Le 3 octobre 2025
Ils sont nombreux les comédiens dont on ne comprend rien de leur texte. ILS MARMONNENT. ILS SUSURRENT. Ils n’articulent pas les mots de leurs personnages. On recule la cassette pour réécouter, mieux entendre et surtout pour mieux comprendre ce qui sort de leur bouche. INUTILE ! Ce phénomène touche surtout les jeunes comédiens, mais certains vieux ont aussi traîné cette lacune tout au long de leur carrière. Quoiqu’en général, les anciens prononcent mieux les propos de leurs personnages.
Dois-je interpréter ce constat du MARMONNAGE en ciblant une nouvelle approche des écoles de théâtre ? Pour faire plus naturel! Est-ce possible ? Je ne voudrais pas commencer la nomenclature de tous ceux et celles que je nomme les marmonneux.
Tout d’abord, je veux mettre en évidence LUDIVINE REDING. Elle s’est d’abord fait connaitre dans la série télévisée intitulée LA FUGUEUSE, puis elle a joué dans plusieurs autres séries, dont STAT. Je ne comprends pas que les réalisateurs continuent de faire appel à ses services alors qu’on ne saisit pas ses répliques et pas un traitre mot de ce qu’elle raconte. On dit « qu’elle marmonne entre les dents ». Ils sont nombreux dans cette catégorie.
Et je souligne aussi MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU. Je me souviens d’elle lorsqu’elle incarnait un personnage central dans la série DISTRICT 31. Je me plaignais déjà de son marmonnage. Puis, il n’y a pas longtemps, j’ai regardé sur l’antenne d’ICI TÉLÉ de Radio-Canada le film SIMPLE COMME SYLVAIN, dans lequel elle incarne l’un des deux personnages principaux. Les deux amoureux de ce film ont tellement susurré de mots inintelligibles que ce visionnement m’est apparu pénible et peu intéressant. Je ne comprends pas que ce film ait remporté le lauréat du César du MEILLEUR FILM ÉTRANGER au Festival de Cannes. Que la réalisatrice ait été ovationnée longuement, cela m’inquiète que tous ces spectateurs présents aient bien tout compris, à moins qu’il y ait eu des sous-titres. Est-ce possible que la cinéaste ait voulu cette situation ?
Suis-je un cas unique avec un problème d’ouïe ?
Voici l’extrait d’un texte du journaliste MARIO GIRARD paru dans la Presse le 22 septembre.
« Nous marmonnons, au Québec. Nous marmonnons dans la rue, à la maison, à la radio, à la télé et au cinéma. Les deux seuls secteurs qui sont exempts de ça, c’est la chanson (quoique parfois…) et le théâtre.
Tiens, puisqu’on parle de théâtre… Voulez-vous m’expliquer pourquoi les comédiens québécois, formés à l’École nationale de théâtre ou au Conservatoire d’art dramatique, arrivent à dire correctement les textes de Molière et de Racine ? Mais, une fois qu’ils sont parachutés dans une série télévisée, ils marmonnent et débitent leur texte, nous amenant à considérer sérieusement l’achat d’un appareil auditif ?
Il est grand temps que l’on comprenne que le problème, quand vient le temps d’exporter nos œuvres, n’est pas notre langue ou notre accent, mais notre diction. Le théâtre DE MICHEL TREMBLAY est compris à Paris parce que les comédiens articulent et savent dire les textes. Stéphane Rousseau et Michel Courtemanche se font comprendre parce qu’ils articulent. Rita Lafontaine, a été une interprète extraordinaire des œuvres de Michel Tremblay, mais elle avait une diction parfaite ».
Mario Girard aurait pu écrire qu’à la télévision française, une télésérie du Québec sur Crave écrite par FLORENCE LONPRÉ, soit Empathie, connait un grand succès d’écoute et récolte les éloges d’une grande partie de la critique française. Imaginez une émission du Québec avec l’accent du Québec, mais où les artistes articulent correctement leur texte. Elle n’a pas le besoin d’être doublée. À peine, quelques sous-titres apparaissent quand il y a des expressions trop québécoises.
Une semaine plus tard, Mario écrivit.
Ma chronique sur le marmonnage à la télévision québécoise m’a valu un déluge de courriels. J’ai rarement vu une telle unanimité. Tout comme moi, vous n’en pouvez plus des comédiens qui n’articulent pas.
Voici des extraits d’un texte de SOPHIE DUROCHER (Le Journal de Mtl)
Appelons ça le « VIRUS DE LA PATATE CHAUDE » ou la contagion de « LA BOUCHE MOLLE ». Y a-t-il un vaccin contre ça, docteur ?
NICOLE m’a écrit : je pensais avoir des problèmes d’audition. J’aime beaucoup certains téléromans et surtout ceux mettant en vedette de jeunes comédiens, mais je ne suis pas capable de comprendre ce qu’ils disent. Ils n’articulent pas, ils marmonnent, surtout quand ce sont des scènes émouvantes. »
MARTYNE, de son côté, affirme : « Je n’écoute plus tellement les téléromans québécois, car la plupart du temps, je ne comprends pas. On parle trop vite et on n’articule pas. Et c’est triste, car ici, on a plein de bons comédiens et de bonnes comédiennes bourrés de talent. »
Sophie ajoute : un couple d’amis qui s’était donné pour mission de voir le plus de films québécois en nomination au gala a abandonné certains films en plein milieu à cause de leur difficulté à comprendre les dialogues.
YVES DESGAGNÉS est un comédien et un professeur au Conservatoire.
Il est convaincu que le phénomène s’explique en grande partie parce qu’on engage de plus en plus de jeunes acteurs qui n’ont pas eu de formation. On favorise le jeu naturel, le talent brut qui n’a pas été travaillé.
Mais ce n’est pas en suivant quelques ateliers qu’on peut arriver à bien articuler, à bien placer l’accent tonique, à bien détacher les syllabes. « Ça prend une discipline athlétique. Feu Jean-Louis Millette faisait tous les jours des exercices de diction.
La célèbre madame Audet a appris l’art de la diction à Denise Bombardier, Dominique Michel, Monique Miller, Jean-Louis Roux, Gilles Pelletier, Béatrice Picard, et bien d’autres. Y a-t-il au Québec, aujourd’hui, une madame Audet pour tous ces acteurs qui baragouinent leurs répliques ?
On peut très bien parler le langage populaire québécois en ar.ti.cu.lant.
EN TERMINANT.
Les téléspectateurs se feront moins nombreux à la télévision traditionnelle si l’on ne réussit plus à comprendre les dialogues. Le marmottage et l’élocution trop rapide ne sont pas intrinsèques à la langue française et n’accompagnent pas l’accent québécois. N’y a-t-il pas une personne en autorité pour enseigner l’ARTICULATION à nos artistes comédiens et pourquoi pas aussi à nos chanteurs.