre. Et surtout de faire savoir que la vieillesse mérite d’être célébrée. Elle n’est pas qu’un mouroir, mais une autre étape créative.

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3 réflexions au sujet de « Entre nous, commentons le courrier »

  1. Chanson des années 60 à mon adolescence….est-ce que les temps ont bien changé … je ne crois pas

    On a l’âge de raison mais on n’a jamais raison
    A quoi bon en discuter quand les gens on leurs idées
    Ils ne comprendront jamais

    Nous on est dans le vent
    Nous on est dans le vent
    Dans le vent dans le vent
    A chacun son temps

    On n’est pas intelligent on ne pense qu’à l’argent
    Mais comment leur expliquer on n’en n’a jamais assez
    Ils ne comprendront jamais

    Nous on est dans le vent
    Nous on est dans le vent
    Dans le vent dans le vent
    A chacun son temps

    On ne parle que de jeux on ne joue qu’avec le feu
    Ça va droit c’est un peu vrai mais faut rien exagérer
    Ils ne comprendront jamais

    Nous on est dans le vent
    Nous on est dans le vent
    Dans le vent dans le vent
    A chacun son temps

    On ne vit que pour l’amour le travail pèse lourd
    Et ils sont des airs de saint mais ils n’en pensent pas moins

    Paroles et Musique: Pierre Lalonde

  2. Enfin quelqu’un qui ose appeler un chat, un chat. Bravo. J’ai découvert votre
    site dans la revue virage. J’ai envoyé l’adresse de votre blogue à tous mes amis afin qu’ils participent.
    J’espère qu’il comprendront que un vieux, c’est un vieux et qu’il a beaucoup de choses à raconter en espérant d’être…écouté.
    Merci d’avoir pensé à ça. Quelle bonne idée.

    Mes salutations. Monique Tremblay

  3. Ping : BRAVO POUR CE BLOGUE | Les insolences d'un p'tit vieux

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