6 septembre 2025
Il y a deux semaines, il y avait à la télévision autour d’une table un panel de vieux qui palabrait sur la vieillesse. Parmi eux, LISA FRULA, une personnalité bien connue du monde de l’hôtellerie, affirmait avec éloquence que, malgré ses 76 ans, elle déteste être cataloguée comme « vieille » et refuse de se considérer comme une vieille personne. Elle expliquait son propos en témoignant son ambition de continuer à nourrir sa vie de projets. « Le jour où je n’aurai plus de projets je me considérerai comme vieille », disait-elle. Elle associait la vieillesse à un statut quo, à une continuité, dans ses activités, et non à l’évocation de son âge.
Tous les participants autour la table évoquaient mille et une raisons pour ne pas s’inscrire au palmarès des « vieux ».
À l’exception du comédien GASTON LEPAGE, encore actif, et surtout bien connu pour ses parties de pêche, de chasse et sa passion de piloter un petit avion, qui avouait être honoré de se qualifier de « vieux », un qualificatif « honorable » à ses yeux et une façon respectable de couronner une longue vie riche de réalisations glorieuses et de reconnaître un passé digne des bienveillances les plus prometteuses.
En les écoutant, que de réflexions ont germées dans mon cerveau. Est-il possible que je me situe au milieu de ces philosophies opposées ? Sont-elles si opposées ? En fait, l’expression du qualificatif « honorable » pour enrober le mot vieux, me semble attirante.
Je me souviens de cette longue vie qui fut la mienne où la performance était à l’honneur. Je me souviens de tous ces projets qui m’ont animé et ont occupé les jours de ma vie qui suivirent. Je me sentais vivre au milieu de ces réalisations du demain qui m’ont permis de grandir et nourrir l’estime de moi-même. Je commençais ces nouvelles journées en dressant un plan pour réaliser d’autres projets. Que de journées créatives en perspectives dont l’addition ajoutait un poids que mes épaules supportaient avec alégresse malgré tout. Pourtant, la fatigue me guettait à la fin de chaque journée.
Tous les psychologues, les coachs de vie, les mentors, les médecins, les philosophes ne cessaient de nous rappeler de vivre le présent et l’aujourd’hui. D’oublier la nostalgie du passé, de ses succès et les projets emballants du lendemain. Combien il était et est toujours difficile de suivre leurs enseignements élémentaires et moralisants.
VIVRE LE PRÉSENT, un slogan permanent.
Me voilà rendus à mes 84 ans. L’âge où l’on est vieux sans conteste. Bien sûr que je suis vieux. Le nombre d’années qu’il me reste à vivre se résume aussi facilement à une journée, peut-être deux, mais aussi à une année, peut-être cinq et même dix. La mort peut surgir à l’improviste à brève échéance ou très loin tardivement.
Pourquoi devrais-je vivre cette vieillesse en répétant ces habitudes qui ont meublé toute ma vie passée ? Pourquoi devrais-je continuer à échafauder des projets ? Surtout pas, car je vis enfin le moment présent, la journée d’aujourd’hui.
Demain, je vivrai la journée qui fleurira demain. Et ainsi de suite. Jour après jour. J’embraserai chacun des moments présents que m’offrira chaque journée. Voilà une belle façon de profiter de cette vieillesse. Vieux et vieillesse, ça commence toujours par le mot « VIE ».
Que d’heureux moments pour sustenter ma spiritualité. Que d’heureux moments à consacrer à ma conjointe, à ma famille, à mes amis. À mieux les connaître. À découvrir d’autres vieux qui partagent mes émotions. Est-ce cela la sagesse qu’on attribue aux vieux.
Quoique qu’il m’arrive d’en croiser des haïssables qui ont l’art de gâcher cette période, qui ont probablement déjà gâché la longue vie des années passées. La sagesse se tient loin d’eux et d’elles.
ENFIN LA VIEILLESSE ! Celle-là dont les minutes deviennent importantes car j’y découvre l’être que je suis tout en le peaufinant et l’astiquant comme un objet