11 novembre 2024.
On est de plus en plus informé par des commentateurs que j’appelle des « COMMENTAIRISTES ». Les patrons des médias les nomment les « chroniqueurs« . Ce sont eux qui commentent et débattent l’actualité avec emphase comme des professionnels de l’information alors que leurs connaissances sur les sujets qu’ils traitent sont souvent minimes.
Les vraies nouvelles sur l’actualité soit « LES FAITS » nous sont de moins en moins rapportées par les vrais journalistes chevronnés, dignes de cette fonction.
Les « commentairistes » pullulent dans tous les médias et débattent avec verve les nouvelles de la journée lors de longues émissions spéciales qui leur sont consacrées comme «Le Bilan », « La Joute », « les Mordus de la Politique », « Les Débatteurs », etc.
Parfois, les « commentairistes » commentent trois nouvelles différentes, et cela chaque jour. Comment font-ils pour être au fait de tant d’informations ? Ils décortiquent toutes les manchettes du jour. Ils les abordent au cours de longs débats souvent contradictoires. Leurs opinions personnelles colorent ces nouvelles à un point tel qu’ils les déforment, que ce soit verbalement à la télévision et à la radio, ou par écrit dans les journaux.
Il semble qu’ils soient écoutés et lus par un auditoire assez captivé et nombreux, du moins assez pour réussir à attiser les généreux patrons des médias qui les embauchent et leur accordent des périodes de grandes écoutes ou des emplacements propices à de grandes lectures.
Loin d’avoir une formation de journalistes orientée vers les « faits », ils prennent pourtant la place de ces derniers. Où dénichent-ils leurs abondantes informations qu’ils livrent à l’auditoire ?
Ils sont bien souvent d’ex-politiciens, d’ex-journalistes, des avocats ou d’ex-attachés de presse, en somme des individus qui ont développé un savoir bien ciblé acquis par leurs expériences professionnelles. Mais où ont-ils acquis leurs savoirs dans cette multitude de champs d’action. Ils écoutent certainement comme nous les bulletins de nouvelles rapportés par de vrais et de faux journalistes.
Nous sommes en droit de nous interroger sur leurs aptitudes à rapporter et commenter correctement l’information sur autant de sujets hors de leurs compétences et de leurs connaissances factuelles. Imaginez que dans la même émission de télévision, ils aborderont, sans préparation, trois ou quatre propos totalement disparates.
Bien sûr qu’un ex-politicien pourra aborder un ou des thèmes sur des stratégies politiques. Mais je doute de la pertinence de son point de vue sur des questions médicales. En plus, d’entamer avec justesse, tout de suite après, une conversation sur l’opportunité d’un projet concernant l’immigration.
Bien des médias font appel à des « commentairistes » aux expériences politiques opposées.
Côté politique, curieusement, ces mêmes médias évitent bien souvent d’inviter un représentant du parti au pouvoir. Au cours d’un débat, les « commentairistes» supportent allégrement les critiques des partis de l’opposition sur les décisions gouvernementales. Ces critiques deviendront vite des idées dénigrant exclusivement les actions gouvernementales, privant ainsi l’auditoire d’une information adéquate sur les orientations stratégiques du parti au pouvoir.
Quand on sait que le gouvernement prend des décisions mieux informées, mieux réfléchies, parce qu’il a accès à des études sur les sujets concernés et que des débats internes ont mûri ces décisions.
Je vous souligne deux artisans sur la quinzaine à l’œuvre.
Quand le Docteur Barrette, commentairiste, qui a été ministre de la Santé sous un gouvernement précédent s’exprime sur les sujets de la santé, il émet une opinion pertinente et appréciée. Mais quand il s’exprime sur des sujets touchant l’immigration, les gangs de rue ou le développement agricole, il devient un citoyen non informé qui doit s’exprimer à la sauvette comme une autorité qu’il n’est plus.
Bien sûr que Luc Lavoie a connu beaucoup de tribulations dans l’entourage de Brian Mulroney et dans la haute direction du Groupe TVA et de Vidéotron, tout en se souvenant que toute sa carrière a connu des débuts journalistiques. Malgré tout, cela ne lui confère pas une connaissance plénipotentiaire sur un si grand nombre de sujets. Son travail de terrain est loin derrière et les sujets qu’il osera aborder sont loin de sa compétence.
Ceci n’est qu’une observation du simple citoyen que je suis devant son écran de télévision. Et j’ose nommer ces deux personnalités dont je ne nie pas la capacité de prononcer une opinion étoffée sur des sujets précis.
Mais c’est là où le bât blesse. Dans les faits, je décris, par mes propos, les débats d’« opinions » dits réfléchis et contradictoires de plusieurs individus. Nous assistons à l’art de triturer la vraie nouvelle à ne plus savoir de quoi l’on parle.
L’information sur l’actualité que recueille le simple citoyen que je suis est biaisée par le débat du nombre disparate de commentaires et d’opinions bien pensantes.
On nous invite en premier à réfléchir sur une nouvelle dont on ne connaît pas les « a priori » et l’essence réelle.
Pourtant je ne suis qu’à la recherche de cette essence. Je me crois assez intelligent pour y réfléchir par moi-même et rechercher les opinions que nécessite ma compréhension proposée par l’actualité.
Voilà un long texte pour exprimer mon insatisfaction.